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reportage

On vous présente le gang des bikeuses marocaines

Les Kesh Angels sèment la terreur dans les rues de Marrakech, en babouches.

Hassan Hajjaj, un artiste marocain installé à Londres, s'est inspiré de l’omniprésence de la moto à Marrakech pour créer sa dernière série photo, Kesh Angels, qui sera exposée à la galerie Taymour Grahne à New York jusqu'au 8 mars. Ces photos illustrent un gang de bikeuses marocaines affichant des postures arrogantes, des dégaines intimidantes et des attitude de dures à cuire. En réalité, elles ne font pas vraiment partie d'un gang violent – les modèles sont des amies de l'artiste, qui passent leurs journées à faire des tatouages au henné aux touristes. Mais ces femmes sont hyper fortes, parlent jusqu'à 5 langues, et bossent dix heures par jour en plus d'être mères à temps plein. J'ai parlé avec Hassan de l'importance de la moto à Marrakech et de sa définition d'une meuf badass.

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VICE : Comment vous est venue l'idée de ce projet ?
Hassa Hajjaj : Ça fait des années que je bosse comme ça. Je veux montrer quelque chose de propre à Marrakech, et prouver que même si nous avons des cultures et des religions différentes, nous partageons beaucoup de choses en tant que citoyens. Cette série regroupe des femmes qui font des tatouages au henné sur la place principale du Maroc – un endroit très prisé des touristes. L'une d'elles, Karima, m'a inspiré cette série de photos.  Elle porte un voile, des abayas et des djellabas en tissu vraiment incroyables. Elle se déplace également en moto pour aller au travail – c'est une femme normale qui bosse huit à dix heures par jour. Elle parle quatre ou cinq langues. Elle s'occupe aussi de ses deux enfants, et elle a construit sa propre maison.

Ça ressemble à un fashion shoot d'Afrique du Nord, c'était pour célébrer vos origines ?
Je travaillais sur un shoot pour un magazine de mode à Marrakech dans les années 1990, quand j'ai réalisé que les modèles, le photographe et les fringues étaient tous occidentaux. Le Maroc n'était qu'une toile de fond. A partir de là, je me suis dit que ce serait formidable de présenter mon peuple dans son environnement, avec son propre style vestimentaire, tout en jouant avec leur façon de s'habiller pour faire un fashion shoot.

Les motos sont populaires à Marrakech ?  Il y a des gangs de bikers là-bas ?
Marrakech est une ville propice aux déplacements en moto – tout le monde en conduit une. Les femmes, les enfants, les vieux, les familles, tout le monde. C'est un moyen de transport très répandu ; les gens s'en servent pour aller bosser. J'ai emprunté quelques motos à des potes pour en avoir assez pour mon projet, mais la plupart des modèles en possédaient déjà une. En revanche, il n'y a pas vraiment de gangs de motards ici.

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Vos amies s'habillent souvent comme sur les photos ? Ces fringues sont faciles à trouver à Marrakech ?
Les Marocains respectent beaucoup leurs traditions, et nous appartenons à une nation très colorée. Mais j'ai conçu ces tenues moi-même : j'ai fait des djellabas, des abayas et des babouches marocaines avec des tissus imprimés traditionnels, et des imitations de grandes marques qu'on trouve dans les marchés de Londres et de Marrakech. J'ai aussi réalisé les cadres des photos en utilisant des objets glanés dans les marchés : des canettes de Fanta, des conserves ou des boîtes de bouillon de poulet. Je me suis inspiré de mon enfance au Maroc, où beaucoup de choses sont recyclées pour être réutilisées par la suite. Je voulais utiliser une répétition de marques de manière un peu humoristique, pour que le cadre soit directement lié à la photo qu'il entoure. Mais je voulais aussi créer un motif répété dans le cadre afin d'évoquer les mosaïques du Maroc dans un contexte moderne.

Qu'est-ce que vous avez particulièrement apprécié pendant cette séance ?
J'ai été impressionné par la force de ces femmes, et j'ai vraiment essayé de montrer que leur indépendance était une chose très naturelle. Si ces photos avaient été prises à Paris ou à Rome, je pense qu'on ne m'aurait pas demandé ce qu'il y avait de si unique sur ces femmes qui posent sur des bécanes.

Si vous aviez un gang de motards, qui serait dedans ?
Les mêmes personnes que sur les photos : des femmes fortes, classes et complètement libres.

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