Le cuistax, les dunes, les moules frites et les trains bondés de gens tout rouges en fin de journée ; c’est ça la beauté de la côte belge. Bert (28 ans) est un photographe originaire de Bruges qui se plaît à capturer des moments de vie dans la rue. Après s’être amusé en mettant en scène les touristes à Gand et Bruxelles, il s’est maintenant installé à Ostende, où il a pris le temps de s’imprégner de l’ambiance de la ville, appareil à la main.
VICE : Salut Bert. Quelle est ta relation avec la côte belge ?
Bert : Je vis à Ostende depuis un an et demi, j’y ai déménagé pour vivre avec ma copine. Elle a toujours vécu à la côte. Pour moi, cette ville est ma maison et je n’habite pas loin du tout de la plage. Du coup, j’y vais souvent. Enfant, j’y allais moins souvent, seulement de temps en temps en voyage d’été.
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C’est pour ça que tu as choisi Ostende pour cette série ?
Oui, et aussi parce que la ville a une apparence iconique, avec des lieux et des gens excentriques. Les gens ici portent des vêtements et adoptent des comportement bien particuliers. En plus des bâtiments et des sculptures, ils aident à déterminer le visage de la ville.
Le cliché du mec en polo rose, c’est plutôt Knokke, non ? Qu’est-ce qui t’a marqué quand tu as emménagé à Oostende ?
Oui. Ostende est très différente de Knokke. Les gens sont beaucoup plus simples, moins dans le bling bling. Ce qui m’a étonné quand j’y ai emménagé, c’est à quel point cette ville est populaire. En tant qu’habitant, j’ai réalisé à quel point y’a du monde en été. Pas mal de gens s’en plaignent, mais moi je kiffe. Et l’autre élément marquant, c’est le nombre de chiens que tu vois en rue.
Comment se passe une journée idéale à Ostende ?
Faire la grasse mat’, prendre une douche, manger et partir pour la digue peu après midi, appareil photo en main. Je tire jusqu’à 15h – 16h puis je mange une glace. Ensuite, je continue de me balader jusqu’à 18 heures. Le soir je fais déjà une petite sélection. S’il y a quelques photos qui peuvent être utilisées pour ma série, je suis satisfait. Chaque jour est différent, parfois on n’a pas de chance et aucune photo ne fonctionne.
Tu vis de ces photos ?
Non, je bosse dans le marketing. Je me suis intéressé à la photo pendant mes études de journalisme et j’utilise ça dans mon travail. Mais ce que je t’ai décrit, c’est une journée idéale de congé.
Qu’est-ce qui rend la côte belge spéciale à tes yeux ?
Je pense que la côte belge est simple et charmante. Pour un si petit pays, on a un littoral décent avec beaucoup d’endroits pittoresques. Bon, les plages belges ne sont pas des plus exotiques, mais les gens adorent venir en groupe pour prendre l’air frais en mer du Nord. Je pense que notre côte est simple, mais pas pour le moins populaire.
Les personnes sur les photos savent que tu les prends en photo ?
Pas toujours, j’avoue. Très souvent, je prends mes photos de manière très rapide et intuitive. J’essaye de photographier dans le style new-yorkais de Bruce Gilden, Garry Winogrand et Daniel Arnold. Ils marchent, regardent et photographient d’un coup d’œil ; ça donne des scènes de rue à couper le souffle. C’est la spontanéité qui rend l’image unique. Quand tu demandes aux gens de poser, une partie de la magie disparaît. Puis c’est vraiment pas mon intention de manquer de respect aux gens en les photographiant de manière inaperçue. Pour moi, chaque personne est fantastique. En dehors des personnalités sur les photos, j’essaye de créer une image globale de la ville. Et chaque photo contribue à une vue d’ensemble.
Mais j’essaie aussi de demander de temps en temps si je peux prendre une série de photos, comme par exemple celles des groupes de jeunes qui jouent sur la plage. Du coup, je peux leur parler et créer un lien. Je trouve souvent que ce sont les photos les plus esthétiques. En plus les personnes sont souvent heureuses de me permettre de les prendre en photo. Je suis journaliste de formation, c’est de là que vient mon amour pour la documentation.
À qui appartient ce charmant moule-bite vert ?
Bonne question… Cette photo a été prise accidentellement sans cadrage. Je suis passé devant et j’ai vu que j’avais pris une photo, ce qui a donné une image intéressante. Ça arrive, parfois !
Et c’est quoi ton délire avec les chiens ?
Y’a beaucoup de chiens à Ostende. Leurs propriétaires adorent les emmener à Ostende et les animaux aiment aussi se promener. Ils font partie des clichés de la côte belge et sont aussi chouettes à photographier. Ils sont curieux quand tu captes leur attention, donc ça marche. Et puis, je suis aussi un vrai ami des chiens.
Tu as également photographié le Carnaval d’Ostende. C’était comment ?
Avant d’emménager à Ostende, je ne savais pas que la ville avait un carnaval. J’ai déjà photographié le carnaval d’Alost, mais je ne connaissais rien des festivités d’Ostende. C’est une journée animée où des groupes de carnaval crée une vraie fête dans la ville. Il n’est pas aussi grand que celui d’Alost, mais l’ambiance est très joyeuse et y’a pas mal de monde.
« Sans visiteur·ices, Ostende est morte en été, et ce qui serait triste à voir. »
Qu’est-ce que ça fait de se balader à Ostende pendant le Corona ?
J’ai remarqué que les gens ont vraiment envie d’une journée sur la côte en ce moment. Même maintenant, y’a toujours du monde. Comme les gens ne peuvent pas voyager partout et qu’il y a beaucoup de règles, la côte leur permet de voyager un peu dans leur propre pays. En dehors des émeutes, c’est chouette de voir qu’Ostende est toujours animée en ce moment. Sans visiteur·ices, Ostende est morte en été, et ce serait triste à voir. Mon expérience avec Ostende reste donc la même : positive. Avec et sans corona.
La notion d’espace public mise à mal par le contexte actuel. Pour toi, l’accès à la plage peut-il être limité ?
Pour vaincre le virus, il est nécessaire de respecter une distance, à la fois sur la digue et sur la plage. Je pense qu’il est normal de devoir réserver une place sur la plage au centre, car s’il y a trop de monde, le virus circule davantage. Je pense que c’est normal qu’il y ait un certain contrôle sur le nombre de personnes sur les plages. Petit tip : il y a aussi des plages moins fréquentées à Ostende auxquelles vous pouvez accéder librement, comme à Mariakerke. Faut tenir bon, ça finira par aller.
Plus de photos de Bert ci-dessous et sur son Instagram.
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