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LE NUMÉRO BRÉSILIEN

Livres et dvd

Ah, le monde du travail, quel enfer ! Pour nous aider à nous insérer, Jan KRSN, grapheur et illustrateur, et Grégory Papin, concepteur-rédacteur dans une agence de publicité, nous ont concocté un livre de coloriage...

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Jan KRSN & Grégory Papin Ah, le monde du travail, quel enfer ! Pour nous aider à nous insérer, Jan KRSN, grapheur et illustrateur, et Grégory Papin, concepteur-rédacteur dans une agence de publicité, nous ont concocté un livre de coloriage délirant répertoriant des nouvelles carrières potentielles. Basé sur des jeux de mots absurdes, de type «pirate des Caraïbes informatiques », « psychanalyste financier », pour « accompagner ses clients quand le marché déprime », ou « avocat du diable et de l’orphelin » (« si le diable paye rubis sur l’ongle, l’orphelin, sans famille donc, s’avère en revanche très rentable pour la notoriété ») mais aussi « handballeuse » (un running gag autour de l’hypothétique explosion du business du handball) ou encore « chargé des allumettes » puisque « tout businessman surmené a besoin à ses côtés d’un jeune homme plutôt arrogant chargé des allumettes. Les cigarettes ne s’allument pas encore toutes seules ». Absurde, super amusant, et assez signifiant dans le genre dénonce douce. BERNT OLD

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TEST DRIVE, LA PASSION DE L’ÉPREUVE
De Avital Ronell
Éd. Stock, collection 
« L’autre pensée » La philosophe américaine s’attelle ici à comprendre l’étrange (dixit la quatrième de couv’, moi je dirais plutôt masochiste) passion que nous avons pour les tests – dans ce texte, ça recouvre les notions d’examen, d’épreuve ou d’essai, et non les QCM tendance psycho vendus par la presse féminine ; fallait-il le préciser ? Et Avital Ronell prouve encore une fois que l’on peut traiter de philosophie (et pas du bout des doigts) tout en faisant preuve d’un humour savoureux. Si, si. Cette spécialiste de Nietzsche, qu’elle nomme à un moment « le loser solitaire » et qu’elle qualifie comme « le plus reconnaissant et le plus balistique des philosophes », écrit ainsi : « Les paradoxes de la gratitude nietzschéenne sont légion. La gratitude, souvent excessive, est toujours liée dans son œuvre à la revanche – ce qui n’est pas sans rappeler la manière dont, aux États-Unis, on dit très souvent “thank you very much” avec la même intonation que “f… you very much”. Cela pourrait être une citation de Nietzsche – remastérisée. » Ou encore : « (…) l’État (…) utilise les médicaments pour prendre possession des corps. Le test signifie, entre autres, que ton petit pipi appartient à l’État. » Je ne me souviens pas que Kierkegaard ait un jour parlé de mon petit pipi (mais un ami philosophe me pointe que oui sans doute, en fait)… LOUISE BOURGEOISE

WAL-MART, L’ENTREPRISE-MONDE
De Nelson Lichtenstein et Susan Strasser
Éd. Les prairies ordinaires Il y a quelque chose de pourri dans le royaume de Wal-Mart. Mais pas sûr que la suite soit : « le ciel y pourvoira », cette fois. Dans leurs deux textes, Nelson Lichtenstein (et on ne peut que noter l’ironie qui veut qu’il porte à une voyelle près le nom d’un paradis fiscal) et Susan Strasser dressent une analyse et un historique à charge de la plus grosse chaîne d’hyper des USA. Plus que d’Hamlet, il s’agirait là plutôt de David contre Goliath. Wal-Mart est en effet la plus grande entreprise mondiale, le plus gros employeur privé de la planète, son chiffre d’affaires est supérieur au PIB de la Suisse et son budget informatique l’est, lui, à celui de la NASA. Comment ? Oh, cette bonne vieille histoire d’influence politique, de pression sur les fournisseurs, de maintien dans la précarité érigé en mode de management. Marrant, mais la semaine dernière en mettant les pieds dans une librairie Leclerc, j’ai vu qu’ils avaient sur leur présentoir le bouquin Leclerc : enquête sur un système, un livre-enquête d’un journaliste sur les coulisses de la chaîne d’hypermarchés français. Désormais Goliath vend les cailloux de David. COCO DUFOUR

ELECTRA GLIDE IN BLUE
Éd. Wild Side Ça commence par un suicide, ça finit par un meurtre. On dit souvent d’Electra Glide in Blue, pour résumer, qu’il est l’anti Easy Rider. Même si en soi, la description donne envie de voir le film – je veux dire, Easy Rider c’est super quand tu découvres le cinéma psyché à 13 ans, mais si à 18 tu n’as pas déchanté, c’est que tu es condamné à porter une peau de merde jusqu’à ta mort – pour autant elle n’est pas juste. Electra Glide in Blue, c’est bien plus fort que cette description conceptuelle. Le film met en scène un personnage a priori antipathique : un flic motard de l’Arizona qui rêve de devenir vrai flic dans une vraie ville. Mais, moqué par les blaireaux qui l’entourent à cause de sa petite taille, il est transformé en l’un des personnages les plus sympathiques que vous aurez aperçu dans votre carrière de spectateur. Il faut voir cette séquence où il drague deux minettes hippies qui viennent s’acheter un cornet de glace dans un kiosque planté dans un canyon : il est l’incarnation du mec cool avec qui tu as envie de traîner. C’est un de ces films qui laisse une trace dans le cortex. De fait, si après ça le lecteur ne se jette pas sur cette réédition, c’est que je n’ai pas eu assez de signes pour le présenter… AL BATARD