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Les nouilles instantanées auraient le pouvoir de « transformer les bébés en homosexuels »

C’est la phase complètement absurde lancée par Arief R. Wismansyah, un politicien indonésien, lors d’un séminaire sur la grossesse. Une manière bien particulière de s’approprier le « dis-moi ce que tu manges : je te dirais ce que tu es ».

Quand Jean Anthelme Brillat-Savarin, père de la gastronomie et avocat de métier, lançait son célèbre « dis-moi ce que tu manges : je te dirai ce que tu es », il ne se doutait probablement pas qu'un politicien indonésien utiliserait son aphorisme, 191 ans après sa mort, pour déclarer que manger des nouilles instantanées « rend » gay.

C'est Arief R. Wismansyah, maire de la ville de Tangerang (à l'ouest de Jakarta), qui a lâché cette petite bombe lors d'un séminaire organisé par le gouvernement sur le thème de la grossesse, affirmant sans broncher que la nouille-minute et le lait en poudre « transformaient les bébés en homosexuels ».

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Le journal indonésien Okezone rapporte d'autres propos de Wismansyah : « Pour créer de petits Indonésiens sains, intelligents et motivés, le plus important est de leur fournir, dès le départ, une alimentation adaptée qui commence par l'allaitement. » Selon lui, les parents actuels sont de plus en plus occupés et utilisent davantage de denrées préemballées pour s'alimenter (comme des nouilles instantanées ou du lait en boîte). Une alimentation qui, selon le raisonnement du maire, aurait tendance à définir l'orientation sexuelle des Indonésiens. Pas à un syllogisme près, il ajoute : « Ce n'est pas étonnant si la communauté LGBT ne cesse de s'agrandir. »

Wismansyah ne s'est pas arrêté à ces remarques homophobes. Après avoir mis son nez dans les assiettes, il a pointé du doigt Internet et les réseaux sociaux, les accusant d'être du côté du mouvement LGBT. Il a ensuite appelé les parents à fliquer leurs enfants sur le web.

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Mais Wismansyah n'est pas le seul politicien Indonésien ouvertement homophobe. Ryamizard Ryacudu, Ministre de la Défense, a part exemple déclaré : « [Le mouvement LGBT] est dangereux : impossible d'identifier notre ennemi et tout d'un coup c'est le grand lavage de cerveaux. Maintenant, cette communauté veut plus de libertés. C'est une vraie menace. »

De même, Muhammad Nasir, Ministre de l'Education Supérieure et de la Recherche, aurait dit : « Les associations LGBT ne peuvent pas être autorisées à développer leurs activités ou à se réunir [dans les universités d'Indonésie]. »

Le hashtag #TolakLGBT a beaucoup circulé sur les réseaux sociaux – tolak signifiant « rejet ». Selon l'association Arus Pelangi (« les Couleurs de l'Arc-en-Ciel »), la communauté LGBT d'Indonésie se sent menacée. Une étude commandée par l'association révèle en effet que près de 90 % des personnes LGBT vivant en Indonésie ont déjà été « victimes d'agressions psychologiques, physiques, sexuelles, économiques ou culturelles ». Parallèlement, une étude du Pew Research Center montre que 93 % des Indonésiens pensent que l'homosexualité doit être condamnée.

Et malheureusement, Wismansyah n'est pas le premier à cuisiner le « vous êtes ce que vous mangez » à la sauce homophobe. En 2014, Dick Swaab, un neurologue hollandais, a publié un livre dans lequel il affirme que fumer ou se droguer pendant la grossesse peut causer l'homosexualité du bambin. Un an plus tôt, un rabbin ultra-orthodoxe aurait renvoyé des étudiants sous prétexte qu'ils mangeaient des aliments à base de soja. Selon lui, une quantité infime de soja serait suffisante pour les pousser à rechercher des partenaires du même sexe.

L'homophobie, c'est mal. Mais quand on y mêle des préjugés sur la bouffe, c'est encore pire.