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Aurélie Vallée : Je suis styliste de formation, et je travaillais dans la mode bien avant Pop'n'baby, qui existe depuis 2006. À la naissance de mon fils, en 2002, je me suis rendu compte de la difficulté à trouver des vêtements correspondant à mes goûts – ainsi qu'à sa petite taille, vu qu'il est né prématuré. Partout, il n'y avait que du vert anis, des lapins et du bleu layette… Je me sentais en décalage avec ce que les commerces proposaient, et me suis donc mise à bidouiller des vêtements pour mon fils dans mon coin. De fil en aiguille, des amies ont apprécié mes créations et ont commencé à m'en réclamer, comme cadeau de naissance ou d'anniversaire pour leurs enfants. Puis, à l'arrivée de ma fille, en 2005, j'ai voulu monter ma propre boîte. Mes deux enfants avaient des problèmes de croissance, quelques soucis de santé. J'avais ce désir d'être présente pour eux, de passer plus de temps avec eux. En fait, Pop'n'baby, c'est un peu la faute de mes enfants !
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Oh oui, je suis tombée dedans quand j'étais petite. J'étais une grande fan d'Aerosmith. Je suis aussi de l'époque de Guns N'roses, de Nirvana… Du punk au hardcore, je suis passée par pleins de courants musicaux. Quant aux fringues, pour moi, c'est fait pour s'amuser. Du coup, ça m'amuse de dessiner des vêtements en lien avec la musique.Comment a évolué Pop'n'baby ?
On a d'abord eu une boutique sur Paris, avec mon compagnon. Puis on a souhaité se concentrer sur le site internet, qui a bien marché dès le début. Très vite, j'ai contacté des maisons de disques, pour pouvoir utiliser les noms de groupe, avoir une belle qualité de produit et le copyright sur les tee-shirts. Il y a des clients qui vérifient que le tee-shirt enfant est bien copyrighté, et qu'il aura donc bien le même qu'eux, pas une contrefaçon. Ils tiennent à cette qualité. Puis on a contacté des amis graphistes, et aussi des créateurs français et espagnols.Justement, qui sont tes clients ?
Il y a de tout ! Des gens qui n'y connaissent rien, la mamie sympathique qui vient acheter une poussette tête de mort pour faire un cadeau, des jeunes qui veulent des vêtements metal pour embêter leurs parents, et beaucoup d'oncles et de tantes qui aiment faire des cadeaux farfelus ! C'est très touchant de voir un groupe d'amis se cotiser pour acheter une tétine tête de mort. Ou bien de constater que derrière chaque achat se profile une anecdote musicale, un souvenir d'enfance… Ce ne sont pas des cadeaux anodins, sur un coup de tête.
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Oui, car ils ont ce souci de faire attention au regard des autres, plus pour leur enfant que pour eux-mêmes d'ailleurs. Ils veulent trouver un vêtement d'enfant d'un groupe qu'ils affectionnent, mais pas forcément du noir, et surtout ils ne veulent pas que leurs enfants en pâtissent en société. Derrière tout ça, il y a l'idée d'accepter l'autre. Les clients nous parlent de ça au Hellfest, du regard de l'autre. Alors faire porter à sa fille un tee-shirt Aerosmith, oui, mais les papas le veulent rose à paillettes. D'abord parce que ça passe mieux, et avouent-ils, aussi parce que c'est mignon ! Car les gens sont encore dans le jugement. Une maman qui vit dans un petit village, en milieu rural, avec ses cheveux bleus et ses corsets, m'a avoué que la maîtresse de ses enfants lui adressait à peine la parole ! Moi, à côté de Paris, cela a mis du temps aussi, mais avec les années, les gens comprennent qu'on est « normaux ». Une maman de l'école m'a dit un jour « mais vous êtes sympa en fait ! » Je ne sais pas à quoi elle associait mon look… Les gens en viennent donc à s'interdire des choses, alors que les vêtements sont faits pour s'amuser. Mais ce qui relie ces vêtements à un style musical particulier est encore complexe aujourd'hui. Pour moi, la gamme Pop'n'baby apprend donc à voir au-delà des apparences. J'ai envie de dire aux détracteurs : ce ne sont que des vêtements. Et ce n'est que de la musique.
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Oui, pendant plusieurs années, on a fait la tournée des festivals, Wacken en Allemagne, le Bethune retro, le Graspop Metal festival… Il faut savoir qu'au Hellfest comme ailleurs, la présence des enfants est assez récente. Il y a sept ans, on me regardait bizarrement lorsque je m'y promenais avec ma fille en poussette ! Maintenant, il y a beaucoup d'enfants au Hellfest, et plus personne ne trouve ça étrange. En Angleterre, on voit peu d'enfants en festival, en Allemagne beaucoup plus, mais c'est bien au Hellfest qu'on en voit le plus. Aujourd'hui, on ne fait plus de festival. Nous n'avons gardé que le Hellfest, uniquement parce qu'on l'aime d'amour ! Au market, il y a un bon feeling entre les commerçants, et nous sommes très bien traités par le festival en tant qu'exposants.Alors, le metal, c'est une histoire de famille chez vous ?
Pas vraiment ! Le papa est branché hip-hop, plutôt old school, et nos enfants ont des goûts très éclectiques. Le grand, qui a 14 ans, fait du break avec ses potes, avec son tee-shirt Iron Maiden et ses cheveux longs, qu'il assume depuis toujours. Il a un faible pour les rappeurs Orelsan ou Biffty. Mais pas Maître Gims, heureusement ! Quant à notre fille, à 11 ans, elle peut autant fredonner du Black Sabbath que ce qu'on entend actuellement à la radio. La seule chose qui leur est interdite, c'est de critiquer Aerosmith.Elsa est sur Twitter.