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La marine chinoise a dévoilé son nouveau railgun

Le nouveau canon électromagnétique de Beijing a de quoi impressionner, notamment parce qu'il est monté sur un navire de bonne taille.
L'un des clichés du mystérieux canon chinois qui circulent sur Internet depuis janvier. 

C’est une surprise pour les forces armées du monde entier : la semaine dernière, la Chine a installé ce qui ressemble à un prototype de canon électromagnétique sur l’un de ses navires de guerre. Dans un contexte de course à l’artillerie navale toujours plus lourde, l’US Navy a de quoi se faire du souci.

Au début de la semaine dernière, des photographies d’un canon monté sur le pont avant d’un bâtiment de débarquement chinois amarrée sur la rivière Bleue ont commencé à circuler sur Internet. L’arme, massive et d’un genre inconnu, apparaît dissimulée derrière une toile rose. Des observateurs l’ont rapidement identifiée comme appartenant à la famille des canons électromagnétiques, des armes sophistiquées qui utilisent des aimants plutôt que des explosifs pour lancer leurs projectiles.

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En théorie, un “railgun” pourrait propulser ses munitions à une vitesse sept fois supérieure à celle du son, et atteindre des cibles éloignées de 160 kilomètres. L’artillerie navale américaine actuelle a une portée d'environ 24 kilomètres. Les canons électromagnétiques pourraient détruire des navires, des troupes au sol, des avions et même des missiles en vol.

L’Office of Naval Research des États-Unis travaille sur les railguns depuis 2005. En 2012, la Navy a lancé des essais au sol pour deux protoypes. Le Congrès a décidé d’octroyer 2,5 milliards de dollars pour la recherche et le développement de canons électromagnétiques et d’autres armes navales sophistiquées en 2018. “Nous continuons à faire de grands progrès technologiques”, a déclaré en mai dernier le gestionnaire de programme de l’Office of Naval Research, Tom Boucher, dans la revue professionnelle Breaking Defense.

Le souci, c’est que la marine américaine doit encore installer l’un de ses canons sur un vaisseau. De précédentes discussions avaient évoqué l’installation de railguns sur les nouveaux destroyers furtifs de classe Zumwalt dès 2020. Pour le moment, ces engins manquent de munitions pour leurs canons conventionnels.

La marine chinoise travaille sur les canons électromagnétiques depuis plusieurs années. En montant l’un de ses prototypes sur un navire avant l’US Navy, la flotte chinoise s’est donné les moyens de conduire des essais réalistes et de déployer des railguns opérationnels avant son rival. L’avantage en terme de puissance de feu sera potentiellement décisif.

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Bien sûr, rien ne garantit que le canon-prototype fonctionnera comme prévu. Les railguns consomment énormément d’énergie. La Chine a peut-être choisi d’installer le sien sur un bâtiment de débarquement car ce genre de bateau dispose de soutes assez grandes pour entreposer les unités de refroidissement et les générateurs massifs dont ce genre d’arme dépend.

Ajouter un canon électromagnétique à un destroyer ou un autre genre de navire pourrait exiger d'effectuer des changements significatifs au niveau de sa structure et des systèmes d’alimentation en énergie. L’US Navy s’en inquiète depuis plusieurs années. “De quoi devons-nous nous séparer sur nos destroyers, nos croiseurs et nos autres navires pour leur fournir cette incroyable capacité ?demandait ainsi le vice-amiral William Hilarides en 2015.

Reste qu’installer un railgun sur un bateau est une bonne façon de se confronter au problème de l’énergie et de l’espace nécessaires. C’est une étape que la marine chinoise a franchie la première. Hilarides pense que plusieurs décennies de recherche sur les canons électromagnétiques nous séparent encore d’une arme réellement adaptée aux navires, mais la Chine dispose désormais d’une petite avance dans le domaine.

Il est bien possible que l’US Navy prenne un raccourci vers des canons navaux plus puissants. La flotte américaine travaille sur les railguns, mais aussi sur des munitions dites “hypervéloces”. Ces munitions d’artillerie soigneusement profilées peuvent être tirées à trois fois la vitesse du son par un canon conventionnel. C’est deux fois plus rapide que les munitions standard actuelles. Or, une vitesse supérieure permet une portée et une précision supérieures. Plus important, les munitions hypervéloces sont compatibles avec la plupart des canons déjà utilisés par l’armée américaine, notamment les milliers d’howitzers qui équipent les quelques 80 destroyers et croiseurs de l’US Navy.

Nous pensions que les railguns étaient l'avenir, mais il s’avère que les canons à poudre explosive dotés de munitions hypervéloces sont presque aussi puissants que les canons électromagnétiques, expliquait le secrétaire adjoint de la Défense américain, Robert Work, en 2016. Seulement, c’est quelque chose que nous pouvons avoir bien plus rapidement.

Pour le moment, le Pentagone travaille sur les munitions hypervéloces et les railguns simultanément. Si la flotte américaine décide de concentrer ses efforts sur les obus hypervéloces, elle pourrait bien dépasser sa rivale chinoise dans la grande course à la puissance de feu navale.