On ne sait pas si Joël Robuchon aimait dire que sa purée de pomme de terre était de la « bombe » mais sachez que les mots « patate » et « grenade » ont fait à plusieurs reprises les gros titres – et OK, ça n’a strictement rien à voir avec le chef multi-étoilé.
Samedi dernier, une équipe de démineurs s’est par exemple rendue dans l’usine d’une entreprise de snack hongkongaise parce qu’au milieu des pommes de terre en train d’être traitées, une vraie grenade avait fait son nid selon le South China Morning Post.
Videos by VICE
Aussi sale et crottée que les tubercules, le petit engin explosif était passé inaperçu, seul son poids pouvant le différencier d’une patate (il est plus lourd). Après quelques heures de travail, les techniciens sont parvenus à désamorcer le vieux mécanisme sans causer le moindre blessé.
En 2015, des ouvriers avaient déterré une grenade dans un McDonald’s du Maryland. Selon le démineur intervenu sur place, elle venait d’une ancienne base militaire située à proximité.
Dave Macri, professeur d’histoire militaire à l’Université de Hong Kong, a déclaré au SCMP que la grenade de fabrication allemande avait probablement été laissée par les soldats de la Première Guerre mondiale dans une tranchée qui était ensuite devenue depuis un terrain propice à la culture de la pomme de terre. Tout ça en France.
Et ce n’est pas la première grenade à faire parler d’elle. Le week-end précédent, des pêcheurs d’Ocala, en Floride, ont provoqué l’évacuation d’un Taco Bell après avoir apporté une grenade de la Seconde Guerre mondiale qu’ils venaient de sortir de la rivière.
La police d’Ocala a déclaré à MUNCHIES qu’elle ne savait pas comment la grenade avait atterri dans la rivière ni pourquoi elle avait accompagné les pêcheurs jusqu’au Taco Bell. Un autre incident mélangeant grenade et restauration rapide avait eu lieu en 2015. Des ouvriers du bâtiment avaient déterré une grenade dans un McDonald’s du Maryland. Selon le démineur intervenu sur place à l’époque, elle venait très probablement d’une ancienne base militaire située à proximité.
Le centre-ville d’Ocala n’est pas très éloigné de Pinecastle Impact Range, un spot au milieu de la Ocala National Forest utilisé par la Navy pour tester bombes et explosifs depuis la Seconde Guerre mondiale. Selon Gizmodo, c’est aussi ce qui cause les bruits d’explosion, les mini-tremblements de terre et la présence de munitions d’époque dans le coin.
« Les terres agricoles en France contiennent une grande quantité de vieilles munitions et il est très difficile de les localiser et de les enlever. »
Personne n’a été blessé mais ces vestiges sont dangereux – voire mortels. Et les agriculteurs sont particulièrement exposés. Une fois les guerres terminées, les champs de bataille deviennent souvent des champs – tout court – où se côtoient restes de grenades et d’obus.
En 2011, un producteur canadien de pommes de terre cultivait ses terres lorsqu’il est tombé lui aussi sur une grenade de la Seconde Guerre mondiale. En juillet dernier, c’est un agriculteur britannique qui avait trouvé une bombe de la même époque.
Comme le rapportait le New York Times en 2014, plusieurs agriculteurs belges vivent dans la peur car les experts estiment que près de 30 % des obus d’artillerie qui ont été tirés dans le pays pendant la Seconde Guerre mondiale n’ont jamais explosé.
« En France, la quantité de munitions des deux guerres mondiales n’ayant pas explosé est importante. La Première Guerre mondiale, sur le front occidental, s’est principalement déroulée là-bas et les troupes ont régulièrement mené des attaques à l’aide de grenades comme celle qui a été accidentellement expédiée à Hong Kong », écrit Macri à MUNCHIES dans un mail. « Les terres agricoles en France peuvent contenir une grande quantité de vieilles munitions et il est très difficile de les localiser et de les enlever. »
Selon l’article du Times, les agriculteurs ne sont pas unanimes quant à cette pratique : déterrer ces explosifs profondément enfouis pourrait altérer le sol de leurs exploitations agricoles.
Dans les Flandres par exemple, il reste des stigmates de la bataille de Messines (1917). Une vaste opération de minage avait été lancée par les Britanniques avant l’offensive : des kilomètres de tranchées avaient été creusés sous les lignes allemandes puis remplies d’explosifs. Tous n’ont pas sauté et certains sont encore enterrés aujourd’hui dans le sol belge.
En 2004, le Telegraph rapportait l’existence d’une ferme construite au-dessus d’une de ses tranchés et qui continuait de fonctionner malgré la présence d’un arsenal de plusieurs dizaines de milliers de kg de munitions sous leurs pieds.
Aujourd’hui, ces obus souterrains peuvent être trouvés en utilisant un radar. Idéalement, ils sont ensuite « détonés » dans un coin protégé. Selon l’article du Times, les agriculteurs ne sont pas unanimes quant à cette pratique : déterrer ces explosifs profondément enfouis pourrait altérer le sol de leurs exploitations agricoles.
« [Le stock d’explosifs] ne m’empêche pas de dormir la nuit », avait déclaré le fermier vivant au-dessus de ce champ de mines au Telegraph. « C’est là depuis tout ce temps, pourquoi ça devrait péter maintenant ? »
Cet article a été préalablement publié sur MUNCHIES US
MUNCHIES est aussi sur Instagram, Facebook, Twitter et Flipboard