[Première] "U and I" le dernier clip de Sarh réalisé par Paul Trillo

On est assez content de vous présenter le nouveau clip de Sarh en exclusivité. Tout d’abord parce que le projet commun de Dj Pone et Jose Reis Fontao est une inattendue rencontre entre le doigté incomparable du maitre des platines et la voix intense du chanteur de Stuck in the sound qui prend ici une toute autre route. Une balade à ranger pas loin d’un Massive Attack 2014. Planante et technique.

Planant et technique, c’est aussi le clip qui accompagne ce nouveau single U and I. Réalisé par un Paul Trillo qui vient – une nouvelle fois – nous montrer l’étendue de son talent dans un savant mélange de chorégraphie, de doubles expositions et de multiples expérimentations. Une plongée dans un univers au croisement de la danse et des technologies d’hier et d’aujourd’hui.

Comme nous avions déjà parlé de lui sur The Creators Project, on s’est dit que la sortie de U and I était l’occasion d’en savoir un peu plus.

Vous pouvez retrouvez le making-of du clip en bas de cette page ainsi que des images du tournage et les storyboards du clip au fil de l'interview. Sarh sera bientôt en tournée et passera par la Gaîté Lyrique le 7 novembre prochain.

The Creators Project : Salut Paul, qui es-tu ?

Paul Trillo : Je suis un réalisateur basé à Brooklyn – comme un paquet d’autres réalisateurs d’ailleurs. Je fais partie d’un collectif qui s’appelle sobrement Brooklyn Filmmakers Collective. Je m’intéresse à plein de choses. Des sciences à la comédie. De l’art à la technologie. Tout ce qui peut alimenter mon travail. Avant d’en arriver là, j’ai étudié les films expérimentaux au California College of Arts et passé quelques années comme motion graphiste avant de me concentrer sur mes projets de réalisation. J’ai fait énormément de projet de pubs et de clips. J’adore faire des clips parce que c’est la meilleure façon d'essayer des choses.

Tu peux m’expliquer un peu comment tu bosses ?

Tout commence toujours par une image. Je suis sur mon lit et j’ai une idée, à partir de là, j’essaie d’en faire un concept. Je ne quitte pas le lit sans un concept. Lorsqu’on a un concept costaux, c’est tout le projet qui devient moins poreux. J’ai une liste de prérequis logiques qui sont censés permettre, s’ils sont remplis, permet au public d’avoir accès et d’apprécier mes travaux. Lorsque qu’une idée est entièrement visuelle, il est important que je fasse le storyboard moi-même. C’est ma façon d’écrire une histoire.

J’aime aussi m’entourer de personnes incroyablement douées, comme j'ai récemment j’ai pu le faire avec le producteur Brian Streem de Afog Production. On partage une même volonté de montrer l’humanité aux travers des sciences et des technologies.

Dans ce clip tu as aussi bossé avec une chorégraphe. Comment ça s’est passé ?

J’ai eu la chance de rencontrer la chorégraphe Ani Taj du Dance Cartel. Nous avions déjà travaillé ensemble pour une pub. Elle a de superbes idées et donne quelque chose d’unique à ce clip. Un mélange de technique et de grâce. J’ai gardé les rythmes principaux du morceau et Ani les a traduits de façon surprenante, bien mieux que tout ce que j’avais pu imaginer. C’est ce qu’il y a de mieux avec la réalisation, lorsque quelqu’un arrive avec quelque chose d’incroyable. Les deux danseurs, Uthman Ebrahim et Danika Manso Brown apportent une flexibilité et une souplesse qui s’accordent parfaitement au morceau.

J’ai adoré les expériences DIY que l’on voit dans le making-of. Tu peux nous en dire plus sur ce coté de ton boulot ?

Les effets spéciaux sont une partie importante de mes boulots, mais pas la plus décisive. C’est en effet plus des experimentations. Parfois ce sont des essais en post-production, parfois c’est directement avec la camera. Pour ce clip c’est un peu des deux. C’était important pour moi d’essayer quelque chose de neuf sur ce projet.

C’est quoi l’histoire du clip ? Et d’où ça t’est venu ? 

Lorsque j’ai entendu le morceau U and I pour la premiere fois, ça m’a vraiment inspiré. C’était puissant. Je voulais rendre l’énergie du morceau dans le clip. Ce U and I, c’est une histoire de symétrie. C’est cet homme un peu fragile qui vient s’appuyer sur une femme forte. Ils se résistent mais finissent par devenir un. Mais comme dans toutes les histoires l’un des deux est laissé seul à la fin. C’est un mélange entre le big bang et Adam et Eve.

Je me suis inspiré des visuels du début de Tree of Life imaginé par Douglass Trumbull en utilisant la technique du Cloud Tank qui permet de former des volutes de peinture dans l’eau d’un aquarium. J’ai aussi regardé beaucoup de photographies stroboscopiques, comme celle que publiait Life Magazine dans les années 40. Il y a quelque chose d’hypnotisant dans ces photos.

Quoi de prévu pour la suite ?

Je travaille sur un court-métrage. C’est une comédie sur les gens qui essayent d’être ce qu’ils ne sont pas. C’est, pour le moment, tout ce que je peux dire.

Images par Paul Trillo.