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VICE Guide to Work

Plaquer son job : les avantages scientifiques et personnels

Adieu stress et palpitations. Du moins tant que vous ne jetez pas un œil du côté de votre compte bancaire.
démissionner illustration

De comment survivre dans un espace de co-working au business model d'une travailleuse du sexe, tout ce que vous devez savoir pour vous en sortir dans la vie active est dans le VICE Guide to work.

Buck Flogging aimerait vous voir démissionner.

Pour une modique somme, il est même prêt à vous aider à claquer la porte. Flogging vous montre comment économiser quelques mois à bon escient et vous cherche une source de revenu secondaire, jusqu'à ce que vous puissiez sauter le pas. Imaginez… débouler dans le bureau de votre boss, lui annoncer que vous déguerpissez en lui envoyant un dossier à la figure et quitter votre bureau pour ne jamais plus y revenir.

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D'accord, ce n’est peut-être pas le scénario le plus réaliste, mais Flogging ne plaisante pas quand il annonce que la plupart des gens n’auraient que des avantages à quitter leur taf. L'américain de 39 ans a passé une grande partie de sa carrière à écrire des livres tels que Quit Your Job in Six Months, et à coacher ceux qui veulent passer du job subi au job choisi. Quand je lui ai parlé au téléphone, il m'a dit qu'il considérait que c’était sa mission « d'aider les gens qui ne peuvent plus piffer leur travail en trouvant une autre façon de vivre leur vie. »

Flogging est peut-être un évangéliste solitaire au chômage, mais son audience est étonnamment importante. Selon un sondage mondial mené par l’expert-comptable Deloitte l'an dernier, 44 % des jeunes de la génération Y souhaiteraient démissionner d'ici deux ans s'ils en avaient l'occasion. Mais auraient-ils vraiment une vie plus saine et plus heureuse que les loosers qui vont au travail tous les jours ?

Admettons d’abord qu'il y a aussi beaucoup de bonnes raisons d'avoir un emploi : vous vous sentez utile, ça vous permet de payer vos factures et, dans une certaine mesure, il va définir qui vous êtes. Aristote savait déjà que l'homme n'est pas fait pour se tourner les pouces, mais qu’il doit œuvrer vers un objectif clairement défini : nous avons besoin d'une tâche à accomplir. C'est pourquoi même les plus riches comme Bill Gates se rendent régulièrement au travail, au lieu de siroter des martinis au bord d'une piscine toute la journée.

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Mais cette vision aristotélicienne est une image terriblement romantique de ce que signifie avoir un emploi. On ne se réveille pas un mardi matin en se disant : « Tiens, cet après-midi je vais m’accomplir pleinement et me sentir super bien grâce à ce conf-call. » Bosser est, au mieux, une source d'ennui ; au pire, une source de désespoir profond.

« Le travail est une importante source de stress pour la majorité des gens », explique Heidi Hanna, directrice de l'American Institute of Stress. « C'est souvent un stress chronique, constant et donc toxique. » Une étude américaine, menée par la société de recherche et de conseil Gallup, a montré que 70% des travailleurs éprouvent un tel sentiment d’épuisement qu’ils seraient prêts à quitter une fois pour toutes cet emploi qui les pompe.

Les employés de cette catégorie étaient également plus susceptibles de ressentir des douleurs physiques liées à un accident de travail, et montraient aussi des symptômes physiques importants : taux de cortisol plus élevé, tension artérielle plus élevée, et une forte propension à la dépression. En d'autres termes : le stress au travail conduit beaucoup de personnes au bord du gouffre. « Nous savons que 75 à 90 % de l’ensemble des rendez-vous pris chez un médecin sont liées au stress. L’ensemble de l’organisme est impacté : inflammation, rythme cardiaque, sommeil réduit et métabolisme changeant », explique Hanna. « Le stress dévie le bon fonctionnement de notre corps. » Plaquer son job apporte alors un soulagement immédiat (mais temporaire). Quelqu'un qui a récemment quitté son travail m'a dit qu'il se sentait coupable au début, mais que « rien ne valait le sentiment de sortir de son bureau en sachant que l’on n'aurait plus à y revenir ». Il y a donc de bonnes raisons de croire qu’abandonner un emploi qui vous épuise mentalement peut avoir un effet positif à long terme – il suffit de regarder Rogue One: A Star Wars Story, réalisé par Gareth Edwards. Ce dernier a mis dix ans à trouver le courage de quitter son job pour faire enfin son premier film.

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Tout lâcher signifie donc laisser le stress lié au travail derrière vous, mais aussi faire le deuil de votre salaire et de la commodité de ne pas avoir à vous soucier de comment occuper vos journées. Ceci va occasionner un autre type de stress – par exemple, comment payer ce foutu loyer ce mois-ci.

C’est ce que Tess Vigeland a découvert lorsqu'elle a interviewé quatre-vingt « démissionneurs » pour son livre Leap: Leaving a Job With No Plan B to Find the Career and Life You Really Want. « Au début, ils étaient tous soulagés de ne plus se sentir coincés au travail. Ils éprouvaient un soulagement palpable, comme si le fardeau sur leurs épaules était tombé », a-t-elle dit dans une interview au Huffington Post. « Mais cette euphorie perdure jusqu'à ce qu'ils regardent leur compte bancaire et pensent : « Je ne sais pas quand mon prochain salaire arrivera. »

Le chômage peut être honteux et dévalorisant. Il est associé à un risque accru de dépression et de troubles anxieux, de maladies cardiovasculaires et d'hypertension. Avoir un job, ça craint parfois ; mais ne pas en avoir un est sans doute pire.

Flogging lui, estime pourtant que les risques ne sont pas si grands, tant que vous démissionnez selon vos propres conditions et que vous vous mettiez activement à la recherche de quelque chose de mieux. Il précise que si vous avez déjà un autre taf en tête ou prévoyez quelque chose de plus satisfaisant, vous en bénéficierez. « Peu importe le fait que vous gagnez plus ou moins désormais [après votre démission] ou que vous bossiez plus ou moins d’heures, tant que vous prenez davantage de plaisir dans ce que vous faites » explique Flogging. « Si vous commencez immédiatement à faire ce que vous aimez après votre démission, vous aurez déjà résolu l'un des plus gros problèmes de votre vie. »

Toutefois, tout le monde n'est pas d'accord avec Flogging. James Krause a quitté son emploi confortable à l'Université de Californie pour poursuivre son rêve : une boutique d’aquariums. Il savait que c'était une idée folle, mais il avait 29 ans et en avait assez de faire de l'argent pour un autre. Pour lui, c'était le moment ou jamais de parier sur l’avenir. « Après avoir démissionné, j'étais très inquiet », confie-t-il. « Je venais de faire un pas en avant, soit vers un gouffre, soit vers la réalisation de mon rêve. » Il est vite devenu évident que ce n’est pas uniquement la belle vie d’être son propre patron. « Je savais que ce serait dur, mais j’ai découvert des difficultés auxquelles je ne m’attendais pas du tout », dit Krause. « Je n'ai jamais pris un jour de congé maladie avant ; maintenant, je suis au lit, malade, trois ou quatre fois par an. Mes cheveux sont devenus gris à cause du stress. C'est lourd. Quitter son job pour démarrer sa propre entreprise n’est pas forcément moins stressant. »

Hanna souligne également que la démission n'est pas la panacée. « La pire chose qui puisse arriver, c'est qu'on soit victime d'une attaque de colère, qu’on renverse une table, qu’on quitte la pièce en trombe et qu'on se retrouve exactement dans la même situation, parce qu'on ne sait pas exactement quel était le problème », dit-elle. « Il se peut que vous ayez l'impression que tout vaudrait mieux que votre situation actuelle, mais soyez prudents et sachez faire un juste point sur votre situation. »

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