Auteurs de deux albums méga-cultes à la fin des années 90, Truth In The Age Of Lies et For Those Who Were Crucified, les new-yorkais de All Out War représentent certainement l’alliage le mieux réussi entre la puissance du hardcore et la violence du metal. Formé en 1991 à Newburgh, le groupe a changé maintes et maintes fois de line-up, s’est arrêté, pour mieux repartir, avant d’atteindre un rythme de croisière suite à sa signature sur le label Victory en 1998, à raison d’un album tous les 4 ans. Au fil de ces deux décennies, le groupe a réussi à maintenir un niveau rarement atteint dans ce genre bâtard (wikipedia : metalcore) qu’ils ont largement popularisé – pour ne pas dire inventé. Cette année, 5 ans après leur dernier disque Into The Killing Fields, All Out War est de retour avec Dying Gods, un EP nucléaire qui sort chez Organized Crime. Voici 9 raisons de l’écouter et d’aller les voir.
Leur chanteur a lu des livres
Avant de devenir prof d’histoire en lycée, Mike Score était déjà féru d’Histoire, de théologie et de sciences politiques. Les paroles de son groupe ont toujours été un reflet apocalyptique de sa vision du monde – son putain de défouloir, à milles lieues des histoires de vengeance de rue ou des plaidoyers pour l’unité dans la scène. Et quand on lui demande ce qu’il pense de l’Homme, son avis est tranché : « La majorité des humains sont des moutons qui sont menés à l’abattoir par leurs maîtres. Je ne vois aucun échappatoire sauf si un réveil des masses s’opère, et rien ne me pousse à croire que ce réveil aura lieu. Malheureusement, il semble que l’on va rester esclaves jusqu’à notre propre mort. » Ses cours doivent être sympas.
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Ils ont établi la charte graphique du genre
Ange exterminateur (Doré) ? Diables aux enfers (Limbourg) ? Cavaliers de l’apocalypse (Dührer) ? Gibets et charniers (Frans) ? All Out War ont lancé le style purgatoire dans toute la vague metal hardcore de l’époque, faisant ressembler les catalogues de VPC à de vrais missels. L’ensemble du corpus inquisition-core a ensuite repris ces codes bibliques dans ses artworks jusqu’à plus soif. Mais qui peut faire plus définitif que la cover de Truth In The Age Of Lies publié en 1997 ? Hein ? Personne.
Ils ont meilleur goût que la moitié de la scène
En témoigne leur playlist intemporelle :
Cro-Mags – Age of Quarrel
Slayer – Reign in Blood
Kreator – Pleasure to Kill
Bad Brains – Tout
Carnivore – Retaliation
Discharge – Tout
Venom – Black Metal
Agnostic Front – Victim in Pain
Celtic Frost – Morbid Tales
Bruce Springsteen – Nebraska
Les mecs sont vraiment Italiens
Combien de types, qu’ils soient Belges ou Américains, ont fait croire à leur fans à travers leurs pseudos ou les pochettes de leurs disques qu’ils avaient des descendants italiens et pouvaient donc revendiquer une musique gangster et mafia ? Enormément. Andy Pietroluongo, Eric Carrillo, Jim Antonelli, Joe Branciforte ou Taras Apuzzo n’ont jamais eu le temps pour ces conneries et se sont contentés d’avoiner en studio comme sur scène. Une question se pose donc : le secret de la mosh est-il contenu dans la botte ?
« Resist » et « Destined to Burn »
Le metal-hardcore pourrait tenir en entier dans ces deux morceaux tellement ils sont essentiels. Mesurant 5mn30 chacun (oui, c’est la durée optimale pour vous faire comprendre le long de riffs acérés et de breaks fulgurants que nous allons tous périr dans les flammes), ces deux titres sont sortis pour la première fois sur disque à l’initiative de Stephen du groupe Kickback, à l’époque où il gérait le label Hardway Records. Serait-ce donc la France qui a lancé leur carrière ? On est en droit de le penser.
Ils ont livré la bande-son idéale du violent dancing
Quoi de mieux qu’un coup de pied retourné dans le vide et quelques moulinets pour oublier la pression de la société.
La terreur réside dans leurs intros
Ecoutez les premières secondes de leur démo Sum Of All Fears (au son ultra-crade, j’en conçois) et osez me dire que vous ne voyez pas au loin, dans un ciel écarlate, des légions de démons fondre sur vous ? Ne me dites pas que vous ne frémissez pas dès l’attaque de « Resist » et son « The truth shall now be revealed ! » (extrait au combien efficace tiré de l’anime Urotsukidoji), que les cris de souffrance issus de « Redemption of the Innocent » ne font pas naître chez vous un sentiment de culpabilité ou encore que les effets Bombe H de « Deceived and the Deceivers » ne vous donnent pas immédiatement envie de creuser un abri anti-nucléaire dans votre jardin tel Michael Shannon dans Take Shelter. La fin du monde n’a jamais été aussi bien mise en musique qu’avec All Out War.
Les tendances ne leur font ni chaud ni froid
Le grunge : ils s’en sont tenus à l’écart dès 1991. Le rap : ils en ont que les bas de survêtements et les maillots de basket. La fusion : ‘plutôt sauter sur une mine que d’embaucher un DJ’. Le straight edge : ils respectent mais ce n’est pas leur game. Le beatdown : ils portaient des bandanas avant tout le monde et levaient leur basse plus haut que quiconque. Le graphisme : leurs designs n’ont pas évolué depuis 20 ans. Internet : les mecs ne sont toujours pas sur Facebook !
Leur dernier disque est toujours pertinent
La voix de Mike Score n’a rien perdu de son vice, et n’a jamais succombé aux sirènes du tout guttural. Le chugga-chugga est toujours au rendez-vous, les riffs sataniques aussi, et contrairement à un groupe comme Ringworm, la batterie ne sonne pas comme un robot. Il y a juste peut-être un morceau de trop. Mais également deux très bonnes reprises (Carnivore et Amebix, et non Sepultura*).
Laissons la conclusion à Mike Score (via metalriot) : « Dying Gods ne signifie pas seulement la mort de la religion mais aussi des nations, des leaders, des célébrités et de tout ce qui est porté aux nues par les masses stupides et vénéré comme un Dieu. Tout se casse la gueule autour de nous mais nous ne voyons rien. On est distrait par des choses triviales qui, à la fin, n’auront aucune importance. Regarde les réseaux sociaux et les trucs dont les gens parlent. Le gouvernement et les pouvoirs en place font ce qu’ils veulent pendant que nous débattons de la dernière célébrité, qu’on se dispute à propos de telle religion et qu’on vomit notre ignorance. »
Rod Glacial vomit de temps à autre sur Twitter.