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LE NUMÉRO MORTS DE RIRE

Gilles Gaston-Dreyfus

Pour moi, Gilles Gaston-Dreyfus est et restera à jamais le Toucan. Pourtant, cet acteur génial a joué dans des tonnes de pièces de théâtre, des centaines de films, et dans presque tous les épisodes du Centre de...

Photos : Maciek Pozoga

Pour moi, Gilles Gaston-Dreyfus est et restera à jamais le Toucan. Pourtant, cet acteur génial a joué dans des tonnes de pièces de théâtre, des centaines de films, et dans presque tous les épisodes du

Centre de visionnage

d’Édouard Baer – dans lesquels il campe un personnage de notaire provincial, bigot et on ne peut plus crapuleux, Maître Morissard. Mais c’est pourtant dans le rôle du Toucan, détective privé sans domicile fixe employé par la fille du président Jacques Chirac pour retrouver son caniche disparu que son image s’est infiltrée dans mon cerveau jusqu’à ce qu’il l’associe à jamais avec ce personnage.

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Cet épisode de

À la rencontre de divers aspects du monde contemporain

, écrit par Baer et Wizman, doit figurer au sommet des trucs qui m’ont fait le plus rire de ma vie. Et je suis loin d’exagérer. J’ai dû mater ce truc une trentaine de fois, je connais les répliques par cœur et j’ai ce mauvais goût de rire fort à toutes les blagues quand je le regarde avec des gens autour de moi. C’est pourquoi, quand a émergé l’idée d’un numéro consacré intégralement à la comédie, je me suis dit que ce ne serait que justice d’interviewer l’acteur qui joue le Toucan. Quand on l’a appelé, il nous a donné rendez-vous à côté de chez lui dans un café près du métro Alésia. On y est allés.

Vice : À quand remonte votre première expérience avec la comédie ? Qu’est-ce qui vous faisait rire quand vous étiez enfant ?

Gilles Gaston-Dreyfus :

Je ne sais pas trop quoi vous dire sur l’humour, parce que c’est vraiment très spécial ; on fait rire, on fait pas rire, c’est bizarre… J’ai fait des études avant, j’étais à l’université, donc vouloir faire du théâtre, c’est quand même venu assez tard. Même si j’ai toujours fait rire les gens, j’étais un peu le rigolo quand j’étais petit. Ça dépend aussi du milieu familial d’où l’on vient. Mon père était un grand déconneur. J’ai baigné dans les blagues. À l’époque, on avait un téléphone bien rudimentaire et la règle dans la famille, c’était de ne jamais dire que quelqu’un avait fait un mauvais numéro. C’était la règle, on se faisait limite engueuler si on avertissait la personne en lui disant : « Non, vous faites une erreur. » Il fallait toujours dire : « Oui, ne quittez pas. » On posait le combiné et on réfléchissait, et si mon père était là, il prenait le téléphone et se mettait à faire une blague. S’il n’était pas là, on le faisait quand même. C’était une tradition familiale. J’étais habitué à faire le con. Le rire, l’humour faisaient vraiment partie de ma famille.

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Vous avez fait quoi comme études ?

J’ai fait médecine, puis j’ai fait l’IEP de Grenoble. Après Sciences Po, j’ai fait du théâtre. Ça m’est venu assez tard, je ne suis pas issu d’une famille de théâtreux. Par exemple, j’ai une sœur qui est peintre, ma mère a fait les Beaux-Arts. Quand j’ai arrêté médecine, je voulais être pris au sérieux, et je savais que Sciences Po allait m’offrir un bagage. Il y avait plein de choses qui m’intéressaient, le journalisme, la politique. Je me suis lancé sans savoir vraiment où je mettais les pieds.

Sorti de Sciences Po, vous ne vous êtes jamais dit que vous pourriez être haut fonctionnaire ou quelque chose comme ça ?

Non, jamais. Je me suis dit : « Si je rate le théâtre, on verra bien. » Je me suis servi de mon diplôme pour bosser dans des boîtes. C’est en commençant les cours de théâtre que je suis tombé dans cet univers qui m’a passionné. Pour moi, la comédie, c’était naturel. C’est quand même très bizarre le rire, on fait rire, on fait pas rire… on ne sait pas trop d’où ça vient cette histoire.

Vous avez souvent théorisé le rire, j’imagine ?

J’y ai réfléchi évidemment mais je ne sais pas quoi en penser, ça me rappelle une phrase de Coluche qui m’a toujours ­marqué : « Quand on sait jouer du violon, faut pas jouer de l’accordéon. » C’est-à-dire que si on a une facilité quelque part, autant l’exploiter et ne pas aller voir ailleurs. Moi, je suis longtemps allé voir ailleurs, je savais que la comédie était un truc très difficile, un truc inhérent, je sais pas pourquoi, donc c’était toujours le drame qui m’intéressait.

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Vous avez commencé au théâtre en jouant du Molière, je crois.

Non, j’ai commencé avec une pièce de Feydeau.

C’était déjà de la comédie. Ça vous fait rire, Feydeau ?

Ah oui, Feydeau j’adore, c’est un de mes auteurs préférés. C’est très facile à jouer. C’est de la pure mécanique, des personnages outranciers. C’est formidable.

C’est drôle, parce que je n’ai jamais eu l’impression de vraiment rire au théâtre.

Quand on ne rit pas sur Feydeau, c’est que c’est mal monté. Il faut monter Feydeau comme c’est écrit. Feydeau disait exactement ce qu’il fallait faire : on entre ici, on sort là, on met la table ici, le lit là. Il était tellement fou que pour certaines phrases, il précisait entre parenthèses « [

rires du public

] ». À la fin, il mettait même une liste de magasins où on pouvait acheter des accessoires à l’époque. Si on s’amuse à monter une pièce de Feydeau autrement que comme il l’avait prévu, ça ne marche pas. Pour revenir à ce qu’on disait, je pense que si on essaie de définir l’humour, le rire, on ne dit que des bêtises. Je ne suis pas assez fort pour théoriser cette histoire. Quand j’étais en terminale, j’avais fait un exposé en cours de philo sur

Le Rire

d’Henri Bergson. C’est un bouquin qui théorise le rire. Je n’avais pas vraiment compris le livre et j’avais à peine travaillé, j’ai fait un exposé qui n’avait rien à voir avec le bouquin, j’ai dit absolument n’importe quoi, j’étais extrêmement gêné et les élèves riaient. C’était malgré moi, ce n’était pas mon intention de les faire marrer. À la fin du cours de philo, le prof m’a mis une très bonne note, je lui ai dit : « Mais vous voyez bien que mon exposé ne traitait pas du livre. » Ce à quoi il a répondu : « Et alors, vous les avez fait rire ! Et c’était justement le sujet du bouquin. »

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Comment vous avez rencontré Baer et Wizman ? Au théâtre ?

Non, je les ai rencontrés d’une manière assez curieuse. À l’époque je jouais dans une pièce on ne peut plus dramatique…

C’était dans les années 1980 ?

Non, j’ai commencé le théâtre en 1981, donc c’était dans les années 1990, quand Baer a commencé le

Centre de visionnage

. À l’époque je jouais dans une pièce de Gérard Desarthe qui s’appelait

Démons

, une pièce absolument dramatique et démente sur deux groupes qui s’affrontent. C’est Marco Cherki, un producteur télé, qui connaissait bien Baer. Moi je ne le connaissais pas.

Vous ne connaissiez pas La Grosse Boule ?

Non, j’avais écouté comme ça, mais je suis passé à côté de beaucoup de choses, je n’écoutais pas beaucoup la radio… Et quand quelques jours après il m’a appelé pour me demander si je voulais participer à

L’Œil du cyclone

avec Wizman qui jouait un flic, il m’a demandé de faire un truc et je lui ai dit : « Pourquoi pas ? » J’ai demandé à Baer : « Comment je m’habille, comment ça se passe ? » Il m’a regardé et m’a fait : « Comme ça c’est bien. » Et puis on a fait le tournage, on pleurait de rire, on hoquetait devant la caméra, on criait comme des fous. Et ça s’arrêtait jamais, j’éclatais de rire, je trouvais ça génial. Quelque temps après, il m’appelle : « Si ça t’amuse, viens ce soir. On va trouver un personnage, on va faire une espèce de notaire, on va l’appeler “Morissard”… » C’était de l’improvisation. Je lui ai demandé : « Qu’est-ce qu’on fait ? » Il m’a répondu : « Moi je parle, tu regardes, tu dis rien. » Il a fini par me dire : « Écoute, ton personnage existe, les gens se marrent, à partir d’aujourd’hui reviens trois fois par semaine. »

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Vous ne faisiez que de l’improvisation, il me semble.

C’était beaucoup d’impro, mais il fallait quand même définir quelques trucs. Ce qui est certain, c’est que j’étais stupéfait à ce moment-là. On me disait souvent que je faisais des rôles drôles, mais c’était la première fois que je me rendais compte que les autres appréciaient aussi l’humour que j’aimais fondamentalement.

Qu’est-ce qui vous faisait rire ?

Comme tout le monde, Charlie Chaplin, les Marx Brothers, tous ces trucs américains. J’ai toujours adoré les gens comme Woody Allen. Enfin, c’est compliqué de définir ce qui me fait rire.

Vous sentiez que vous faisiez un humour complètement différent de ce qui se faisait à la même époque ? C’était quand même extrême.

Non, c’est un truc qui venait de moi profondément ; j’étais moi. Pour analyser la chose, je ne sais pas comment procéder, il s’est avéré que ce qui me faisait marrer faisait aussi marrer les autres. Ce qui est très perturbant dans ce métier, c’est qu’on peut se retrouver face à un film ou une pièce de théâtre qui fait trois millions d’entrées et qu’on n’aime pas. C’est très bizarre, d’autant plus quand on est du métier. On se demande si on est snob, si on ne comprend rien, si on est décalé, pourquoi on n’est pas connecté avec les gens. Si on fait un truc qu’on aime réellement, qui vient naturellement et que les autres aiment, là c’est extraordinaire, c’est comme un miracle.

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Qui vous laissait faire ça ? De Greef, non ?

De Greef et Lescure, oui.

Vous pensez que ce serait encore possible aujourd’hui ?

Pfff, aujourd’hui c’est la merde, je ne sais pas ce qui est possible aujourd’hui. Je ne sais pas. Enfin bon, ce n’était pas méchant.

Quand on regarde cette époque des années 1990 à Canal, le CDV , Message à caractère informatif, L’Œil du cyclone… on se dit que c’est incroyable que ça ait pu passer sur une chaîne de télé presque hertzienne.

Oui tout à fait. En même temps on n’était pas méchants…

Non bien sûr, mais c’était comme vous disiez tout à l’heure, un humour un peu « snob ».

Oui, mais ce n’était pas que parisien. Pendant longtemps je l’ai cru mais quand j’allais en province pour travailler, les gens me parlaient du

CDV

et ça les faisait rire aussi, ça dépassait le côté parisien. Je crois que le truc fondamental là-dedans, c’est la manière de travailler, et c’est pourquoi ça marchait avec Baer. Si je m’amusais à faire une copie du

CDV

, ça ne marcherait pas, c’est avec lui seul que ça marche. C’est lui l’instigateur, le fondateur, le pilier.

Le truc avec le CDV , et surtout avec des épisodes de À la rencontre de divers aspects du monde contemporain, c’est que ce n’était pas uniquement drôle, il y avait des choses très bizarres. Je pense surtout aux Carnets du Toucan ou à ce sketch génial sur une ancienne troupe de théâtre – la « Troupe du Ballon Vert » je crois – qui est profondément triste.

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Ce qui est drôle, c’est qu’au moment où j’ai fait le Toucan, je venais de me faire opérer d’une hernie. Quand Baer m’a ­appelé, j’étais à l’hôpital. Il m’a demandé si j’étais disponible pour faire le Toucan et je lui ai dit non, mais il m’a persuadé de le faire en me disant qu’on s’organiserait, que j’aurais un lit, etc. Alors je suis sorti de l’hôpital et je suis allé faire le Toucan. Je ne comprenais rien à ce qui se passait, j’étais complètement à côté de mes pompes. Je regardais à droite, à gauche, quand les plans se terminaient, j’allais me coucher… Mais, oui, bien sûr, c’est le côté désespéré qui fait rire. La Bostella, Chaplin, c’est désespéré. Je pense qu’on est tous complètement dépressifs d’une certaine manière.

Qu’est-ce qui vous fait dire ça ?

C’est que moi je le suis ! Et Édouard l’est, aussi. Il y a un côté profondément désespéré, ce métier nous sauve un peu. Il y a cette vérité fondamentale qui est là quand même. Il y a certains rôles comiques que je ne pourrais pas faire, je ne sais pas dire les blagues comme Franck Dubosc par exemple. Je respecte vraiment la richesse de chacun. C’est pas des fachos qui racontent n’importe quoi. Si ça ne me plaît pas, je respecte quand même. Je respecte la réussite de Franck Dubosc même si ça ne me fait absolument pas rire. Ça fait bien rire des millions de personnes.

Vous parliez tout à l’heure des comédies qui font rire des millions de personnes mais pas vous. Vous savez pourquoi ça ne vous fait pas rire ?

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Je ne sais pas, ça dépend des comédies que je vais voir.

Moi-même j’ai longtemps essayé de me l’expliquer, il y a des scènes où je vois très bien pourquoi c’est drôle, c’est même bien amené, mais jamais ça ne me fait rire.

Moi, je sais ce que j’aime faire au théâtre quand je fais une comédie. Quand je fais du théâtre, ce que j’aime c’est les vides. Les ruptures de texte qu’on n’attend pas.

Typiquement, lorsque Baer pose une question à Maître Morissard, genre « vous connaissez Jean-Paul Belmondo ? » et l’autre qui répond tout de suite « non ».

Voilà. Dans la pièce où je joue, que j’adore, il y a un moment où le type dit une connerie, c’est un directeur de festival qui défend tant bien que mal son festival, en vain, et il dit : « On va faire ça, gonfler des ballons sur lesquels il y aura écrit le mot “bonheur”. » Et là il y a eu un silence de mort. C’est un moment de vide. Et les gens rient après en ayant compris que ce vide était drôle, finalement.

C’est l’inverse de l’humour « regardez, c’est à ce moment-là qu’il faut se marrer ! »

Les comédies qui expliquent comment il faut rire me font chier. Après il y a le burlesque. Il y a Borat, qui est ­magnifique, burlesque, extraordinaire. La scène où il se bagarre à poil avec son producteur et qu’ils se courent après. On voit l’histoire qui se décroche et on ne rit pas forcément mais on se dit que c’est quand même extraordinaire. Il y a un truc qui me fascine chez les gens comme ça, chez Édouard aussi, c’est la liberté de pouvoir vraiment s’exprimer. Bien sûr, quand Édouard fait des trucs, il est angoissé car il espère que les gens vont aimer, le regard des autres importe. Cette liberté dans le jeu, dans l’expression, jusqu’où on peut aller. C’est toujours pareil : ce qu’on veut exprimer, ce qu’on va exprimer. Même dans le drame, les grands tragédiens arrivent à exprimer des choses folles qui viennent d’eux.

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Ça a l’air très compliqué de faire rire.

Oui bien sûr, c’est beaucoup plus difficile de faire rire que de faire pleurer. C’est une mécanique. Et c’est effectivement jouissif de choper cette mécanique.

C’est cette peur de ne pas faire rire, j’imagine, qui a poussé Baer à écrire La Bostella. Je me souviens que dans le film, Isabelle Nanty parle d’un journaliste de L’Express en disant : « Je suis sûre que ça va le faire rire, il a le même humour que vous. » On vous l’a déjà dit, je suis sûr. Sachant que dans 90 % des cas, c’est faux.

Oui, on m’a déjà dit : « Lis ça, ça va te plaire, c’est très drôle. » Et ça ne m’a pas fait rire. C’est très bizarre, je ne sais pas comment expliquer ça.

Vous riez facilement ?

Ah oui, je ris facilement. Je me fais rire moi-même parfois, ce qui est un peu minable. Il y a des gens comme Jean-Michel Lahmi qui me font hurler de rire. Cet acteur fait partie des gens avec qui je ris beaucoup. Tous les deux on se regarde, on commence à se marrer, on pleure de rire.

Dans La Bostella, j’imagine que le scénario est inspiré de la vie réelle. L’angoisse de la vanne, les tensions au sein du groupe, tout ça.

Oui,

La Bostella

, c’était pour mettre un point final à cette histoire, il fallait que tout le monde le fasse, on ne pouvait pas être remplacés. Dans la réalité effectivement, l’ambiance était tendue et angoissée. Mais on ne s’engueulait jamais. De Greef nous mettait la pression quelquefois. C’était du direct, donc il y avait beaucoup de déchets. Au début, on n’avait aucune notion du temps, on partait dans de longues impros, et ça durait, durait. Je me souviens d’une fois, en particulier. Ça faisait quelques minutes que le sketch était commencé, et à un moment donné, on tourne la tête. Et là on voit De Greef et Lescure qui étaient entrés dans la cabine, et ils pleuraient de rire en indiquant la montre, on avait largement dépassé le temps, surtout qu’à Canal c’était vraiment des horaires fixes. Ils nous ont dit : « C’est bon pour cette fois, c’était très drôle et on ne vous a pas interrompus, mais c’est la dernière fois. »

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Vous vous faisiez engueuler par Durand ? J’ai aussi le souvenir qu’il était mort de rire à chaque fois.

Il y avait toujours une tension quand la caméra arrivait, quand le réalisateur nous demandait : « Qu’est-ce que vous faites aujourd’hui, où dois-je mettre la caméra ? » et puis finalement, quand le direct approchait, on commençait à flipper. Mais si on préparait trop, ça ne marchait pas non plus, on était trop dans nos marques et on n’arrivait pas à trouver d’équilibre. À l’inverse, si on ne préparait rien, ça ne marchait pas non plus parce que ça partait en couille et on disait n’importe quoi, et nous étions nous-mêmes atterrés par notre propre performance. Il fallait un juste milieu : écrire sur un calepin deux, trois idées, un début, une fin. On répétait puis on s’arrêtait pour ne pas trop déflorer le truc et laisser la part belle à l’impro. On n’est pas restés longtemps, on a fait un an tous les jours, et l’année suivante c’était trois fois par semaine. On commençait à se répéter, il fallait garder ce truc improbable, bizarre, curieux… À trop se répéter, on se serait copiés nous-mêmes, ç’aurait été désastreux.

À propos de se répéter, on a l’impression que le seul personnage que les gens ont retenu de cette époque, c’est un des moins drôles : celui de Chico, le Brésilien. Baer en parle dans La Bostella, d’ailleurs – Chico signe un contrat pour une pub, comme dans la vraie vie. Ça vous a étonné que ce soit lui que les gens remarquent le plus ?

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Non, je n’ai pas prêté attention à ça. C’est un personnage fantastique. C’est formidable ce qu’il faisait, la proposition qu’il faisait…

C’était toujours la même chose, en même temps.

Oui mais il le faisait magnifiquement bien. Non, je ne me suis pas posé la question. Finalement ça ne m’étonne pas tant que ça. Ce qui est sûr, c’est que son personnage marchait très fort, il était très bien fait, il s’amusait énormément à le faire, il était très gai. C’était un contrepoint, tout ce qui se passait, ça pétait à chaque fois.

Après tout ça, vous avez fait des comédies mais pas que, comme Hellphone, qui finalement semblent s’éloigner de ce qui vous fait rire.

Le cinéma, c’est autre chose. C’est rare les accointances dans ce métier-là, les gens avec qui on s’entend. Je travaille avec Sophie Perez au théâtre et je m’entends très bien avec elle. Au cinéma par exemple, je m’entends très bien avec Nicolas Boukhrief. Après, moi je vais là où on me propose du travail, il arrive que je refuse. Parfois, on ne me prend pas.

Hellphone

, le film, est ce qu’il est. Ça dépend vraiment avec qui on travaille, moi quand je travaille, il faut que je reparte de zéro. James Huth, c’est un type que j’aime beaucoup, et c’est très agréable ce désir, quand quelqu’un veut travailler avec vous. J’ai des copains très proches qui sont réalisateurs, jamais je ne leur reprocherai de ne pas vouloir travailler avec moi. On peut être très amis dans la vie sans nécessairement vouloir travailler ensemble. Quand quelqu’un émet le désir de travailler avec vous, on ne peut qu’être sensible à ça.

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Ça vous ennuie pas d’être pris dans le même genre de personnage, genre le savant fou ou le mec bizarre qui fait rire parce qu’il est bizarre ? Comme dans Enfermés dehors ?

J’ai adoré travailler avec Dupontel, le rencontrer en tant que réalisateur. Boukhrief est l’un des rares à m’avoir donné des rôles différents. J’ai fait un syndicaliste, un mec atteint de la maladie d’Alzheimer, aussi.

C’est vrai, vous étiez presque normal dans Les Convoyeurs en fait.

Oui, je jouais un syndicaliste dépressif. C’était parfait. Je n’aime pas forcément jouer le dépressif. Mais c’est la vie quoi, c’est comme ça que ça se passe.

Non mais je voulais dire des dépressifs comme Woody Allen, ou Larry David.

Oh ! J’adore Larry David. Il me tord de rire à chaque fois.

Oui, c’est Dieu, il vit plus haut que les hommes. Vous regardiez Seinfeld ?

Non moi, j’ai surtout regardé

Curb Your Enthusiasm

. C’est du pur génie.

Ça ne vous gêne pas de ne plus jouer dans des pièces comiques ?

Si. C’est vrai que quand je fais une pièce dramatique, il faut parfois que je me bride pour ne pas faire rire. Vous sortez une dizaine de secondes du tracé et tout le monde éclate de rire, forcément.

Ça a dû être dur dans Les Convoyeurs. C’était un rôle excessivement sérieux.

L’ambiance était très studieuse, ça ne rigolait pas. Dupontel a une présence assez impressionnante sur un plateau. C’était très sérieux, puis c’était un film compliqué, plein d’effets spéciaux, il fallait être très concentré.

Vous avez des rôles en préparation, j’imagine.

Il y a vingt ans, j’avais fait une comédie avec Pierre Arditi et le metteur en scène Bernard Murat, ma première à Paris, et donc l’année dernière, Murat a rappelé pour savoir si je voulais reprendre ce rôle-là. J’ai dit oui, évidemment. C’était drôle de voir qu’en répétant les sketchs que j’avais déjà faits, je riais autant qu’il y a vingt ans.

Et c’est vrai cette histoire de nouveau projet avec Baer ? Je viens de voir ça sur Wikipedia.

Non c’est absolument faux mais faudrait que je regarde Internet plus souvent, histoire de me tenir au courant de ce que je vais faire.