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Interviews

Les Grecs s’en vont aux îles

Des jeunes grecs nous ont expliqué pourquoi ils partaient en vacances, en dépit du référendum qui scellera le sort de leur pays.

Depuis l'annonce d'un référendum et d'un plafonnement des retraits d'argent à 60 euros par jour, de nombreux Grecs ont annulé leurs vacances. Cependant, d'autres sont déjà en train de faire leur valises pour partir vers les îles. VICE Grèce s'est rendu au port du Pirée pour demander à des jeunes gens ce qu'ils pensaient de la situation de leur pays, et pourquoi ils avaient décidé de partir en vacances malgré tout.

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Anastasia, 19 ans, étudiante. Part à La Canée.
Je vais en vacances avec mes copines à La Canée. Mes parents m'ont donné de l'argent. J'avais réservé mes billets très longtemps avant l'annonce du référendum. On restera cinq jours, et je n'irai pas voter. Je ne pouvais pas échanger mon billet. Cependant, je ne suis pas trop en mode vacances pour autant. Avec tout ce qu'il s'est passé, mon moral en a pris un coup, mais j'essaie de rester de bonne humeur. J'aurais voté « non », parce que pour une fois nous avons l'opportunité de changer les choses. Les scénarios alarmistes ne m'effraient pas. J'écarte d'emblée un vote pour le « oui » parce que ces mesures me semblent inhumaines.

Christos, 17 ans, employé. Sofia, 25 ans, étudiante. Partent à Égine et Angistri
Christos : On part pour trois jours à Égine et Angistri. On est dans l'esprit des vacances. On avait organisé ça avant que le référendum ne soit annoncé, mais on n'avait pas encore réservé. Il faut encore qu'on trouve un appartement. J'avais quelques suspicions au sujet des banques et j'avais mis un peu d'argent de côté. On reviendra voter dimanche, ceci dit. Je voterai « oui » aux banquiers. Je préfère que des étrangers nous gouvernent plutôt que des Grecs. J'ai été très déçu des Grecs. Je pense qu'aucun premier ministre grec ne peut imposer de politiques adéquates. Avec un « non », nous entrerons dans une longue phase de stagnation. On ne peut pas devoir de l'argent à quelqu'un et décider des termes soi-même. C'est mon avis. Un peu polémique, mais enfin…

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Sofia : Je partage le point de vue de Christos. C'est juste que je suis toujours en train de décider quoi voter. Je suis indécise, à 50/50. D'un côté, je pense que si nous sortons de l'euro ce sera bien pire, que la faillite est la seule certitude, indépendamment du fait que l'on soit déjà ruinés. D'un autre côté, un Non signifie « assez, ça suffit ». Mais avec le « oui », on sait déjà ce qu'il va se passer. Avec le « non » ? On ne fait que des suppositions. Le drachme, la dévaluation, les importations chères…. ce n'est pas facile.

Apostolis (à gauche), 18 ans. Vient de finir ses examens. Part à Paros.
On part pour sept jours dans la maison d'un pote, à Paros. On essaye de garder un budget aussi serré que possible. Le moral est bas. On envisage de ne pas partir. J'ai sur moi 150 euros pour 7 jours. Si je n'avais pas organisé ces vacances, j'aurais aimé voter. Beaucoup de gens disent qu'on est immatures, mais je veux sincèrement que mon pays s'en sorte. Tout ce que je sais, c'est que le « oui » n'est pas la meilleure option. Mais nous ne savons pas ce qu'impliquera le « non ». Cela dit, je voterais quand même « non ».

Nefeli, 27 ans, étudiante. Part à Ikaria.
Je viens d'Ikaria, et j'y retourne pour voter. J'avais le pressentiment que cela arriverait et j'ai retiré de l'argent en avance, c'est pour ça que je peux partir maintenant. La situation est difficile. Je voterai probablement « oui » parce que je pense que les deux choix sont terribles mais que le « non » sera bien pire que le « oui ».

Emmanuela, 25 ans, étudiante. Part à Héraklion.
J'ai fini mes études et je rentre à Héraklion, ville dont je suis originaire. La situation est terrible. Je suis dans une situation où je ne sais pas du tout ce qu'il va se passer, ce qui est à la fois bon et mauvais. Jusqu'à hier, j'aurais voté « non ». Aujourd'hui, je ne sais pas. Je n'ai pas de réponse certaine. Je pourrais seulement voter oui ou Non sur une question dont je suis absolument certaine. Je ne peux pas voter « oui » à cause des nouvelles mesures. Et on a déjà vu les conséquences du « non » avant le vote. Je suis jeune. Je veux pouvoir partir faire un Master. J'ai de l'argent à la banque que je ne peux pas retirer si je dois partir. Je ne sais pas quoi choisir. Je préfère ne pas voter pour quoi que ce soit.