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Anna Dhody : On a cherché à expliquer ce qu'était la peau, de manière factuelle et ludique. L'une de mes phrases préférées est la suivante : « Après la lecture de ce cartel, 30 000 cellules de votre épiderme auront été remplacées. » Un être humain de taille et corpulence moyennes détruit plus de quatre kilogrammes de cellules d'épiderme par an.Cette exposition s'intéresse également au rapport entre la peau et la culture, par l'intermédiaire des modifications corporelles, comme le tatouage, le piercing, les scarifications, etc. Ces phénomènes sont massifs : près de 85 % des Américains possèdent au moins un piercing à l'oreille.
Ils nous ont été légués par une institution médicale, et nous les remercions du fond du cœur. Malheureusement, il est extrêmement difficile de retrouver la provenance de ces tatouages – on peut seulement s'interroger sur leur date de « fabrication ». Certains ont plus de cent ans. Le musée va engager un chercheur dans un futur proche afin de combler ce manque.
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En fait, ces fragments de peau proviennent d'une seule et même personne. Il y a quelques mois, j'ai reçu un mail de la part d'une jeune femme me disant que sa colocataire avait déménagé et oublié ce récipient. Elle m'a proposé de me le donner afin qu'il soit exposé dans le musée. J'ai bien évidemment accepté. Le colis était accompagné d'une petite note précisant que cette femme était en réalité la « propriétaire » de ces fragments de peau.
Cette femme est victime de dermatillomanie, et en est consciente. Selon ses dires, elle réussit à contrôler sa maladie en se contentant d'arracher la peau de ses pieds. D'ailleurs, on peut noter que certains fragments de peau sont plus sombres que d'autres : ils ont été arrachés en hiver, alors que la jeune femme portait des chaussettes noires.C'est une chance, pour moi, d'arriver à représenter une pathologie mentale de la sorte. Prenez le schizophrénie ou la dépression : il est impossible de les représenter. En revanche, la dermatillomanie me permet d'allier une représentation artistique à une évocation médicale.
Le directeur du musée, Robert, a dû se remettre d'un cancer de la peau il y a quelques années. On a décidé de créer une narration à la troisième personne autour de ce fait, en se basant sur son récit afin d'étayer le propos. De plus, le musée présente des fragments de la peau de Robert afin de permettre à nos visiteurs de réaliser que le cancer de la peau est une maladie qui peut toucher n'importe qui.
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Des dizaines de personnes nous ont contactés mais, en découvrant l'ampleur du fardeau – financier et logistique – ils ont préféré faire marche arrière. En effet, le musée ne prend pas en charge les opérations et n'a plus vraiment d'espace disponible.J'ai déjà reçu des messages de gens affirmant qu'ils étaient disposés à nous léguer la vésicule biliaire de leur conjoint décédé mais, dans la plupart des cas, cela ne nous intéresse pas. Il est toujours difficile d'avouer à un être humain qu'il est loin d'être aussi unique qu'il ne le pense, mais c'est une réalité.Suivez Simon Davis sur Twitter.