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Des manifestants visitent Trudeau pour demander la décriminalisation des drogues

Ils avaient un présent à lui remettre.
Photo: William Gignac

Quatre manifestants ont cogné au bureau de circonscription de Justin Trudeau, à Montréal, pour lui remettre un cadeau très spécial à l’occasion de la journée internationale de mobilisation Support, don’t punish. Il s’agit d’un montage photo laminé qui le présente pleurant devant des tombes symbolisant les victimes de la prohibition des drogues, avec ce titre en tête d’image : « Épargnez vos larmes, agissez! »

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« Quand il réalise qu’il y a eu beaucoup de discrimination, beaucoup de morts, [Justin Trudeau] se met à pleurer », a martelé Ange, une des manifestantes qui se décrit également comme une utilisatrice de drogues par intraveineuse. Elle faisait référence aux larmes versées par Justin Trudeau lorsqu’il s’est excusé aux Premières Nations et aux personnes LGBTQ.

« On lui donne le cadre à l’avance, pour l’empêcher de pleurer dans plusieurs années. S’il prend des mesures maintenant, il n’aura pas à être triste plus tard », a-t-elle poursuivi, sourire en coin.

Ange lit une déclaration anti-prohibition aux manifestants réunis. Photo : William Gignac

L’image laminée était accompagnée d’une liste de revendications pour améliorer le sort des personnes utilisatrices de drogues. La principale demande en est une de toujours : la décriminalisation de toutes les drogues.

Une action semblable était prévue à Vancouver au bureau de la ministre de la Justice, Jody Wilson-Raybould.

La visite du bureau de circonscription de Trudeau s’est faite de façon pacifique. Les manifestants sont restés tout au plus cinq minutes dans l’embrasure de la porte du bureau, pour tenter de transmettre leurs revendications au premier ministre. Ils n’ont pas réussi à rencontrer Justin Trudeau, qui était de passage à Montréal pour la Saint-Jean; on leur a plutôt offert de prendre rendez-vous ultérieurement pour discuter de leurs revendications.

Les policiers ont par la suite bloqué l'accès au bureau de Justin Trudeau. Photo : William Gignac

Manifestation en cours

Cette visite avait lieu en même temps qu’une manifestation qui a réuni une quarantaine de personnes ayant répondu à l’appel de l’Association de défense des droits et pour l’inclusion des consommateurs-trices du Québec (ADDICQ).

Le cortège s’est mis en branle au métro Jarry et est allé rejoindre les quatre autres manifestants au bureau circonscription de Trudeau. La courte marche d’une vingtaine de minutes s’est déroulée dans le calme ponctué de slogans anti-prohibition.

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Le cortège en action. Photo : William Gignac

La manifestation était encadrée par six voitures de police. À deux reprises, une policière a demandé aux manifestants de regagner le trottoir, sans succès. Au second essai, l’agente, victime d’un léger lapsus, leur a plutôt demandé de « prendre la rue… euh le trottoir », ce qui a provoqué les rires et les cris des manifestants, qui ont repris de plus belle leur « À QUI LA RUE? À NOUS LA RUE! »

Pour la décriminalisation des drogues

La liste des revendications était étoffée, mais, en somme, elle se résume à mettre un frein à la prohibition des drogues.

« C’est ça, le plus urgent. Tout le reste, c’est caduc, s’il n’y a pas ça. Le testing de drogue, ça ne sert à rien, si tu n’as pas de contrôle sur l’approvisionnement. Les [sites d’injection supervisée], c’est bien beau de donner un espace sans prohibition qui fait dix mètres carrés, mais, le problème, c’est le reste de tout l’environnement qu’il y a autour. Les pratiques policières sont problématiques. C’est répondre aux enjeux systémiques », dénonce Jean-François Mary, membre de l’ADDICQ.

Jean-François Mary parmi les manifestants. Photo : William Gignac

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Il déplore que Justin Trudeau ait complètement fermé la porte à la décriminalisation des drogues en avril dernier, alors que les militants libéraux s’étaient positionnés en faveur de cette politique.

Les surdoses au Québec

Si la crise des surdoses n’est pas aussi grave ici qu’en Colombie-Britannique, elle n'est tout de même pas négligeable. D’après les données préliminaires de l’Institut national de santé publique, il y aurait eu 263 surdoses mortelles d’opioïdes ou autres drogues au Québec entre le 1er juillet et le 31 mars dernier.

Justine de l'Église est sur Twitter .