Société

Pourquoi les parents blancs devraient parler de racisme à leurs enfants

Une manifestante lors d'une récente marche BLM à Londres

Toute ma vie, mes parents m’ont parlé ouvertement de racisme. Bien sûr, comme tous les parents noirs, ils auraient préféré ne pas avoir à le faire, mais nous y voilà. Parfois, c’est une blague sur la nourriture ou la musique, ou sur le déclin d’Arsenal depuis que l’équipe n’est plus à prédominance noire. Mais le plus souvent, c’est sérieux et dans ces cas-là, la peur dans leur voix suffit à me donner envie de brûler le système, deux fois.

Il faut savoir que la grande majorité des parents noirs anglo-saxons ont « la discussion », c’est-à-dire une conversation avec leurs enfants sur les moyens d’éviter d’être tués par un acte de violence raciste, qu’il soit commis par les dépositaires de l’autorité publique ou autrement. Mais contrairement à la croyance populaire, il ne s’agit pas d’une seule grande discussion, mais plutôt d’une série interminable de conversations sur la manière de manœuvrer dans des situations potentiellement dangereuses – aussi bien personnelles, professionnelles, que politiques – qui se transforment avec le temps pour répondre au climat de la société. « S’il te plaît, n’oublie pas que tu es noir », m’ont-ils dit quand, à l’âge de dix ans, j’ai quitté Lagos, au Nigéria, pour aller à l’école à Bath, en Angleterre (l’endroit le plus blanc sur terre). « Tu n’auras pas les mêmes chances que tes nouveaux amis. »

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Ce rituel est tragiquement nécessaire, mais parfaitement absurde. Le racisme n’a rien à voir avec les actions de la communauté noire. Les parents ne devraient pas avoir à demander à leurs enfants de moduler leur comportement pour s’adapter à un système défaillant. Il est clair qu’il s’agit d’une conversation que les parents blancs devraient avoir avec leurs enfants pour s’assurer que ces derniers comprennent leur responsabilité dans la lutte contre les préjugés. C’est pourquoi, lorsque j’ai découvert récemment que la plupart des familles blanches n’ont pas de discussion formelle sur le racisme, j’ai eu du mal à comprendre.

Pour savoir comment cela est possible, j’ai interrogé dix personnes blanches sur le sujet, des personnes que je connais comme étant socialement libérales et partisanes de la cause Black Lives Matter et qui, je le pensais, étaient les plus susceptibles d’avoir ces conversations ouvertes à la maison.

Will, 27 ans

« Je n’ai jamais eu “la discussion” avec mes parents. Peut-être pensaient-ils qu’ils n’avaient pas à le faire parce que nous vivions dans un quartier de l’est de Londres très diversifié sur le plan ethnique et que beaucoup de mes camarades de classe et de mes coéquipiers étaient noirs. Ou peut-être qu’ils ne voulaient pas. En privé, il y avait parfois des blagues sur les couleurs, mais on m’a toujours appris à “ne pas être un con avec les gens”. C’était une mesure protectrice plus qu’active, un moyen de s’assurer que vous ne vous causez pas d’ennuis : il faut être intelligent, faire attention à la façon dont vous traitez les autres, montrer du respect à ceux qui vous entourent.

L’endroit où mes parents vivent aujourd’hui est l’une des municipalités les plus pro-Brexit du pays. Il y règne un niveau d’ignorance qui se manifeste par de l’agressivité lorsqu’on le conteste. Mes parents ont pu voir cette agressivité de première main à Londres lorsqu’ils étaient enfants : au sein du Front national britannique et parmi les racistes qui fréquentaient les pubs respectifs que leurs parents dirigeaient. Cela a eu un effet massif sur la personnalité de mes parents. Ils veulent simplement une vie paisible, et le moyen le plus simple d’y parvenir est de se taire. Je n’ai donc pas été élevé à considérer les facteurs externes qui faisaient que les frères aînés de mes amis étaient conduits hors de notre immeuble par la police au milieu de la nuit. Mes parents se sont éloignés de la politique comme s’ils ne la comprenaient pas. Trop intelligents pour le racisme exacerbé de l’extrême droite et trop aliénés par l’intellectualisme apparent de la gauche. Peut-être qu’ils ne m’ont pas expliqué le racisme parce qu’ils ne savaient pas comment, ne voulaient pas dire ce qu’il ne fallait pas dire.

En vieillissant, je suis devenu plus conscient des problèmes de discrimination raciale et d’injustice. Je me suis senti plus à l’aise pour interroger mes parents sur leurs sentiments. Bien que prudents, ils sont largement tolérants et acceptants. Mais ils reconnaissent les problèmes fondamentaux de la société sans voir comment ils peuvent influer sur le changement. « Ça a toujours été comme ça. »

Claire, 25 ans

« J’ai grandi dans une banlieue de Leeds à prédominance blanche (il y avait deux Noirs dans mon école). Les seules fois où j’ai parlé de racisme avec mes parents, c’était pour leur expliquer pourquoi il y avait certaines choses à ne pas dire. Mon père disait toujours que les hommes noirs étaient “cool”. La fille d’une amie de ma mère, Molly, a un petit ami ghanéen, et dès que ma mère parlait de lui, elle parlait du “petit ami ghanéen de Molly” avec un léger clin d’œil, comme si le pays d’où il vient le rendait coquin ou autre. D’autres fois, il leur arrive de mentionner la couleur de peau d’une personne uniquement dans le contexte d’un événement malheureux.

Je suis rentré chez moi à cause de la pandémie de coronavirus, et depuis les manifestations de Black Lives Matter, mes parents et moi avons commencé à parler davantage de racisme. Mon père n’était pas d’accord avec le déboulonnage des statues. “Pourquoi n’ont-ils pas simplement mis une plaque à côté de Colston pour expliquer qu’il était mauvais ?” a-t-il demandé. Alors je lui ai dit ce que j’avais entendu dire par d’autres : que les Noirs ne devraient pas avoir à se promener dans leur ville en regardant le visage des hommes qui ont asservi leurs ancêtres. Qu’il est parfait qu’un homme qui a transporté des gens enchaînés à travers la mer, pour une vie de misère et de cruauté, tombe dans cette même eau.

« Ma ville natale est incroyablement blanche, ce qui explique peut-être pourquoi le racisme ne leur a jamais semblé être un sujet de conversation urgent », Richard, 27 ans

Une autre fois, quand les trois hommes ont été arrêtés pour la mort de George Floyd, mon père a dit : “Les manifestants n’ont-ils pas atteint leur objectif ? Quand cela va-t-il se terminer ?” J’ai dit que cela se terminera quand le racisme prendra fin. Quand les meurtriers de Breonna Taylor, Mark Duggan, Eric Garner auront été inculpés. Quand les Noirs auront les mêmes chances que celles qui m’ont été données. Il était distrait par le pain à l’ail qu’il avait oublié de sortir du four. Mais à un autre moment du dîner, j’ai dit qu’il était étrange que je n’ai jamais eu de professeur noir de ma vie, même pas à l’université. Mon père s’est levé. “Alors c’est là que ça se termine ?” Je lui ai demandé ce qu’il voulait dire. “Peut-être que ces manifestations sont bonnes parce qu’elles attirent l’attention sur des choses comme ça ?” »

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Photo : Alex Rorison.

Richard, 27 ans

« Mes parents sont des libéraux bien intentionnés qui ne m’ont pas dit grand-chose sur le racisme en grandissant, si ce n’est de vagues platitudes sur l’égalité de tous. Ils ne nous ont jamais demandé de nous asseoir pour avoir une discussion sortie de nulle part. Au lieu de cela, ils nous ont nourri, mes frères et moi, de l’idée que la discrimination était mauvaise en réagissant, au fur et à mesure, aux intrigues et aux tragédies des actualités. En toute justice pour eux, ils ont au moins réussi à faire passer le message suivant : “Le racisme est néfaste, tout simplement !”

Ma ville natale est incroyablement blanche, ce qui explique peut-être pourquoi le racisme ne leur a jamais semblé être un sujet de conversation urgent, contrairement au sectarisme, qui, étant donné que nous vivions dans le centre de l’Écosse, leur semblait être un problème plus pressant. Mais en fait, le fait de grandir exclusivement aux côtés de personnes blanches signifiait que j’avais besoin qu’on m’en apprenne davantage, et non moins, sur le racisme. »

Jess, 35 ans

« Comme beaucoup de Blancs, je ne me souviens pas d’avoir eu “la discussion” sur le racisme. Ma sœur est à moitié indienne (son père est indien et notre mère est blanche), mais je ne me souviens pas qu’on en parlait en termes d’ethnie, plus de parenté.

La première fois que nous sommes allés en Inde, ma mère m’avait préalablement appris les dégâts causés par l’Empire britannique. Comme beaucoup de Blancs libéraux de la classe moyenne, ma mère peut être bien intentionnée mais maladroite. Lorsque nous étions en Inde et que nous visitions un vieux temple, elle s’est en fait excusée auprès d’étrangers pour la façon dont le Raj avait volé leur pays. “Je suis désolée pour les Britanniques”, disait-elle, souriante, attachante et franche. “Je suis désolée pour ce que nous avons fait.” J’ai été élevée de sorte à parler de tout – la classe, le sexe, le handicap, l’argent. Parlez-en. Ne prétendez pas que ce n’est pas là. Cette approche n’est pas très sophistiquée, et parfois elle fait probablement plus de mal que de bien.

Enfin, en tant que mère d’un enfant de 2 ans et demi, vivant dans ma ville natale, je sais que je dois faire mieux. Juste avant le confinement, un réfugié soudanais a vécu avec nous pendant un certain temps, et j’ai donc lu à mon fils des livres pour enfants sur l’expérience des réfugiés. Nous lui avons lu des livres mettant en scène des personnages et des familles non blancs. La semaine dernière, nous avons également emmené mon fils à une manifestation socialement distante de Black Lives Matter. Mais la vérité est que je n’ai pas beaucoup d’amis qui ne sont pas blancs. Je ne l’élèverai pas dans un foyer mixte. En fait, à la crèche, mon fils a plus d’amis de couleur que moi. J’ai peur que, au bout du compte, je ne répète les erreurs de mes propres parents. Je suis peut-être bien intentionnée, mais je peux aussi être maladroite. »

John, 28 ans

« Je ne me souviens pas d’avoir eu une discussion spécifique, ce qui est un pari assez énorme, en y réfléchissant. L’un des plus grands facteurs de dissuasion pour avoir des enfants, à mon avis, est la possibilité de mettre au monde par inadvertance un nouveau crétin réactionnaire.

Je me souviens que le racisme est apparu tout au long de mon parcours scolaire et qu’on m’a parfois demandé de dessiner des affiches pour le dénoncer. Il en résultait invariablement que toute la classe – quel que soit le groupe d’âge – produisait des images identiques d’énormes bras de différentes couleurs, reliant et serrant des mains autour d’un globe terrestre au rendu inexact. Je suppose que cela devait servir à rappeler périodiquement que le racisme était mauvais et la diversité bonne. Et que le fait d’exprimer ce simple fait par un gribouillage banal qu’on nous avait demandé de copier était une preuve suffisante pour que nous comprenions. C’est probablement ce genre de réflexion qui a influencé ceux qui, comme mes parents, n’intervenaient pas. Je ne suis jamais rentré chez moi avec des croix gammées gravées dans le bras, donc je n’avais pas besoin qu’on m’en parle.

« Ce n’est que lorsque je l’ai vu au travail, dans un environnement inconnu, loin de notre maison ou de la sienne, que j’ai réalisé à quel point il était souvent “la seule personne différente” dans la pièce, et à quel point il devait être obligé d’y penser » – Lisa, au sujet d’un ami jamaïcain

Je suis extrêmement reconnaissant envers mes parents pour les valeurs qu’ils ont tenté de me transmettre. J’aime aussi me considérer comme quelqu’un qui n’est pas raciste, qui est vigilant aux attitudes racistes, et pourtant je suis souvent pris de court en découvrant les façons dont il se manifeste et que j’aurais dû savoir il y a longtemps. Il serait tout à fait injuste de tenir mes parents pour responsables de cette situation. Il est extrêmement difficile, après tout, d’enseigner des choses que l’on ne connaît peut-être pas soi-même. »

Lisa, 32 ans

« Ma famille est d’origine écossaise, mais nous avons toujours vécu dans une banlieue du sud de Londres. La question du racisme se posait souvent. Ma grand-mère me racontait comment la région avait “changé”, ce qui, même enfant, était un euphémisme pour dire qu’elle se diversifiait. Mon père a abordé ce sujet avec moi. Il m’a demandé ce que je pensais quand elle disait des choses comme ça, et m’a expliqué qu’elle lisait des journaux “de droite” qui “n’aimaient pas les gens qui ne nous ressemblaient pas”.

C’est toujours mon père qui abordait les conversations gênantes avec moi, pareil pour le sexe. Je peux sentir mon estomac se retourner rien qu’en y pensant. Il ne semblait jamais mal à l’aise, mais, en même temps, il avait une façon habile d’utiliser des euphémismes, de dire beaucoup avec très peu de mots et d’en faire une question à poser pour que je m’engage de façon critique et que je forme des opinions. Je ne l’ai jamais entendu dire explicitement : “Mamie est un peu raciste, ne l’écoute pas”, mais il me faisait remarquer avec sensibilité que nous avions des expériences différentes de celles de nos amis non blancs. Pour un baby-boomer qui n’est pas allé à l’université, je suppose que ce n’est pas si mal, mais j’aime à penser que je pourrais être plus directe avec mes enfants.

Quand j’avais environ 14 ans, j’ai travaillé avec le meilleur ami de ma mère dans une cuisine où il était le chef adjoint. C’est un Jamaïcain d’1m80 qui a grandi à Hackney. Il m’est alors venu à l’esprit que, bien que je le connaisse depuis aussi longtemps que je me souvienne, nous n’avions jamais vraiment discuté de racisme. Je ne me souviens pas non plus que ma mère ou mon père aient abordé le sujet. Ce n’est que lorsque je l’ai vu au travail, dans un environnement inconnu, loin de notre maison ou de la sienne, que j’ai réalisé à quel point il était souvent “la seule personne différente” dans la pièce, et à quel point il devait être obligé d’y penser. »

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Photo : Alex Rorison

Rachel, 27 ans

« Je ne me rappelle pas avoir eu une discussion sur le racisme. Pour autant que je sache, tout ce que j’ai appris a circulé au goutte à goutte dans mon éducation et mon environnement. J’ai grandi à Leicester, qui compte une forte population d’Indiens britanniques et qui est assez bien intégrée ; tout le monde assiste à la fête des lumières de Diwali, et il y a un quartier appelé le Golden Mile où ma mère m’emmenait acheter de la nourriture le week-end. À l’école aussi, ils ont fait un gros effort pour nous enseigner les différents aspects de la culture indienne, sans doute pour encourager les étudiants blancs à être des gens décents.

« Je pense que peu de Blancs ont une conversation sur le racisme avec leurs parents. Pour moi, cela rejoint la maxime selon laquelle, pour “les Blancs, l’ignorance est le bonheur » – Rob, 26 ans

Mais je me souviens d’une amie noire à l’école primaire qui me parlait du racisme qu’elle avait subi. Je dirais donc qu’il s’agissait d’une accumulation de petites conversations plutôt que d’une grande discussion. Ma mère a fait un effort particulier pour m’élever à être empathique envers tous ceux que je rencontrais. Elle est ouvrière et handicapée, et a travaillé auparavant comme infirmière en santé mentale, donc l’importance d’être ouvert à différents types de personnes a toujours été ancrée en moi. Si elle avait entendu quelque chose de fanatique, comme une insulte ou une opinion anti-migrants – au pub, par exemple – elle en parlait à son retour et me disait ce qu’elle disait en réponse. Elle m’a donné un bon exemple à suivre. »

Emma, 32 ans

« Je n’ai jamais eu une conversation spécifique avec mes parents sur le racisme, ce qui est une marque de privilège, je le sais. J’ai grandi en banlieue et mon école publique était majoritairement blanche, bien qu’il y ait eu un bon nombre d’élèves asiatiques et noires. Je me souviens que la logique qui prévalait dans ma maison était de ne traiter personne différemment en raison de son apparence ou de son origine ethnique.

J’ai eu la chance que mes deux parents parlent des langues différentes et nous ont toujours encouragés à faire de même et à élargir nos cercles sociaux au-delà des personnes qui nous ressemblaient. Ma mère est ensuite devenue enseignante d’anglais en tant que langue étrangère et discutait souvent des situations difficiles de certains de ses élèves, principalement des immigrés, et de la façon dont le gouvernement les laissait tomber. J’ai définitivement absorbé la passion de mes parents pour l’égalité pour tous et la confiance en soi pour repousser l’autorité, en particulier dans les cas de discrimination. Je reconnais que j’ai de la chance de pouvoir le faire sans craindre les conséquences. »

Rob, 26 ans

« Je pense que peu de Blancs ont une conversation sur le racisme avec leurs parents. Pour moi, cela rejoint la maxime selon laquelle, pour “les Blancs, l’ignorance est le bonheur”.

Ce qui a été le déclic pour moi, c’est quand j’ai été arrêté pour avoir raconté des blagues racistes à l’école, à mes camarades de classe, majoritairement blancs, vers l’âge de 13 ans. Un autre élève s’est courageusement plaint, et j’ai dû aller à une réunion avec mes parents et les siens. On m’a fait ressentir une grande honte. Mais pour mes parents, ce n’était pas plus grave que, par exemple, se battre pour une carte Pokémon ou arroser quelqu’un avec de l’eau. Pour eux, le racisme est quelque chose qui arrive aux autres, ce n’est pas leur problème. “Les autres”, bien sûr : ceux qui ne sont pas comme eux et qui ne bénéficient donc pas d’une humanité de base. C’est une leçon que je n’ai comprise que des années plus tard.

Cela commence à changer maintenant, et les conversations avec eux vont dans le sens de la justice, grâce au travail nécessaire et déprimant effectué par BLM et d’autres mouvements de défense des droits dans le monde. Mieux vaut tard que jamais, je suppose. »

Alex, 29 ans

« Quand j’avais 15 ans, j’ai trouvé une carte d’adhésion au Parti national britannique [le Parti national britannique est un parti nationaliste d’extrême droite, NDLR]. Mon cœur s’est brisé. Tout était là : le nom, l’adresse et le numéro de téléphone de mon grand-père. Je n’aurais pas dû être surpris. Enfant, nous allions souvent chez mes grands-parents, et mon grand-père, oscillant quelque part entre sa cinquième et sa sixième pinte, déchargeait des torrents de propos racistes sur une variété de personnes, de personnages et de choses – certains présents, d’autres non. Parfois, je me disputais avec lui. Parfois, je restais assis en silence, sous le regard de ma mère, me demandant de ne pas intervenir et de ne pas le provoquer.

Je n’arrivais pas à m’y faire. Comment quelqu’un pouvait-il être si rempli de haine ? D’où cela venait-il ? Ma mère me disait : “Le truc avec les gens comme lui, c’est que leur vie est pleine de haine et de tristesse. Je ne sais pas pourquoi il est comme ça, mais ne deviens jamais comme lui. Les gens méritent d’être bien traités, peu importe qui ils sont, et il ne faut jamais l’oublier.”

Ma mère est la raison pour laquelle je suis ce que je suis aujourd’hui. Elle m’a appris à traiter tout le monde avec équité et gentillesse, même si elle n’a jamais entrepris de parler de racisme avec moi. Nous nous sommes en quelque sorte retrouvés forcés d’apprendre, de comprendre et, finalement, de lutter contre cela, par les divagations dérangeantes d’un vieil ivrogne raciste. »

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