Qui n’a jamais vu un mec avec une main dans le falzar ? Si l’on en croit Reddit, les hommes se touchent le pénis entre 23 et 30 fois par jour. Il existe plusieurs explications à ce comportement, tant chez les adolescents que chez les adultes ; irritation post-épilation, affirmation d’une virilité, pantalons trop serrés – même des concepts sociaux comme le « besoin d’appartenance » semblent jouer un rôle.
Mais pourquoi le fait de se balader avec une main dans le fute est-il un comportement spécifiquement masculin, et pourquoi il n’y a-t-il aucune honte à le faire ?
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« Je dirais que le sentiment d’appartenance est un élément central au bien-être. Les hommes qui font ce geste ont le sentiment d’appartenir à une tribu, explique Jo Ryder, psychothérapeute à l’approche intégrative. Le pénis est un symbole fort de la masculinité, et tous les hommes ont envie qu’il fonctionne bien. C’est un peu le message. Les personnes qui viennent me voir sont rongées par l’anxiété. Poser la main sur son pénis, ça a quelque chose d’arrogant, [ça] montre une confiance en sa masculinité. »
Selon des données scientifiques, un toucher physique de faible intensité libère de l’ocytocine dans le cerveau, explique le Dr Andras Kolto, chercheur postdoctoral au NUI Galway. L’ocytocine est un neuropeptide qui joue un rôle dans les liens sociaux et la régulation de notre humeur. « Cette hormone a de nombreux effets bénéfiques sur notre santé et notre bien-être », explique-t-il. « Elle permet par exemple de réduire l’anxiété. »
« Le but de ce comportement n’est pas lié à une stimulation érotique. Il s’agit plutôt de vérifier que vos “bijoux de famille” sont toujours là » – Andras Kolto
On sait que l’ocytocine est produite lorsqu’une personne que nous aimons nous touche, que ce soit de manière sexuelle ou non. Mais est-ce que cela s’étend au fait de se toucher soi-même ? C’est ce qu’affirme Joe – un trentenaire qui, comme tous les hommes à qui j’ai parlé, a voulu garder l’anonymat pour s’exprimer honnêtement sur sa passion de se tripoter l’entrejambe.
« Je ne le fais jamais en public, il y a des hommes que ça ne gêne pas. Pas moi », confie-t-il dans un DM Instagram. « Je le fais inconsciemment en regardant le journal télé, ou un film. Ce n’est pas du tout sexuel. C’est comme avoir un doudou un peu particulier. »
L’explication de Joe est assez proche de la vérité, selon Kolto. « Comme cela concerne leurs organes génitaux, il y a bien une connotation sexuelle – mais le but de ce comportement, au niveau conscient, n’est pas lié à une stimulation érotique. Il semble plutôt s’agir de vérifier que vos “bijoux de famille” sont toujours là – ou alors, c’est qu’ils vous grattent. »
Selon Ryder, il existe une autre théorie selon laquelle ce serait une manière pour les hommes de renouer avec leur masculinité, il a un « aspect tribal » et seuls certains groupes le font.
« Les psychologues voient cela comme des comportements d’auto-apaisement », dit Kolto. « Je ne connais pas de statistiques, [mais] je crois que beaucoup d’hommes touchent ou jouent avec leurs parties intimes, même si la majorité d’entre eux ne le font que lorsqu’ils sont seuls, ou entre hommes où ce geste ne sera pas mal vu. »
Joe reconnaît qu’il s’agit d’un comportement d’auto-apaisement – comme se ronger les ongles, sucer son pouce ou fumer une cigarette – en partie conscient et en partie automatique. « Je n’ai jamais ressenti le besoin de le faire dehors. Ça pourrait m’attirer des ennuis. »
Mais que faire si vous ne pouvez tout simplement pas vous empêcher de le faire ? « Je ne fais pas ça pour me branler en public », confie Ron, 29 ans, qui travaille dans la filtration industrielle. « C’est juste une habitude dont je n’arrive pas à me défaire. »
Andras donne le conseil suivant : « En psychothérapie, nous apprenons souvent aux patients aux prises avec une habitude aussi tenace à repérer quand ils le font. C’est la première étape pour s’en débarrasser. »
« Des gens le font aussi comme un symbole de statut. Pour dire : “je suis un vrai mec”. En public ou à la maison, c’est une question de confort » – Martin.
Selon lui, le phénomène pourrait être attribué à la masculinité toxique. « Il s’agit des organes génitaux masculins, après tout. Certains hommes, en particulier ceux qui ne sont pas sûrs de leur masculinité, ou ceux qui se sentent sous la pression d’attentes irréalistes sur la façon de se comporter pour être considérés comme assez virils, peuvent ressentir une forte anxiété. »
Martin, un fonctionnaire d’une trentaine d’années, offre une raison plus pragmatique au fait qu’il a souvent la main sur son sexe. « On prend la ficelle des bas de survêtements, on l’attache autour de la drogue et on laisse le paquet reposer près des couilles. Comme ça, si vous êtes fouillé, ils ne peuvent pas les toucher, c’est considéré comme une fouille corporelle. »
Pourtant, Martin admet régulièrement le faire pour des raisons qui n’ont rien à voir avec la drogue. « Des gens qui ne vendent pas de drogue le font aussi, comme un symbole de statut. Comme pour dire “je suis un vrai mec”. En public ou à la maison, c’est une question de confort. »
Hormis le trafic de drogue, comment savoir quand l’envie de gratter, de caresser ou de jouer avec votre bite en public bascule dans l’indécence ?
« Si vous vous apercevez que vous fourrez les mains dans votre pantalon en public, ou si quelqu’un vous le signale, je tiens d’abord à vous rassurer : il s’agit d’une envie tout à fait normale – à moins que cela ne devienne compulsif », explique Andras. « En revanche, on ne peut pas se promener en public en tripotant ses parties intimes. »
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