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Musique

RZA sait comment fabriquer l’arme la plus puissante du monde

RZA peut maintenant ajouter « réalisateur » à son CV déjà bien rempli.

J’imagine qu’en tant que journaliste musical, je devrais conserver un air cool et nonchalant en fumant négligemment des cigarettes dans mon appart rempli de vinyles, mais j’ai décidé de me mettre à votre niveau : c’est embarrassant, mais j’admire RZA au plus haut point. Depuis son rôle essentiel dans le meilleur groupe de hip-hop qui ait jamais fait l'honneur à notre pauvre planète mourante d'exister, RZA est le nouveau roi Midas : tout ce qu’il touche se transforme en un gros tas d’or. Quand j’ai réussi à le joindre au téléphone pour lui parler de ses débuts dans la réalisation, j’étais tellement excité que j’en ai pété mon stylo préféré.

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RZA peut maintenant ajouter « réalisateur » à son CV déjà bien rempli. Son festival de baston et d’arts martiaux, L’homme aux poings de fer, sortira début janvier en France. C’est Bobby Digital en personne qui a écrit (avec l’aide d’Eli Roth), réalisé le film et composé la B.O. du film. On a parlé de ses relations avec Quentin Tarantino, de sa nouvelle carrière de réalisateur et de sa théorie selon laquelle un alliage de métaux pourrait créer « l’arme la plus puissante de tous les temps ».

VICE : J’ai vu le nom de Tarantino partout sur ton film. Comment tu l’as rencontré ?
RZA :Je l’ai rencontré vers 2001. Il venait d’acheter un film qui s’appelle «  Iron Monkey » et il voulait le présenter. Miramax m’a engagé pour en faire la promotion, et je me suis retrouvé à côté de Quentin à une conférence de presse. On est tout de suite devenus potes.

Il est comment ?
C’est une encyclopédie sur pattes. On s’est rapprochés en parlant de films de kung-fu. Je crois que c’était en 2002, j’étais chez lui quand il bossait sur Kill Bill. C’est en matant des films qu’on a sympathisé. On s’est mis à mater quatre films par soir.

Il t’a fait découvrir un réalisateur que tu connaissais pas ?
Il m’a fait découvrir plein de trucs, mec. Tu connais Paul Mazursky ?

Un peu.
On a maté tous ses films. Quentin les a tous en 16 millimètres. On les regardait projetés sur le mur. Je ramenais une meuf, lui aussi parfois, et on passait la journée comme ça.

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C’était comment de travailler sur L’homme aux poings de fer ? En 2012, j’ai l’impression que c’est dur de faire un film en tant que réalisateur et de garder un minimum de contrôle sur le résultat final.
C’était différent pour moi. Je veux pas me la jouer mégalo, mais en gros, les studios m’ont dit qu’on se reverrait pour la sortie – qu’ils n'allaient pas intervenir du tout. C’est vraiment ma vision, et même si j’ai pris en compte leurs conseils, ils ne m’ont pas poussé dans une direction. Mes producteurs voulaient protéger ma vision. Eli Roth savait ce que je voulais faire – il en a entendu parler avant tout le monde et on avait la même chose en tête. Le seul truc qu’il savait pas, c’était comment j’allais donner vie à cette vision.

 T’as pu glisser des petites références ou des surprises bizarres dans le film ?
Ouais y’en a, tu les verras. Déjà, j’ai essayé de mettre autant de logos du Wu-Tang que possible. C’est pour mes fans. Je leur dois bien ça. J’ai mes propres théories et tout. J’ai une théorie sur le magnétisme, le métal, le mercure et tout le bordel. C’est qu’une théorie, mais dans le film, je peux l’utiliser comme la théorie qui permet de forger l’arme la plus puissante jamais créée.

Tu peux m’en dire plus ?
Tu verras dans le film. Tu verras ce qu’il prend et comment il essaie de mélanger ces métaux qui, au vu de leur structure moléculaire, ne devraient pas pouvoir se mélanger. Mais je crois qu’ils peuvent. À une certaine température. Je sais pas si quelqu’un l’a déjà fait, mais c’est un truc auquel j’ai pensé quand j’étais gamin. J’y ai rajouté un peu de magie et je l’ai mis dans le film.

C’est quoi ton style sur le plateau ?
La meilleure façon de me décrire, c’est de dire que je suis le Capitaine Kirk. C’est comme ça que le film s’est fait. J’ai une super équipe, mais si Scotty vient me dire : « Capitaine, on va exploser ! On n’a pas assez de cristaux de lithium, on ne peut pas encaisser ça ! », le Capitaine Kirk répond : « Distorsion 5. » Scotty sait que tout est contre eux, que selon les probabilités et la physique, ils vont exploser. Mais Kirk sait que soit ils explosent, soit ils s’en sortent. Il décide de foncer et ils s’en sortent. C’est le genre de choix que je devais faire tous les jours, le genre de pression que j’avais sur les épaules. Mais j’ai toujours pris les bonnes décisions.

Tu vas continuer à faire des films ?
Oui, c’est ce que je veux faire maintenant. Il faut que tu voies le film. Quand tu le verras, tu m’appelleras et tu me supplieras de continuer à en faire. Je me sens comme quand on a fait 36 Chambers. C’est frais, c’est nouveau, et ça m’ouvre autant de portes que ce premier album. Cet album, c’était des années d’idées accumulées, rassemblées en un album, et ce film, ça a été la même chose pour moi. J’ai même réussi un casting qui me fait penser au Wu-Tang. Beaucoup de personnes avec une forte personnalité se retrouvent autour de la même vision. Ils font de leur mieux, ils donnent tout ce qu’ils ont.

Ça fait quoi de faire ce film, vingt ans après 36 Chambers ?
Ça veut dire que ma génération de rappeurs n’a plus besoin d’aller dans les clubs pour voir sa culture. Beaucoup de gens de ma génération ont des enfants maintenant. On peut pas sortir tous les vendredis et samedis soirs et se mettre une charge. On a une famille. Mais on est toujours dans l’esprit, et on peut aller au ciné. Si tu vas voir le bon film un vendredi soir, t’as l’impression d’être en soirée.

Pour plus de cinéma, allez revoir le sommaire du numéro Film qu'on a sorti en 2009