The Business en 10 morceaux

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The Business en 10 morceaux

Tubes oi!, hooliganisme et déconnade : retour sur les grandes lignes du groupe street-punk londonien après le récent décès de leur chanteur, Micky Fitz.

Vous êtes sûrement passé à côté de ce décès, parce que c'était le week-end, parce qu'il y en a eu d'autres depuis, et surtout parce que le nom « The Business » ne vous évoque certainement rien de particulier. Pourtant, depuis 1979, le groupe formé à Lewisham (au sud de Londres) par 4 potes d'école portait haut le flambeau de la scène skinhead à travers le monde. Mêlés plus ou moins accidentellement à la première vague oi! anglaise, aux côtés des Cockney Rejects, 4 Skins ou The Last Resort, The Business étaient ceux avec le plus de cheveux et ont été l'un des rares groupes à avoir su se repositionner (on leur doit le terme plus clean de street-punk) et se renouveler (ne vous attendez pas non plus à des morceaux jungle-punk) au long des années 90 et 2000. Mais tout ça c'est terminé, Michael Fitzsimons alias Micky Fitz, leader et chanteur de The Business a succombé à un cancer des glandes lymphatiques qu'il combattait depuis plusieurs mois, vendredi dernier. On vous épargnera les tweets attristés de la scène punk au sens large (de Dead Kennedys à GBH en passant par Agnostic Front et Rancid), car c'est triste oui, mais l'important c'est qu'il ait vécu. On vous invite donc à replonger dans la musique de rue du groupe, l'espace de 10 morceaux importants, sortis entre 1980 et 2003.

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« Out In The Cold » (1980)
Premier morceau jamais sorti de The Business, sur une obscure compilation new wave intitulée A Sudden Surge of Sound. Le titre est la meilleure carte de visite du style dont les affublera Gary Bushell (gourou du genre et rédacteur du magazine Sounds) : la pop-oi!.

« Harry May » (1981)
Le premier tube du groupe (ex-aecquo avec « Product »), et son singalong ravageur. Le tout accompagné d'une pochette relativement badass même si un peu trop alambiquée. En Face B, un morceau sans aucune ambiguïté : « National Insurance Blacklist », où le groupe fustige l'officieuse « liste noire » des employés syndiqués qui a été établie dans le secteur du bâtiment.

« Smash The Disco's » (1982) 
Vous imaginez un morceau comme ça se plaçant n°3 des charts indie aujourd'hui ? Le peuple devait en avoir vraiment ras le cul des platform shoes.

« Blind Justice » (1983)
En 83, The Business a déjà essuyé quelques revers : les embrouilles lors de leur concert à Southall en 1981 (devenu quartier à haut risques), les accusations nauséabondes qui touchent tous les groupes punk et oi! de l'époque (c'est le photographe Gavin Watson qui en parle le mieux), une embrouille avec leur manager, un premier split du groupe et des soucis de titre d'album… Mais il en faut plus pour les décourager, The Business sort enfin son premier album en 1983, Suburban Rebels, et il contient quantité de morceaux « à reprise » qui feront les belles heures du milieu skin international, que ce soit « Blind Justice », « Real Enemy », « Suburban Rebels » dirigé contre les poseurs de la middle-class ou encore « Drinkin' + Drivin' » qui fera encore un peu plus chier la presse anglaise.

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« Saturdays Heroes » (1985)
Hymne oi! comme ils savent si bien le faire, le titre est dédié aux « héros du samedi », soit tous les supporters et hooligans qui suivent le groupe depuis ses débuts, surtout ceux de West Ham United. Les fans ont dû saigner ce disque, car à part leur anecdotique troisième album Welcome To The Real World (horreur, les mecs y sont lookés comme des hardos !) en 1988 et à l'image de nombreux groupes oi! du début 80's, The Business va entrer dans une période de non-pertinence durant plusieurs années.

« Maradona » (1994)
Paradoxalement à la bérézina qui frappe l'équipe nationale d'Angleterre (qui ne se qualifie même pas pour la Coupe du monde de football qui a lieu au Etats-Unis cette année-là), The Business revient en force et signe un deal avec le gros label allemano-américain Century Media, pour sortir l'album Keep The Faith en 94. Un disque axé ballon rond qui commence par un beef d'entrée et son refrain sans équivoque : « Maradona, Maradona, you're shit ! ». Le foot redonne du souffle au groupe, qui garde toujours la foi, cite Kurt Cobain (pourquoi pas) et dédie même un titre à Bobby Moore, célèbre joueur anglais, capitaine de l'équipe nationale de 1966 (la seule fois où les Brits ont mis la main sur le trophée) et surtout de West Ham pendant 10 ans, mort lui aussi du cancer en 1993.

« Panic (Hang The DJ) » (1996)
Quand soudain, une reprise des Smiths. On entre dans le début de la phase « acceptation » de The Business, qui adapte un groupe impensable dix ans plus tôt, même si l'on reste ici dans un thème plutôt raccord : la haine des discothèques.

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« Spirit Of The Street » (1997)
L'album de la renaissance. Produit par Lars Frederiksen de Rancid, The Truth The Whole Truth And Nothing But The Truth est un disque bourré de tubes. L'album sort sur Burning Heart, le Epitaph suédois de la fin des 90's et chez Taang! aux USA. La voix nasillarde (avec un s, pas de méprise) de Micky Fitz est au top et les compos impecs, c'est à ce moment que le groupe lance le concept de street-punk, moins clivant que la terrifiante « oi! » et conquiert public et groupes américains (du punk au hardcore), jusqu'à sortir un split-album avec les Dropkick Murphys de Boston.

« No Mercy For You » (2001) 
Deuxième classique de l'âge adulte de The Business, toujours street-punk, toujours plein de tubes, parodiques diront certains, vu la teneur des lyrics, mais bon, depuis quand les groupes oi! doivent être originaux, hein ?

« Basket Case » (2003)
Fin du processus d'intégration américain et de la phase « acceptation » du groupe qui n'en a visiblement plus rien à battre, veut juste se marrer (la preuve avec le clip de « Hell 2 Pay », sorte de parodie de GBH), et reprendre Green Day. Un passage de flambeau ? Oui, vous pouvez l'appeler comme ça.

« No One Like Us » (2003)
En 2001, The Business enregistre « England 5, Germany 1 » après la victoire de leur équipe en match de qualif' pour la World Cup 2002. Le titre devient un hymne de stade et figure même dans le teen movie américain Euro Trip qui sort en 2004. Ils en profitent pour publier Hardcoore Hooligan en 2003, cocktail de vieux et nouveaux morceaux branchés foot et violence. Et si l'on devait garder un titre, un seul, qui pourrait aussi bien servir d'épitaphe du groupe et plus largement d'exergue de la scène oi! et hool, ce serait ce « No One Likes Us » … and we don't care !

Rod Glacial s'en tape qu'on ne l'aime pas. Il est sur Twitter.