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Un rapport d’Oxfam confirme les allégations d’inconduite visant ses employés en Haïti

Prostitution, harcèlement et intimidation : l’organisme a rendu public le rapport d’une enquête menée il y a sept ans.
Crédit photo : Andy Rain/EPA

L’organisme d’aide humanitaire Oxfam a mené une mission en Haïti après le tremblement de terre de 2010, qui a fait plus de 200 000 morts et laissé 1,5 million de personnes dans la misère.

L’intention était noble. L’exécution, beaucoup moins. C’est ce que met en lumière le rapport interne d’une enquête menée en 2011, et finalement rendu public aujourd’hui.

On peut y lire qu’une quarantaine de témoins ont été rencontrés pour faire la lumière sur diverses allégations d’intimidation, d’inconduites sexuelles, de fraude et de harcèlement visant des employés d’Oxfam.

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L’enquête a mené au renvoi de quatre employés et à la démission de trois autres. Parmi eux, on retrouve le directeur d’Oxfam pour Haïti, Roland Van Hauwermeiren, qui a admis avoir eu recours aux services de prostituées dans sa résidence payée par l’organisme.

On reproche à six autres employés – dont les noms ont été caviardés dans le rapport – d’avoir aussi reçu chez eux des prostituées. Cinq d’entre eux sont aussi blâmés pour avoir commis des gestes d’intimidation et de harcèlement. Un témoin aurait été intimidé et physiquement menacé par trois des suspects de l’enquête.

D’autres faits sont reprochés, dont l’exploitation sexuelle et de mauvais traitements envers des employés, ainsi que l’utilisation du matériel d’Oxfam pour consulter des images et des vidéos pornographiques.

Le rapport fait aussi état d’allégations de fraude et de népotisme qui n’ont pas été prouvés. On précise également qu’il n’a pas pu être prouvé que certaines prostituées étaient mineures au moment des faits allégués, mais que cette possibilité « ne peut pas être exclue ».

Dans l’eau bouillante

La décision de rendre aujourd’hui public le rapport est décrite par Oxfam comme étant « motivée par notre souci de faire preuve de la plus grande transparence », peut-on lire dans un communiqué.

Or, il faut rappeler que tous les projecteurs sont braqués sur l’organisme depuis la parution d’un article du quotidien britannique The Times, le 9 février dernier, dans lequel on révélait les détails de cette enquête interne menée en secret par Oxfam. Seul un communiqué avait été émis à l’époque, en septembre 2011. On n’y précisait pas la nature des faits reprochés à six employés ayant quitté l’entreprise. Aucune mention à la prostitution n’avait été faite.

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D’après l’enquête du Times, aucune des allégations n’avait été communiquée à la police; Oxfam explique qu’il régnait un tel climat de chaos dans le pays que les autorités n’auraient vraisemblablement rien pu faire. L’organisme assure aujourd’hui avoir « informé les autorités nationales compétentes de l’identité des sept hommes ayant eu des comportements sexuels répréhensibles ».

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Une des sources du quotidien britannique dénonce d’ailleurs le rapport d’Oxfam, qu’il juge « faible et édulcoré ». Selon ce que rapporte le Times, des employés auraient fait des partys, ou plutôt, des « barbecues de viande fraîche », avec de nombreuses prostituées dans ce qu’ils appelaient leurs « appartements roses », ou leur « bordel ». On rapporte également que les employés auraient fait pression sur les chauffeurs pour qu’ils aillent chercher des filles.

Ces allégations ne sont pas détaillées dans le rapport interne d’Oxfam.

Selon le rapport annuel de 2015-2016, Oxfam a dépensé l’équivalent de 1,68 milliard de dollars canadiens dans plus de 2000 projets humanitaires. Environ 40 % de son financement provient de fonds institutionnels (ONU, Union européenne, ONG…), une proportion presque égale provient de fonds privés (dons, collectes de fonds, appels humanitaires…).

Justine de l'Église est sur Twitter.