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Des hommes ont abandonné une étude sur un contraceptif révolutionnaire à cause de « changements d’humeur »

Des chercheurs ont découvert une méthode de contraception hormonale pour hommes efficaces à 96 %. Mais leur étude a été interrompue parce que 20 participants l'ont abandonnée à cause d'effets secondaires comme les changements d'humeur et l'acné.
Photo : Stockist

Des chercheurs ont découvert une méthode de contraception hormonale pour hommes efficaces à 96 %. Mais leur étude a été interrompue parce que 20 participants l'ont abandonnée à cause d'effets secondaires comme les changements d'humeur et l'acné.

Les femmes endurent les effets secondaires et portent le fardeau de la contraception hormonale depuis longtemps. Il y a quelques semaines, une étude danoise a confirmé ce que de nombreuses femmes soupçonnent depuis longtemps : il existe un lien entre les contraceptifs hormonaux, comme la pilule, et la dépression, entre autres. Des effets secondaires documentés depuis sa création. Mais une nouvelle étude de l'Université d'Édimbourg donne à penser que les hommes pourraient partager la responsabilité de la contraception hormonale. Cependant, on a mis fin à l'étude en raison des effets secondaires, qui ne sont pas si différents de ceux que vivent les femmes.

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Bien que le taux de succès était extrêmement élevé, on n'a pas atteint les 99,9 % de la pilule. Les résultats montrent qu'un contraceptif injectable pour hommes pourrait atteindre 96 %. Pour l'étude, on a recruté 320 hommes entre 18 et 45 ans. Pendant 56 semaines, on a administré aux participants des injections de deux hormones : le progestatif, qui réduit le nombre de spermatozoïdes, et la testostérone, qui atténue les effets secondaires du progestatif (car cette hormone réduit aussi la testostérone).

La recherche d'un contraceptif hormonal sûr pour hommes n'a rien d'une nouveauté, et on en attend l'aboutissement depuis longtemps. Il y a eu de nombreuses tentatives depuis les années 20. Cependant, la plupart des méthodes, comme les bloqueurs des canaux calciques testés sur des rats — qui empêchent les spermatozoïdes de féconder l'ovule et rendent irréversiblement infertile —, n'ont jamais été testées sur des humains. En Chine, dans les années 70, des chercheurs ont effectué des essais cliniques à grande échelle d'un contraceptif oral pour hommes à base de plante appelé Gossypol. À la fin des années 90, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a décidé que l'étude devait être interrompue, car elle réduisait de façon permanente le nombre de spermatozoïdes chez un trop grand nombre de participants.

L'étude récente, bien qu'elle soit un succès, a aussi été interrompue après l'abandon de 20 participants en raison d'effets secondaires. Parmi eux, 14 ont abandonné en raison de changements d'humeur. Dans l'étude, on note aussi que « six ont abandonné pour les raisons suivantes : acné, douleur ou panique à la première injection, palpitations, hypertension et dysfonction érectile ».

Malgré l'interruption de l'étude, les chercheurs croient toujours qu'il s'agit d'une victoire pour l'avenir de la contraception. « L'étude a montré qu'il est possible d'avoir un contraceptif hormonal pour hommes qui réduit le risque de grossesse imprévue chez les partenaires des hommes qui le prennent », a déclaré par voie de communiqué Mario Philip Reyes Festin de l'OMS.

En entrevue avec VICE, l'auteur de l'étude, Richard Anderson a repris les propos de son collègue, affirmant que, malgré le chemin qui reste à parcourir avant d'en arriver à un produit commercial, « c'est un grand pas en avant ». Bien que les effets secondaires aient fait obstacle, il ajoute que « beaucoup de participants ont rapporté des effets plutôt modérés ». La plupart étaient mineurs : certains des participants ont déclaré avoir la mine basse.

D'après lui, l'espoir de créer un contraceptif hormonal pour hommes repose sur les possibilités actuelles. « Au bout du compte, la question sera de savoir si les effets secondaires sont trop graves pour continuer à le prendre. Il faut essayer d'améliorer le choix pour que les gens trouvent l'option qui leur convient. »

Ce n'est pas la seule bonne nouvelle dans le monde des contraceptifs hormonaux pour hommes. Selon Richard Anderson, des chercheurs américains projettent aussi d'étudier une approche à base de gel. « Ce serait quelque chose que les hommes pourraient faire eux-mêmes plutôt que d'aller dans une clinique », explique-t-il. De plus, l'an dernier, une entreprise privée a révélé son projet de « vasectomie réversible » appelé Vasalgel, une technique qui permettrait de ne pas changer les niveaux d'hormones.