Brasser sa propre bière à domicile n’est vraiment pas le truc qui me tente le plus au monde. La binouze que j’achète dans le commerce est à un prix raisonnable, facile d’accès et elle a plutôt bon goût. Ce qui fait que, pour moi, le brassage maison est la réponse à un problème qui n’existe pas – exactement comme le grille-pain intelligent ou le reboot réaliste de Super Mario.
Voilà comment je me procure de la bière : je vais dans ma bagnole, je conduis jusqu’au magasin le plus proche, je choisis un pack que j’accompagne de quelques trucs à grignoter, je donne ma carte de crédit au caissier, je retourne dans ma bagnole puis chez moi et je bois la bière susmentionnée. Rapide et simple.
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Occasionnellement, je chope ma bière un peu différemment : je vais jusqu’à ma boîte aux lettres, je l’ouvre, je prends un paquet avec de la bière à l’intérieur, j’ouvre mon courrier et je bois ma bière. Si vous n’avez jamais reçu de la bière par courrier, vous devriez essayer, c’est kiffant et ça vous réconcilie avec La Poste.
Le truc c’est que je suis un vieux con et que je cherche surtout à ne pas me compliquer la vie. Je ne suis pas persuadé que le processus qui aboutit à la consommation de ce liquide houblonné doit aussi inclure une étape durant laquelle je vide mon garage, je crée un espace aseptisé et j’y colle une sorte de container à la R2-D2 devant lequel j’attends super longtemps.
Il faudrait que la bière soit un nectar divin pour que je mette plus d’énergie que conduire ma caisse jusqu’au magasin en bas de la rue.
Je suis certain qu’il y a des mecs ici qui brassent leur binouze à domicile en installant par exemple un Brewbot dans la cabane au fond du jardin. Ce n’est pas mon cas. Il faudrait que la bière soit un nectar divin pour que je mette plus d’énergie que « conduire ma caisse jusqu’au magasin en bas de la rue ».
Il y a bien sûr d’autres moyens de faire sa propre bière. Vous avez un PicoBrew à 800 balles qui accouche d’une Rogue Dead Guy Ale seulement 33 % plus cher que ce que vous auriez dépensé en magasin – heureusement, l’appareil est minuscule, vous n’avez donc pas besoin de construire une nouvelle pièce dans votre baraque. Apparemment, il y a aussi une Keurig qui va sortir mais c’est le genre de marque capable de foutre en l’air un sandwich au fromage. Je ne fondrai donc pas tous mes espoirs dans ce produit.
Après, je comprends les brasseurs amateurs. J’ai demandé et reçu une machine SodaStream à Noël donc moi aussi j’ai cette étincelle qui pousse parfois les gens à jouer au petit chimiste dans la cuisine. Par contre, je reconnais mes limites et je trace moi-même la ligne dans le sable qui me sépare de ceux qui pratiquent le brassage maison, font leurs propres pâtes et pressent leurs propres jus.
Ce sont des hobbies et ça ne me regarde pas, mais quand j’ai envie de manger ou de boire, je ne veux pas commencer par télécharger un PDF ou débrancher ma machine à laver. Il y a certaines choses qui ne requièrent pas forcément une version high-tech ou une appli mobile, elles sont ce qu’elles sont : simples, à l’ancienne ou juste putain de bonne. Maintenant, vous m’excuserez mais je dois aller lire un bouquin sur mon Kindle et demander à Alexa de lancer le Roomba tout en téléchargeant des livres audio sur mon iPhone.
Voilà une liste non exhaustive des binouzes que j’ai avalées ces dernières semaines et qui n’ont visiblement pas été faites par des amateurs :
Not Your Father’s Vanilla Cream Ale
Mon père n’était pas très porté sur la vanille mais s’il l’avait été, je pense qu’il aurait pu acheter ce genre de bière. Je m’avance un peu parce qu’il est mort avant que j’ai pu lui demander. Comme d’hab’, la NYFVCA ressemble aux autres petits trésors de la brasserie Smalltown – surprenante et délicieuse, avec très peu (si ce n’est pas) de ses saveurs qu’on trouve traditionnellement dans la bière. La formule sucrée peut être super écœurante. Not Your Father’s Root Beer était une telle nouveauté pour moi que j’ai fini deux caisses au moment de sa sortie avant de ne plus y toucher du tout. Là, j’essaie de ne pas me gâcher la Vanilla Cream Ale aussi vite. Ça se trouve, elle est beaucoup plus succulente.
Leinenkugel’s Bavarian Dunkel
Leinie décrit cette lager comme une « bière brune moyennement corsée avec une touche de baies ». Laissez-moi reformuler ça : « Un cendrier avec un goût de cake aux fruits qui n’a fait qu’accentuer ma haine de moi-même ». Bref, un « non merci » qui vient du cœur. Petite suggestion : si vous essayez d’arrêter de fumer, éloignez-vous de cette bière-là ou vous allez avoir envie d’en boire un pack entier.
Caldera Brewing Ashland Amber
J’ai chopé la canette à 0,99 centime vu que la date de péremption était totalement illisible. Pour les buveurs qui ont plus de discernement que moi, la fraîcheur est une information cruciale qui peut remettre en cause n’importe quel échange commercial. Mais pour les chasseurs de bière un peu débilos comme moi, le prix particulièrement bas était beaucoup trop attractif pour que l’enjeu sanitaire prenne le pas sur le reste. Contrairement à ce qui était indiqué sur l’emballage, je n’ai pas eu envie de faire du vélo, du rafting ou du snowboard après l’avoir bue. J’étais pas loin de m’envoyer une autre de cette petite mousse de la côte Pacifique, assez fine et équilibrée sans être dingue non plus.
New Belgium + Ben & Jerry’s Chocolate Chip Cookie Dough Ale
Ce truc a exactement la gueule de l’emploi. Terriblement sucré mais aussi léger et vaporeux comme peut l’être une glace Ben & Jerry’s. La bière se dissout de manière très plaisante sur la langue. Cela aurait été probablement un désastre si elle avait été confiée à une autre brasserie, mais bizarrement, c’est une bière « fantaisie » plutôt agréable à boire. Je ne vais pas en acheter d’autres, mais si un mec chelou décide de m’en tendre une à une soirée, je la boirai. Avant de me casser. (Je suis un mec plutôt asocial).
Schlafly Christmas Ale
On n’y va pas de main morte sur l’alcool chez Schlafly – ce que personne ne leur reprochera. Par contre, les autres caractéristiques de la bière ne fonctionnent pas du tout chez moi. Il y a juste trop d’épices. Il y a juste trop d’épices différentes. Cela empêche la Christmas Ale d’être un truc cohérent. Si vraiment c’est ce que vous cherchez, buvez du vin chaud à la place. Ou même du gin. J’aime bien le gin.
Ballast Point Peppermint Victory at Sea
Ballast Point se lance souvent dans des expérimentations qui déchirent. Victory at Sea n’est pas une exception. Comme dans la production de tous les génies, il y a des hauts et des bas. Même Kanye a eu son Yeezus, vous savez ? Pour moi, la version Peppermint de la Victory at Sea est très Yeezus. Mais j’attends avec impatience que Ballast Point sorte son Life of Pablo.