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Sports

Frédéric Thiriez ne se représentera pas à la présidence de la LFP

Tant mieux ?

Ce mardi, le président de la Ligue de football professionnel (LFP), Frédéric Thiriez, a annoncé qu'il ne briguerait pas de nouveau mandat lors de l'élection qui aura lieu à la fin de l'année dans un entretien à L'Equipe. Tiriez est en poste depuis 2002, soit quatorze ans à la tête de l'instance qui gère le football pro français.

« Quatorze ans, ça suffit. Ça suffit pour la Ligue, sans doute, et aussi pour moi, explique-t-il dans cette interview. Cela fait quatorze ans que je suis président bénévole, ce qui représente beaucoup de sacrifices sur le plan professionnel et personnel. Le bénévolat, ça me coûte cher ! J'ai d'autres choses dans ma vie. J'ai envie de me consacrer davantage à mon activité d'avocat et mes autres passions, la musique, le théâtre, l'écriture, la montagne… »

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« Quant à la Ligue, il lui faut un renouvellement des générations, comme à la FIFA, comme à l'UEFA ou à la Fédération française. Place aux jeunes. » Une déclaration plutôt salutaire dans l'environnement institutionnel du football français, peuplé de vieux schnocks dont on se demande s'ils comprennent vraiment les enjeux du football actuel.

Finalement, cette annonce n'est pas étonnante : malgré une réélection au score soviétique en 2012 (84 voix pour, zéro contre et un blanc), la plus belle moustache du football français depuis que Guy Lacombe a disparu des radars ne fait plus l'unanimité chez les présidents de clubs depuis quelques temps déjà. Les présidents de gros clubs français, al-Khelaifi, Labrune et surtout Aulas en tête, en ont un peu marre de leur marionnette qui a perdu une bonne partie de sa crédibilité au fur et à mesure des années. L'été dernier était la preuve de l'allégeance de Thiriez à cette petite mafia qui rêve d'une Premier League à la française voire d'une ligue fermée type NBA : la réforme du passage de trois à deux relégations et promotions entre la Ligue 1 et la Ligue 2. Une tentative de passage en force de la LFP sur la FFF et de révolution du modèle traditionnel du sport français au détriment des petits clubs pros et notamment de la Ligue 2. Ce coup de pression n'est toujours pas terminé mais a déjà pris du plomb dans l'aile avec le rejet du recours de la Ligue par le Conseil d'Etat pour la saison 2015-2016 le mois dernier.

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C'est peut-être la seule chose qu'on retiendra du mandat de Frédéric Thiriez finalement : l'entrée du foot français dans l'ère du foot business avec l'explosion des droits télés entre le début des années 2000 et aujourd'hui. De 275 millions d'euros en 2000 à 800 millions d'euros en 2019-2020, l'évolution est vertigineuse. Mais pas autant que les droits TV de la Premier League qui ont dépassé le milliard.

Parce qu'à côté des voisins anglo-saxons, le foot français a bien du retard. Le programme de développement Foot pro 2012 présenté par Thiriez en 2007 est loin d'avoir été réalisé. Le président de la LFP tablait ainsi sur une victoire en Ligue des champions, il n'y a plus eu de club français en finale depuis 2004 et Monaco. Une troisième place à l'indice UEFA ? La France vient tout juste de repasser 5e, devant le Portugal, alors qu'elle était 4e lors de l'annonce de ce "plan Thiriez". Des budgets des clubs à l'équilibre hors transferts ? Au total, avec la L1 et la L2, le résultat net cumulé est déficitaire de 67 millions d'euros nous apprend L'Equipe. C'est le septième exercice déficitaire de suite. Deux tiers de joueurs de L1 en équipe de France ? Ils étaient sept sur 23 lors du dernier rassemblement. Tout juste peut-il s'enorgueillir de l'obtention de l'Euro 2016 par la France, qui était plutôt du ressort de la Fédération.

Et après ? Peut-être que ce sera pire. On imagine mal les présidents de clubs français vouloir se départir de cette idée de créer un championnat attractif pour les investisseurs et donc de leur objectif de sécuriser les places des plus gros clubs français parmi l'élite en limitant le nombre de descentes et en s'assurant la plus grosse part des droits TV.

Pour la succession de Frédéric Thiriez à la présidence de la LFP, L'Equipe avance donc plusieurs noms. Didier Quillot tout d'abord, ancien patron d'Orange. Mais celui-ci serait plutôt intéressé par le poste - salarié - de directeur général de la Ligue. Jean-Michel Roussier ensuite, ancien président de l'OM de 1995 à 1999 et membre du conseil d'administration de la LFP. Mais selon L'Equipe, son profil ferait débat à cause de sa condamnation dans l'affaire des comptes de l'OM (18 mois d'emprisonnement avec sursis et 100 000 euros d'amende pour "abus de biens sociaux") et de son positionnement douteux dans le conflit entre les présidents des clubs de L1 et de L2.

Le quotidien sportif croit savoir enfin que Michel Denisot pourrait notamment être intéressé par le poste. Lui qui vient d'intégrer le conseil d'administration de la LFP comme représentant de la Fédération française, un poste bien stratégique en ces temps de crise, a un profil on ne peut plus adéquat : la connaissance des droits télé, l'expérience comme président d'un gros club, le PSG et d'un petit club, Châteauroux, et surtout une bonne image et des qualités de communicant, des compétences indispensables pour incarner le foot pro français. Seulement, l'ancien présentateur du Grand Journal serait plutôt intéressé par le poste de président de la FFF que Noël Le Graët pourrait lâcher dans un an. Il lui reste encore quelques mois pour se décider.