Le fait que le photographe Hal se fasse appeler « Photographer Hal » devrait vous en dire assez sur cet artiste basé à Tokyo. Ses photos sont tout aussi décalées que son pseudonyme. Elles capturent des gosses peinturlurés à l’excès dans des tenues loufoques sous des perruques néons. Ce ne sont pas de simples portraits de cool kids à l’entrée des clubs ; il arrive à placer ses sujets dans des situations absurdes, presque comiques.
Dans Flesh Love Returns, il a recouvert des couples de film plastique. Selon l’artiste, la proximité physique suffocante des partenaires dégage une forme d’intimité si puissante et si précieuse qu’elle se doit d’être protégée du monde. Et dans la série Couple Jam, de laquelle sont tirées les images ci-dessous, il se sert de la salle de bain pour illustrer l’étrangeté jubilatoire de la jeunesse de Tokyo.
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Les couples sont photographiés racrapotés dans des baignoires, bras et jambes tordus, étirés comme des contorsionnistes. On a l’impression de voir des ados branchés à la sortie des clubs : eye-liner dégoulinant, perruques de travers et corps affaissés. C’est une vision profondément authentique de Tokyo, qui prouve bien que Hal a passé toute sa vie dans la merveilleuse capitale du Japon.
« Je pense à la salle de bain comme étant l’un des endroits les plus privé et intime d’une maison », m’explique Hal dans son mail. « Le fait qu’on shoote dans de vraies salles de bains a provoqué une certaine forme de timidité chez les modèles, et créé une excitation particulière. » Pour Hal, il s’agit ici de documenter de vrais moments d’amour. « La baignoire est un endroit idéal pour encapsuler cette réalité vivante qu’est l’amour entre deux personnes. »
Hal a commencé à s’intéresser à la photographie lors de son voyage à travers le Moyen-Orient et l’Inde, après avoir obtenu son diplôme: « L’appareil photo est devenue la clé pour surmonter ma timidité … Je pouvais enfin, d’une certaine manière, communiquer avec les gens que je rencontrais. »
Depuis lors, le photographe a travaillé dur pour surmonter les contraintes financières liées à sa profession. Il a dû bosser pour une boite de production publicitaire afin d’élargir ses compétences photographiques et occupe actuellement une multitude d’emplois commerciaux pour financer ses ambitions créatives : « Ce n’est pas facile de vivre en tant que photographe » admet-il.
Le mélange entre cette rigueur mécanique acquise en entreprise et sa créativité exubérante lui permet de capturer à merveille le changement magique qui se produit lorsque le soleil se couche à Tokyo. « Beaucoup de Japonais travaillent en entreprise », dit-il. « En semaine, les gens cachent, voire essayent de supprimer leur personnalité sous un costume-cravate. Le week-end en club, ils se lâchent et s’autorisent une mode tellement extrême qu’elle en deviendrait presque agressive. »
L’obsession artistique de Hal pour les couples permet de s’assurer que l’amour reste bien vivant dans la culture japonaise. Il a même répondu à cette interrogation personnellement, puisqu’il vient de se marier. Il possède maintenant sa propre baignoire, dans laquelle il prend régulièrement des bains avec sa femme, tout comme le simulent ses modèles. Dans le monde de Photographer Hal, l’amour est une baignoire et les baignoires ne sont qu’amour.
Cet article a été initialement publié sur i-D US
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