Il est souvent tentant d’annuler une soirée à laquelle on ne veut plus aller. C’est beaucoup d’efforts en moins : plus besoin de s’habiller, de faire le trajet, de discuter avec des inconnus ennuyeux ou de trouver le moyen de partager l’addition. « Annuler des plans, c’est quelque chose que beaucoup de gens aiment faire, dit Johanna Jarcho, professeure de psychologie à l’université Temple de Philadelphie. C’est un grand soulagement. »
Mais même les personnes qui aiment être seules ont besoin d’au moins un peu d’interactions sociales, et se sentent souvent plus légères et plus appréciées après avoir passé du temps avec des amis, en personne ou au téléphone. Un lien social authentique est bon pour la santé. Pourtant, à l’approche d’un événement prévu, un sentiment d’anxiété peut apparaître. Si vous êtes souvent tenté de poser un lapin à vos amis, c’est peut-être pour une ou plusieurs des raisons suivantes.
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Comment apprendre à dire non ?
Selon Jarcho, nous avons tendance à accepter immédiatement une invitation sans prendre le temps de l’évaluer correctement. C’est un moyen d’éviter les conflits : il semble plus facile d’adhérer à un programme tout prêt que de réfléchir à une meilleure option qui conviendrait à tout le monde.
« Si votre réponse par défaut est “oui” à tout, c’est peut-être le signe que vous avez du mal à fixer des limites et à communiquer vos besoins, explique Ric Mathews, psychothérapeute à New York. Essayez de proposer des plans alternatifs plus pratiques pour vous : vous ressentirez moins de pression sociale tout en maintenant des relations solides. »
Comment trouver du temps à la fois pour soi et pour ses amis ?
« Certaines personnes ont tendance à dire oui à tout en pensant que le fait d’avoir plusieurs options leur donnera plus de chances de passer un bon moment », explique Mathews. Mais, bien sûr, il est impossible de tout faire, alors se dérober est souvent la seule façon de gérer son temps.
De plus, si vous avez l’impression d’être toujours occupé, il se peut que vous ayez besoin de passer du temps seul à lire (ou plutôt à scroller sur Twitter et Instagram). Et c’est tout à fait valable. « Beaucoup de gens sont surchargés de travail et l’idée d’avoir un peu de temps pour soi est vraiment importante, explique Jarcho. La solitude peut être très régénératrice, que vous soyez introverti ou non. »
Comment trouver la force de socialiser ?
Dans la littérature psychologique, il existe ce qu’on appelle la prédiction affective. Il s’avère que les humains ne sont pas très bons pour prédire ce qu’ils vont ressentir dans une situation future et, pour cette raison, ils passent souvent complètement à côté de ce qui pourrait les rendre heureux. Ainsi, lorsque vous êtes chez vous en jogging devant la télé, il est facile d’oublier le plaisir sincère que vous éprouverez à vous habiller et à aller au parc pour y retrouver vos amis.
« Les humains sont souvent mauvais pour prédire ce que sera une certaine expérience avant qu’elle ne se produise, confirme Marlone Henderson, chercheuse en psychologie à l’université du Texas à Austin. Surtout quand il s’agit de choses émotionnelles. Souvent, nos prévisions ne correspondent pas à la réalité de l’expérience. »
Comment éviter de s’isoler ?
Nous avons tous vu ce mème qui dit : « Désolé d’être en retard, je ne voulais pas venir » sur Twitter et Instagram. « Au niveau des tendances culturelles, l’introversion est très à la mode », dit Jarcho. En psychologie sociale, ce phénomène est appelé conformisme et désigne un changement de comportement en réponse à une pression sociale, réelle ou imaginaire. Le conformisme n’est pas toujours une mauvaise chose, mais il peut avoir des conséquences négatives et vous pousser à vous isoler davantage ou à cesser d’entretenir des amitiés importantes.
« Ces images, même si elles ne sont pas nécessairement des représentations exactes de la réalité, prennent racine dans notre conscience. Chaque jour, vous voyez ce mème sur le fait d’éviter les rendez-vous, et soudain vous avez l’impression que tout le monde le fait, comme si c’était une obligation, dit Henderson. Toutes ces informations suggèrent que la bonne chose à faire est de rester chez soi et de se détendre. »
Comment reprendre l’habitude ?
Lorsque nous cessons de faire quelque chose qui a fait partie de notre routine pendant un certain temps, il est plus difficile d’y revenir, que ce soit faire du sport, appeler ses parents ou consommer cinq fruits et légumes par jour. Il en va de même pour la vie sociale. « Au fur et à mesure que nous vieillissons, nos interactions avec les autres diminuent », explique Jarcho.
Plus vos fréquentations se font rares, plus il vous faudra d’efforts pour socialiser. Et si vous passez plus de temps à lire ou à regarder la télévision qu’à parler à vos amis, vous pourriez commencer à associer le fait de rester chez vous à une expérience plus positive.
Comment choisir ses priorités en matière de relations ?
Le lien humain est important : les psychologues appellent cela le « besoin d’appartenance ». Ce besoin doit être satisfait d’une manière ou d’une autre, c’est-à-dire par le biais de liens familiaux, de relations amoureuses ou amicales. Mais il existe différents moyens de satisfaire ce besoin d’appartenance. La quantité et le niveau d’interaction sociale dont on a besoin varient d’une personne à l’autre, et évoluent à différentes étapes de notre vie.
« Certaines personnes n’ont besoin que d’un petit cercle d’amis pour se sentir complètes et connectées, et d’autres ont besoin de plus, explique Henderson. Il y a des moments dans la vie où nous sommes satisfaits du nombre et de la nature des personnes qui nous entourent, et d’autres où nous nous sentons plus vulnérables et ressentons un plus grand besoin d’être avec nos amis. Par exemple, le niveau de vulnérabilité, et par conséquent le désir d’être entouré, augmente normalement après une rupture. »
Si vous envisagez d’annuler une sortie avec des amis, demandez-vous ce que vous comptez faire précisément si vous n’y allez pas. « Vous pouvez décider de refuser parce que vous préférez consacrer votre énergie et votre attention à votre famille, à vos études, à votre santé ou à la spiritualité », explique Mathews.
Comment se défaire d’une mauvaise amitié ?
Si vous annulez souvent des projets avec un ami en particulier, il se peut aussi que cette relation ne vous apporte plus de joie et que vous avez du mal à vous en sortir. « Il y a des personnes qui sont vos “amis” par habitude, mais chaque fois que vous les voyez, ce n’est pas génial, dit Jarcho. Il est difficile d’avoir une conversation sincère ; il est plus facile de suivre des plans qui ne vous conviennent pas. Si vous redoutez constamment de voir cette personne, ou si vous pensez que votre amitié a atteint sa date d’expiration, il est peut-être temps de la rompre.
Comment savoir si c’est de l’anxiété sociale ?
Si vous ressentez beaucoup d’anxiété et que vous évitez les interactions avec vos amis pendant de longues périodes, il serait bon d’en parler à un professionnel, juste pour avoir un peu de recul.
Un diagnostic d’anxiété sociale est établi après six mois de peur ou d’anxiété intense et constante face à des situations sociales. Un diagnostic de dépression, en revanche, peut être posé si, pendant deux semaines, vous « éprouvez un manque de plaisir dans presque toutes les activités, toute la journée et presque tous les jours », en plus d’autres changements notables au niveau de l’appétit, du sommeil, de l’énergie et des capacités de prise de décision.
Bien sûr, ce n’est pas parce que vous vous coupez un peu de vos amis pendant quelques semaines que vous souffrez nécessairement de dépression ou de troubles d’anxiété sociale. Après tout, vivre une pandémie n’est pas vraiment amusant. Mais c’est une raison de plus pour en parler à un professionnel de la santé à un moment donné.
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