Au cœur des ténèbres

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Au cœur des ténèbres

Dans la jungle avec les milices armées de la République démocratique du Congo.

Sur les collines qui surplombent Lulingu, un village de la province du Sud-Kivu, des combattants Raïa Mutomboki organisent des exercices. Cette faction s'est attirée le soutien de nombreux citoyens ordinaires, ce qui en fait une exception chez les groupes armés de la République démocratique du Congo.

Les Raïa Mutomboki (RM), un réseau de citoyens armés, constituent l'un des plus grands groupes rebelles de la République démocratique du Congo (RDC). Le nom du groupe signifie « citoyens énervés » en kiswahili, et représente parfaitement les motifs de sa création : une indignation générale face aux massacres, aux viols et aux nombreuses atrocités subies par les Congolais à cause des Interahamwe, la milice Hutu responsable d'une grande partie des génocides contre les Tutsi lors de la guerre civile du Rwanda.

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Depuis leur fuite du Rwanda il y a plus de 20 ans, les Interahamwe habitent dans les jungles de l'est du Congo. Sans espoir de rentrer chez eux, les Interahamwe essaient depuis de se faire une place au Congo, en attaquant des villages et en se battant pour obtenir le contrôle de mines et d'autres zones riches en minéraux. Quand l'État Congolais s'est ouvertement montré incapable de protéger ses citoyens, des groupes de villageois congolais ont décidé de reprendre le contrôle de la situation – ils se sont rassemblés, armés et ont formé les RM et ont mené leurs premières opérations en 2005. Après être restés inactifs pendant des années, ils sont finalement réapparus en 2011.

Les RM compte plusieurs factions, dont chacune est dirigée par une personne distincte. Des conflits ont explosé entre certaines de ces factions, lesquelles ont été accusées de commettre précisément les mêmes atrocités que celles qu'elles étaient censées combattre. D'autres factions sont plus inoffensives. Entre décembre 2013 et janvier 2014, la photographe Diana Zeyneb Alhindawi s'est rendue dans la province du Sud-Kivu en République démocratique du Congo pour suivre les membres de la faction Kikuni – qui s'est depuis dissoute.

Une cérémonie traditionnelle se déroule devant la maison du roi de Lulingu, Asani Keka Mbezi. Ce dernier fait partie du peuple Lega, dont la situation isolée a permis à leurs traditions de survivre à l'occupation belge.

Mari, 18 ans, a rejoint les RM à l'âge de 16 ans. Elle et son mari sont tous les deux soldats et ont un jeune fils.

Des habitations construites à l'époque de la colonisation belge sont aujourd'hui en ruines.

Des soldats RM portant des feuilles en guise de camouflage reviennent d'une patrouille dans les zones qui bordent le village de Lulingu.

Un enfant assis dans une ancienne prison de l'Armée congolaise, aujourd'hui reconvertie en école primaire.

Des villageois pleurent à l'enterrement d'un enfant de 7 ans, Damas, qui a été assassiné.

Henriette Useni Kabake, l'administratrice gouvernementale de Lulingu, organise une rencontre entre plusieurs dirigeants des Raia Mutomboko.

Le major Bamwizio Kilumbalumba Wamenya tient son bébé dans ses bras.

Des migrants de la tribu Bashi font office de main d'œuvre dans les mines des territoires appartenant aux RM. Les membres de la tribu Lega, qui constituent les RM, sont en mesure de les superviser grâce à leur connaissance unique de l'industrie minière.

Des graffitis ornent les murs de la maison d'Henriette Useni Kabake. Ils rappellent l'époque où des soldats des Forces armées de la République démocratique du Congo ont occupé sa maison de force pendant un an, après avoir fait partir ses enfants.

Des habitations construites à l'époque de la colonisation belge sont aujourd'hui en ruines.

La veuve Madelaine Kapinga se tient devant sa maison de fortune dans le village de Lulingu, qui est habité par de nombreuses personnes ayant fui le conflit. Elle est malheureusement loin d'être la seule à avoir perdu sa famille à cause des massacres commis par les Interahamwe et leurs combats contre les Forces armées de la RDC.

Le major Bamwizio Kilumbalumba Wamenya commence sa journée en méditant et en pratiquant un rituel purifiant devant sa maison.