L’année 2016 a marqué un tournant dans l’histoire du MMA. Ce sport de combat dit « moderne » est passé en moins de 30 ans du statut de pratique marginale à celui de discipline planétaire. S’il trouve ses racines profondes dans l’Antiquité, c’est seulement aujourd’hui qu’il accède au rang de pratique de masse et jouit d’une exposition médiatique mondiale. A eux seuls, les chiffres de l’UFC expriment la nouvelle dimension prise par les Arts Martiaux Mixtes. Les frères Frank et Lorenzo Fertitta ont vendu l’UFC au groupe de divertissement WME-IMG pour la somme de 4 milliards de dollars, en juillet 2016. Joli coup après l’avoir acheté à seulement 2 millions de dollars en 2000.
En 2016, la principale organisation mondiale a produit 41 événements, dans 31 villes réparties sur 9 pays. Tous les records d’audiences ont été pulvérisés. De mars à décembre, 5 événements ont dépassé le million d’achat per-per-view (télévision à la demande). Le point d’orgue a été l’UFC 202 : Diaz vs McGregor 2 avec 1,5 millions d’achats. Une star planétaire a définitivement chuté : Ronda Rousey. Elle n’est plus que l’ombre d’elle-même depuis sa cuisante défaite contre Holly Holm, confirmée en décembre dernier contre Amanda Nunes. Mais l’UFC peut compter sur la confirmation d’un autre fer-de-lance. Le représentant mainstream du MMA n’est autre que Conor McGregor, premier combattant à avoir détenu deux ceintures dans deux catégories de poids différentes.
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Alors que s’est-il passé en près de 2500 ans, de Polydamas, première star mondiale de combat libre en -408 à Conor McGregor, icône pop des temps modernes ?
Polydamas, le pionnier
Le MMA vient de loin. L’avènement d’une forme de combat libre trouve son origine dans la Grèce antique. Au Vème siècle avant Jésus Christ, c’est en Thessalie, tout près du mont Olympe que le Pancrace va réunir les foules. Les combats sanguinaires à mains nues, sans règles, ravissent l’élite et le peuple. Un champion émerge de la masse des combattants. Il s’agit de Polydamas de Scotoussa, champion des Jeux olympiques de pancrace en -408. On le comparait à Hercule, le demi-dieu grec, du fait de sa taille (plus de 2 mètres) et de sa force. Il aurait même vaincu un lion de ses mains. C’est la première star connue des sports de combat, bien qu’il combattait a mains nues.
Mais attention, comme l’expliquent les trois auteurs du seul livre en langue française sur la pratique du MMA (Les Fondamentaux du Mixed Martial Arts, Broché 2012), il s’agit des racines profondes du MMA. On était alors très loin d’une forme « sportive » de combat libre. « Si l’on peut mettre en avant une filiation entre les pratiques de combat modernes et anciennes, telles que les pancrace pratiqué lors des olympiades antiques, il ne faut pas oublier que celles-ci se caractérisaient par un niveau de violence qui a peu de rapport avec les pratiques actuelles, qu’il s’agisse de pankration, du pancrace contemporain ou du MMA professionnel. »
Les « combattants » étaient bien souvent des esclaves et allaient jusqu’à se mordre, s’arracher les yeux, les cheveux… L’issue était fatale. Nous étions à des années-lumières de la pratique actuelle, et même de l’image violente véhiculée par certains spots publicitaires. De cette époque, on a tout de même conservé l’imagerie guerrière du gladiateur. On la retrouve par exemple par le nom des organisations : Venator, Bellator, etc… , ou dans l’esthétique de la mise en scène, dont le Pride FC était le meilleur exemple contemporain. Les organisateurs entretiennent l’ambiguïté des apparences à des fins promotionnelles. Mais la comparaison entre le MMA et une forme de combat libre où tout est permis s’arrête là.
L’essor du 20e siècle
Du Japon au Brésil, un itinéraire mondialisé. Tout s’est accéléré au début du 20ème siècle avec le souci constant de rapprocher les spécificités d’un combat réel, tout en sauvegardant l’intégrité physique des combattants. L’équilibre n’est pas toujours évident. Avant de connaître son point d’orgue dans les années 90, où la médiatisation s’est élargie en même temps que les règles se standardisaient, rien n’était gagné d’avance. Si des formes de combats existaient partout dans le monde, elles ne rentraient pas en concurrence.
Un phénomène nouveau allait permettre la diffusion et la confrontation des différents styles de combats. Le père du Judo, Jigoro Kano, donna pour mission de promouvoir son art martial dans le monde entier à un élève du nom de Mitsuyo Maeda. Nous sommes à l’orée du 20ème siècle, et la rivalité entre les différentes écoles d’arts martiaux chinoises et japonaises fait rage. Il faut à tout prix remporter la bataille de l’efficacité. Maeda boucle son tour du monde et pose ses valises au Brésil, qui deviendra une terre d’immigration de centaines de milliers de japonais.
C’est en enseignant le jiu-jitsu traditionnel japonais aux membres de la célèbre famille Gracie que se développa une nouvelle forme de combat hybride : le jiu-jitsu brésilien. Les Gracie et leur entourage se prennent de passion pour le combat au sol et en font une compétition sportive. Le patriarche Hélio Gracie enseigna ses acquis et sa vision du combat où le sol prédomine à toute sa descendance, que l’on retrouve d’ailleurs aujourd’hui dans presque toutes les compétitions. Les influences brésiliennes et japonaises se mélangèrent pour obtenir une forme de combat très efficace et les Gracie ne cessèrent de vouloir la confronter aux autres disciplines pratiquées dans le monde. Le fait que l’on qualifie aujourd’hui le MMA de sport emblématique de la mondialisation ne date donc pas d’hier.
Dans un cadre d’abord très intime, les premières rencontres de Vale Tudo (littéralement : « tout est permis ») apparaissent dans les années 1920. Les combattants de jiu-jitsu brésilien étaient opposés aux spécialistes d’autres disciplines martiales ou de combat. Au Vale Tudo, on ne s’encombrait pas de gants ni de chronomètre. Paradoxalement, c’était assez peu spéculaire, car les combats se déroulaient le plus souvent au sol. Qu’importe, les fondations du combat libre sportif étaient posées.
En Europe, dès le 19eme siècle, on opposait déjà la boxe anglaise ou la Savate aux formes d’arts martiales venues d’Asie, telles que le Karaté, le Kung-fu ou encore le Kenpo. En 1984, la France a été précurseure en organisant des compétitions de Kenpo, sous une forme sportive proche du MMA actuel, même si la cage n’était pas encore utilisée. Contrairement au Vale Tudo où la plupart des combats se déroulaient majoritairement au sol, la France profitait alors de rencontres spectaculaires entre pratiquants de différentes formes martiales. L’ironie de l’histoire veut que la France soit aujourd’hui l’un des derniers bastions à interdire les compétitions de MMA, à une époque où le sport n’a jamais été si encadré et sécurisé.
En 1993, la création de l’UFC donnait un cadre médiatique parfait pour voir évoluer les combattants de Vale Tudo contre le reste du monde. On parlait alors de « free-fight », l’époque des confrontations entre pratiquants en tenue de boxeur, de karatéka, sans catégorie de poids et à la limite de violence extrême va marquer toute une génération.
Ailleurs, particulièrement en Asie, le « free-fight » avait d’abord vocation à être un spectacle, plutôt qu’un sport. Le premier événement professionnel de « Shooto » eu lieu en 1986 au Japon. Régie par davantage de règles qu’au Brésil ou aux Etats-Unis, cette discipline avant-gardiste permettait les techniques de percussion debout et la lutte, et s’organisait tout de même en catégories de poids et de niveau. Cette forme aboutira à la création du Pride FC, en 1997, toujours au Japon.
Les années 2000 allaient marquer toute une génération de passionnés. Le Pride a notamment détenu pendant longtemps le record de spectateurs pour un événement de sports de combat avec 71 000 spectateurs pour la soirée Shockwave/Dynamite en 2002. Les Japonais n’hésitaient pas à faire venir des combattants du monde entier en les opposant au cours de soirées qui frôlaient le summum du kitsch, à grand renfort de pyrotechnique et de visuels guerriers. Le russe Fedor Emalienko dominait les débats et jouissait d’une popularité encore jamais atteinte. Le sport-spectacle allait ensuite s’essouffler. Le Pride FC a été vendu en 2007 aux dirigeants de l’UFC, qui elle-même était en pleine ascension, après une période de creux dans le début des années 2000.
En 1993, le premier événement de l’UFC a d’ailleurs organisé par Rorion Gracie (encore eux) et Art Davie. Les combattants, venus d’horizons très différents, s’affrontaient alors sans limite de poids, ni règles codifiées. Alors qu’est-ce qui a permis l’essor fulgurant du “combat libre” au cours du 20ème siècle et le passage au « MMA » ?
L’avènement du MMA
De l’opposition des styles à la complémentarité. Pour beaucoup de pratiquants actuels, le vrai avènement du MMA peut correspondre au moment où le combat libre ne s’est plus contenté d’opposer les différents styles d’arts martiaux et sports de combat mais de rechercher une complémentarité. Il s’agissait alors de prendre le meilleur de chaque discipline et de l’assembler vers une forme cohérente de combat. Tous les pratiquants venant d’une discipline spécifique s’en rendent compte. On ne combat en MMA sans faire un effort d’adaptation. Même les bons karatékas tels que Lyoto Machida ont du adapter leur style. Le « free-fight » disparaissait et l’on parlait alors uniquement de MMA.
Il fallait un théoricien capable d’amalgamer des savoirs théoriques et de formuler un état d’esprit propre à une pratique que l’on pourrait qualifier de « vagabonde ». Les années 60 allaient connaître un regain d’intérêt autour des questions de styles de combat. Qui d’autre que Bruce Lee ne pouvait véhiculer aussi bien le concept de complémentarité des styles ? Le cinéma était le diffuseur numéro un des arts martiaux et du Bushido à travers le monde. La star de cinéma hongkongaise était un passionné de boxe anglaise, ce qui lui a valu des critiques de la part de pratiquants d’arts martiaux dits traditionnels. Qu’importe, l’important était d’étudier le maximum de pratiques pour en dégager de chacun d’elles ce qui marche. On sait aussi que Lee était un pratiquant assidu de combat au sol. Le Jeet Kune Do, sa méthode de combat, est le fruit de cette quête. Il s’agissait de son propre concept martial, différent de l’idée de « style » qu’il rejetait en bloc.
« Personnellement, je ne crois pas au mot style. Pas tant qu’il n’y a pas d’êtres humains dotés de trois bras ou de quatre jambes. Il n’y aura différents styles de combat que quand il existera une catégorie d’humains dont le corps sera différente du nôtre. Le malheur, c’est qu’il existe la boxe, qui utilise les mains, le judo, où l’on vise au déséquilibre, etc. Je ne rejette rien de tout cela. Tout ce que j’essaie d’expliquer, c’est que ce sont les styles qui séparent les gens. Quand vous pratiquez un japonais, vous exprimez un japonais, pas vous-mêmes. Il faut vous poser la question : comment m’exprimer ? ». C’est signé Bruce Lee.
Avec des réflexions du style, Bruce Lee posa les bases d’une pratique martiale non figée, destinée à un mouvement perpétuel vers l’efficacité. Alors peut-on aller jusqu’à dire que Bruce Lee est l’inventeur du MMA moderne ? C’est en tout cas ce que pense Dana White, le directeur de l’UFC, et quelques champions emblématiques tels que Randy Couture, Tito Oriz ou plus récemment le canadien ancien champion UFC Georges St-Pierre. Ce dernier le considère comme « l’un des plus grands artistes martiaux qui aient jamais existé » pour ses apports techniques et stratégiques.
« Pour lui, tout devait être fluide. Je pense à son analogie avec l’eau. J’aime me dire que je suis comme l’eau qui s’adapte à ce qui l’entoure et trouve toujours le moyen d’entrer quelque part quand il y a une brèche. C’est la façon dont je m’entraîne et c’est la façon dont j’ai vu beaucoup de grands combattants évoluer », affirmait Georges St-Pierre, l’un des meilleurs combattants de l’histoire récente du MMA.
Bel hommage de la part du canadien reconnu comme l’un des précurseurs de la complexification stratégique des combats de MMA. Il précise aussi que Bruce Lee a été le premier à intégrer la préparation physique complète à ses enseignements.
L’apparition d’un sport de combat qui regroupe plusieurs pratiques, traditions martiales et règles sportives n’est donc pas due au hasard. Elle est le fruit d’une recherche constante entamée depuis des siècles. Le terme assez récent de MMA (Mixed Martial Arts) est le fruit d’une réglementation et d’une codification amorcée par la partie commerciale du sport. En 24 ans, l’UFC, et plus largement le MMA, a fait un bond gigantesque pour aboutir à un ensemble d’une quarantaine de règles. On parle d’un sport qui s’est « développé par le haut ». L’aspect commercial a progressé bien avant qu’une quelconque pratique de masse ne soit observée.
Du spectacle jusqu’au sport
Le 21eme siècle va marquer un tournant décisif pour le MMA, en tant que sport et non plus seulement en tant que spectacle. Après quelques tentatives infructueuses en Californie, c’est finalement le New Jersey State Athletic Control Board qui organise une profonde réflexion autour de la création de règles unifiées de MMA. Le processus aboutit en avril 2001 à un ensemble de règles et de régulations visant à encadrer les événements sur le sol étasunien. Un document intitulé Unified Rules of Mixed Martial Arts naissait cette même année. Il aura fallu tout de même attendre l’année 2009 pour que la toute puissante Association of Boxing Commissions ne reconnaisse ces règles, soit 16 ans après le tout premier UFC à Denver. Aujourd’hui encore, les règles précises d’un combat de MMA font l’objet de discussions et de remise en cause permanentes. L’Association of Boxing Commissions (ABC) est le principal acteur de ces évolutions.
Pourquoi a-t-on attendu si longtemps avant de codifier et d’organiser légalement le MMA ? Le sociologue français Yann Ramirez, auteur d’une thèse de doctorat sur le MMA soutenue en 2015, applique le concept de « distinction des jeux », de Roger Caillois. Le MMA s’est développé par un « processus au cours duquel la compétition devance l’aspect ludique ». C’est d’ailleurs le principal reproche que ses détracteurs adressent au MMA. Les autorités voient d’un œil suspect une discipline qui a explosé au niveau médiatique mais qui n’a toujours pas structuré l’aspect éducatif.
L’évolution permanente
Mais le MMA a aujourd’hui sa propre logique interne. Un combattant se doit d’être complet. Il doit connaître les différentes techniques de combat regroupées sous les trois compartiments que sont : les percussions debout, les projections et techniques de préhensions et le grappling, combat au sol avec les soumissions. S’il est difficile d’être excellent partout, il doit au moins créer une harmonie entre elles.
Quand est-ce que l’on pourra parler d’un aboutissement d’une forme de MMA ? Une discipline sportive est communément considérée comme pleinement reconnue lorsqu’elle accède au Comité International Olympique. Les responsables de l’UFC ont profité des JO de Rio pour créer un buzz autour d’une potentielle intégration. Rien n’indique aujourd’hui que ce sera le cas dans un futur proche, si ce n’est le nombre impressionnant de lutteurs et judokas médaillés qui se mettent au MMA après leur participation aux JO.
En 2016, la recherche d’efficacité est toujours au centre des préoccupations. Elle s’opère maintenant dans un cadre précis, même s’il évolue constamment, mais conserve les mêmes fondements. Dans une interview accordée à Bleacher Report en juillet 2016, l’entraîneur reconnu comme le meilleur au monde, Greg Jackson (Jackson Wink Academy, à Albuquerque) relate sa vision du MMA, qu’il considère comme un cheminement personnel :
« C’est juste de la physique et de la géométrie. La plupart des Brésiliens ont fait la même chose. J’ai observé, je suis revenu à la salle et j’ai fait de la R&D. Je reprends ce que j’ai retenu des mouvements, puis je mets au point d’autres mouvements pour les contrer. Je trouve une alternative à ce contre pour obtenir le mouvement adéquat par moi-même. Voilà comment j’ai pu rester pertinent en MMA. La raison pour laquelle je suis resté pertinent, c’est parce que personne ne m’a jamais rien appris. Je l’ai compris par moi-même. »
Une méthode par « essais et erreurs », comme le disait Bruce Lee, encore une fois.
Ce n’est pas un hasard si le jeune prodige du MMA français Tom Duquesnoy a rejoint la Jackson Wink Academy, quelques années avant de faire son entrée à l’UFC. Il nous avait confié avoir éprouvé le désir de combattre dès l’âge de 12 ans. Il est pour cela allé se perfectionner en frappant à la porte de nombreux clubs de combat pour enrichir sa panoplie technique. Il pratique successivement lutte, boxe anglaise, boxe thaïe… Tom a complété son arsenal comme le faisait Bruce Lee, ou plus récemment Georges St-Pierre. Le combattant de MMA du 21eme siècle fait sa propre synthèse en piochant le meilleur dans toutes les formes de combat codifié.
En France, le combattant du MMA Factory Karl Amoussou a affirmé dans une interview être entouré de cinq coachs spécialisés dans une discipline de combat (boxe, MMA, lutte, grappling et jiu-jitsu brésilien), sans compter son préparateur physique et son préparateur mental. Il n’est pas devenu l’un des meilleurs combattants européens sans s’entourer d’une équipe professionnelle ultrasophistiquée au service de son profil de combattant.
Va-t-on alors vers une nouvelle forme sportive codifiée ou est-ce que le MMA, par essence, n’a de toute façon par vocation à aboutir sur une forme définitive ? On peut avancer que le MMA a suivi un rythme d’évolution comparable à celui des outils de communications. En une vingtaine d’années, internet a radicalement changé la donne. Notons que dans les deux cas, l’Etat français est à la ramasse. Où se situe exactement le MMA ? Parle-t-on définitivement de sport ou, au minimum, de sport-spectacle ?
Aujourd’hui, les principaux critiques du MMA dénoncent la standardisation des combats. Les combattants prendraient tout simplement moins de risques dans le but de durer et d’accumuler le maximum de gains. Anderson Silva, l’un des meilleurs combattants de l’histoire de l’UFC, dénonce la teneur ennuyeuse de certains combats. Les intérêts commerciaux (donc le spectacle) prédomineraient sur l’intérêt sportif pur. « C’est une entreprise qui se préoccupe du divertissement. Ce n’est pas une entreprise avec une histoire dans les arts martiaux, ou la philosophie du combat », a-t-il dit récemment à propos de l’acquisition de l’UFC par WME-IMG.
Certains sont même nostalgiques de l’époque où Jon Jones martelait ses adversaires au sol à coups de coudes. C’était il y a à peine trois ans… D’autres dénoncent l’omniprésence de la star irlandaise Conor McGregor. Les adversaires seraient davantage choisis pour des impératifs de rentabilité que sportifs.
Va-t-on assister à une uniformatisation générale des règles ou à une scission entre forme ultra-sportive et sport-spectacle ? L’UFC a récemment annoncé la création d’un Institut de la Performance (UFC performance Institute). Sur près de 3000 mètres carrés, le « premier centre mondial de recherche et d’innovation sur le MMA » sera censé permettre une meilleure compréhension du sport et un encadrement au plus près des athlètes.
A l’opposé, d’autres formes de combat libre pourraient voir le jour. Yann Ramirez conclut sa thèse en imaginant une possible division entre une version sportive et une folklorisation violente, encouragée par les spectateurs eux-mêmes : « Une scission reste toujours possible à l’avenir, ce qui serait une conséquence de la néomanie et de la lassitude des spectateurs, elles-mêmes dues à la standardisation du MMA. Finalement, c’est le comportement des (télé)spectateurs qui inquiète le plus, puisque la violence est désormais davantage vue que vécue, ce qui produit une plus grande tolérance aux pratiques extrêmes puisque cela s’appuie sur le manque, voire l’ignorance de cette expérience désagréable. »
La Grèce antique, Rome, le Vale Tudo, le Kenpo, Bruce Lee, l’UFC… peu importe. Ce qui est sûr est que depuis le début du 20ème siècle on assiste à un encadrement toujours plus poussé du combat libre et de la fin des « styles de combats ». On pourrait écrire une encyclopédie sur les origines directes ou indirectes du MMA. Ou plus simplement, avancer que le MMA est une méthode empirique de confrontation des différentes formes de combat qui a abouti à ce que l’on observe aujourd’hui et donnera autre chose demain.
Sources :
Yann Ramirez. « Du Free Fight aux Arts Martiaux Mixtes : sportivisation, violence et réception d’un sport de combat extrême ». Sociologie. Université Paul Valéry – Montpellier III, 2015.
Le Sens du combat, de Georges St-Pierre, Flammarion Quebec (2013)
A History of Nonviolence. How a Man Raised a Pacifist Became the Greatest Coach in MMA, By Jonathan Snowden
July 6, 2016http://thelab.bleacherreport.c…
Les Fondamentaux du Mixed Martial Arts – de l’initiation au perfectionnement Broché – 23 mars 2012, de Baron David (Auteur), Amiet Bruno (Auteur), Delalandre Matthieu (Auteur)
A look behind the scenes of UFC efforts to ‘accelerate the evolution of the MMA athlete’
http://mmajunkie.com/2017/01/v…
Bruce Lee, ma méthode de combat, édition spéciale, 4 livres en 1 volume 2000 de Bruce Lee et M. Uyehara