Life

On a demandé à ceux qui se retrouvent pour baiser en période de coronavirus : pourquoi ?

À l’intention des personnes en manque : trouvez-vous une meilleure connexion Internet et apprenez pour de bon à jouir par Skype!
Daisy Jones
London, GB
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« Photo prise avant le confinement, évidemment. » Photo d’Emily Bowler.

Objectivement, il n’y a rien de moins sexy qu’une pandémie mondiale. Et, même si le risque de propager un virus potentiellement mortel n’a pas convaincu les plus bouillonnants des tombeurs de calmer d’un cran leurs ardeurs, l’angoisse d’un chômage de masse et d’un effondrement économique imminent a tout de même fait son effet (sur la plupart d’entre nous en tout cas). Quoi qu’il en soit, on ne peut pas sortir de chez soi, à part pour faire des courses de première nécessité ou du sport. Donc pour ceux qui veulent tirer un coup avec quelqu’un d’autre que leurs colocs, c’est le moment de devenir un dieu du sexe sur Facetime et de télécharger Photoshop pour retoucher vos meilleurs nudes.

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Cela dit, alors que les Britanniques étaient critiqués pour avoir voulu bronzer dans les parcs le week-end, et que les promeneurs français se sont fait réprimander pour leur indiscipline, d’autres ont enfreint les lois bien plus sournoisement. En effet : même pendant la crise du coronavirus, alors que tu restes bien sagement cloîtré chez toi avec ton sextoy et tes nouilles déshydratées pour seule compagnie, d’autres en profitent pour sortir en douce et aller s’envoyer en l’air – pour de vrai ! Sans gant, sans masque, contact physique garanti. Mais, pourquoi ? Ils sont pas au courant ?

Lauren*, une habitante de Londres de 23 ans, m’a confié que son plan cul vivait à deux rues de chez elle et qu’ils avaient continué à se voir même pendant le confinement. « Il vit seul et ne voit personne, et moi je n’ai qu’un seul coloc, donc je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de risques, a-t-elle tenté justifier. La distance fait que c’est presque comme si on vivait ensemble, sans avoir à vivre vraiment ensemble. Et on travaille tous les deux depuis la maison. Si le confinement devient plus strict, j’y repenserais, mais pour l’instant je ne me sens pas franchement coupable de vouloir prendre un peu de plaisir, une fois par semaine ! »

« Ça m’a fait vraiment du bien d’être avec un autre être humain et de pouvoir partager une complicité. En fait, j’ai pu enfin me libérer du stress qui pesait sur mes épaules depuis plusieurs semaines » – Alex

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Rhi, jeune fille de 25 ans, isolée depuis bientôt un mois, m’a dit qu’elle n’avait eu aucune relation depuis le début du confinement. Mais après une soirée bien arrosée, se sentant toute excitée, elle a fini par craquer. « J’étais sur Tinder et je parlais à ce mec qui était lui aussi en confinement complètement seul depuis 21 jours. Je buvais mon Prosecco en dansant sur mon balcon, et on s’est tous les deux dit : "Et puis merde !" Donc, je suis allée chez lui, on a couché ensemble et on est allé dormir. »

Rhi considère le flirt en confinement comme un coup d’un soir et reconnaît que ce n’est clairement pas le moment idéal pour rencontrer quelqu’un. « A la fin du discours de la reine, je lui ai lancé "C’est sombre, hein ?", a-t-elle ajouté. Ce que je n’avais pas réalisé, c’est que le retour à la réalité serait bien plus sombre, empli de questions existentielles et baigné de l’intime sentiment d’être en train de foutre en l’air à moi seule tout le système de santé du pays. »

Pour la plupart des personnes interrogées, ces plans culs de confinement sont partis d’une bonne intention, puis ont tourné au vinaigre. « J’étais sortie avec un mec la semaine avant l’annonce de confinement et je ne l’avais pas revu depuis, a raconté Frances, 26 ans. Et puis hier, il m’a fait la blague de me dire qu’il allait passer ! J’ai réalisé qu’il était en fait très sérieux quand je l’ai entendu sonner à ma porte. Du coup, je l’ai laissé entrer, et on s’est assis à 2 mètres l’un de l’autre, au début. Mais ensuite on a bu quelques bières, fumé un joint, et on a fini par coucher ensemble, deux fois. »

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Ça n’a pas été sans remords. « Ça a beaucoup énervé mes colocs (et à raison !) qu’il traîne à l’appart, donc je lui ai demandé de partir et j’ai désinfecté tous les coins où il avait pu passer », a-t-elle raconté. « Je me sens vraiment mal d’avoir fait ça. »

Pour d’autres, en période de coronavirus, les coups d’un soir sont moins motivés par le sexe que par le sentiment de solitude et d’enfermement. Alex, 29 ans, a avoué avoir eu un moment de faiblesse en allant voir son ex. « On s’était séparés juste avant le confinement, donc ça aurait été bizarre d’arrêter complètement de se voir d’un coup. J’aurais pas su comment gérer ça, a-t-il lancé. On a fini par coucher ensemble et ça m’a fait vraiment du bien d’être avec un autre être humain et de pouvoir partager une complicité. En fait, j’ai pu enfin me libérer du stress qui pesait sur mes épaules depuis plusieurs semaines. »

Comme Rhi, Alex n’envisage pas de recommencer. « Au-delà du fait que ce soit définitivement terminé avec mon ex, je me suis senti mal après coup. Si ça avait été un de mes colocs, je n’aurais pas hésité à lui demander ce qui ne tourne pas rond chez lui, et je comprends bien que c’était moralement très discutable de faire ça. Mais parfois, le corps prend le dessus sur la raison. »

Quelle que soit la situation et ses implications, certains trouveront toujours moyen de tirer leur coup. En temps normal, ça serait plutôt une bonne chose : chacun son truc ! Mais durant une pandémie ? Peut-être serait-il sage de se retenir pour quelque temps ? A moins d’en profiter pour déployer son imagination pour avoir des relations sexuelles sans être physiquement avec son partenaire. Malheureusement, je crois bien qu’aucune bite ne mérite qu’on répande une maladie potentiellement mortelle.

*Le prénom a été changé

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