Caballero sans JeanJass
Culture

La Vida Lockdown 5 : Corona ou pas, Caballero la fume pure et tousse pas

Caballero était tout pixelisé mais il va bien et s'est posé pour faire le point sur son évolution.
Gen Ueda
Brussels, BE

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Une dizaine d’années après ses débuts, Caballero est, avec JeanJass, au coeur de l’actu culturelle depuis quelques semaines. Non seulement la saison 3 de High & Fines Herbes est sortie, mais le duo a aussi lâché une très dense mixtape éponyme en même temps que le dernier épisode de la série. Si les streams semblent bien soutenir le projet, ils n’auront hélas pas l’occasion de tester les sons face à leur public cet été, tous les festivals étant annulés. C’est donc l’occase pour Caba de digérer ça avec sagesse et d’en profiter pour faire le point sur son évolution.

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VICE : Ça se passe ?
Caballero : Ça va hein. On fait au mieux. On essaie de faire passer le temps de la manière la plus ludique possible !

Joyeux anniversaire pour les 4 ans de « Double Hélice »
Merci frérot, moi-même j'étais pas au courant avant de voir la publication de JJ. Bon anniversaire à moi.

Le projet fait encore tout frais, ça a bien vieilli. Quelqu’un demande en commentaire : « À quand une nouvelle ogive à Repeat ? »
Repeat, c'était le premier son de DH1, on l'avait sorti en premier. Pour l'anecdote, c’était le dernier qu'on avait enregistré. On avait cloturé le projet et on s'est dit que ça manquait quand même d'un truc lourd-lourd. On venait de découvrir les nouveaux petits noms du beatmaking et dans ce cas-ci plus particulièrement BBL avec qui on a beaucoup collaboré depuis. Sur chaque projet, on a 3 ou 4 prods de lui. Et à quand une nouvelle ogive ? Il y en a tout le temps dans nos projets !

Tu continues à aller en studio là ?
Ouais, j'suis pas si productif que ça par rapport à JJ par exemple, mais j'essaie toujours d'avoir un petit rythme de création pour pas me sentir inutile et continuer à créer. Il y a toujours ce petit truc qui pousse à écrire à gauche à droite. Si tu t'entraines pas, ton cerveau il suit ; il faut un travail constant, il faut continuer à créer. C'est comme le vélo.

Mais le vélo justement tu t'en souviens toute ta vie même si t’en fais pas, non ?
Ouais, mais si tu t'entraines pas un minimum, tu vas pas pouvoir faire un gros tour de France.

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Du coup ça repart au charbon alors que vous venez de sortir un gros projet de 25 titres.
Ouais, faut avoir une rigueur au moins ; pas que je me force, mais faut essayer d'être constant sinon tu coules.

Sur High & Fines Herbes, vous avez un·e invité·e sur quasi chaque son. Il y a plein de vos potes dont la présence n’étonne pas comme Senamo ou Roméo ; mais coté de ça, vous avez eu des collaborations « purement professionnelles » ?
Je vois ce que tu veux dire, mais on a pas eu trop cette approche-là avec les invité·es parce qu’on a eu l'occase de tou·tes se voir en studio. On a tout créé ensemble donc c’est pas comme ces collaborations que j'ai déjà eues où tu fais le son de ton côté, t'envoies des pistes à distance et tu vois pas le rappeur.

Dans ce cas-ci, on est resté dans la convivialité jusqu'au bout, c’est pas une image. Et ouais, il y a des habitués comme Senamo avec qui je fais du son depuis 10 ans ou Roméo qu'on connaît bien mais par exemple avec Rim'K, on s'est vus deux fois pour le son. Et Chilla, on s'est capté·es en studio à Paris, on a fait le truc. À chaque fois, on était grave contents qu'iels nous honorent avec leur temps. L'ambiance de création a été vachement agréable.

Ça vous a pris combien de temps pour rassembler tous ces gens ? Le roi Heenok vient de Montréal, il y a les Français·es…
Bah, en vrai ça a l'air d'être un casse-tête — et c'est un peu de le cas —, mais heureusement, on est entourés par un bon management qui nous aide et qui se fait respecter par le reste de l'industrie. Quand notre manager Max appelle un·e autre manager, c'est plus facile. Notre équipe est là pour louer les studios, faire les plannings pour inviter les artistes… sinon on aurait galéré de fou.

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Ça vous déroule le tapis rouge.
C’est plus ou moins ça. Nous notre travail, c’est la création ; on veut être le plus à l'aise possible pour pouvoir faire le max de bons sons.

Tu dois sentir un petit coup de blues après la sortie de la mixtape et de la saison 3 d’H&FH ?
On a tourné l'émission en septembre donc on a eu le temps de se réadapter. Mais depuis qu’il y a le confinement dans l'équation, j’ai une nostalgie de fou quand je revois les épisodes. Je me souviens à quel point on a goleri, on se disait pas qu'y avait un foutu virus qui contamine la terre entière. Que des bons souvenirs. Quand j'y pense, confiné dans mon coin, je me dis que c'était la belle époque.

Tu passes comment le temps là ?
Franchement, ça varie pas des jours où je suis en mode congé. J'ai pas une grosse bougeotte de base. J'aime bien chiller, fumer de l'herbe, regarder des mangas, des films, être avec ma meuf ; kiffer au calme. Ça me dérange pas plus que ça. Ce qui est chiant, c'est que j'aurai pas de tournée et je vais pas voir mon public adoré et chéri qui nous donne tellement de love en concerts. Mais faut être patient.

D'ailleurs je me demandais comment tu gérais les retours sur la mixtape, vu qu’il y aura pas les festivals pour tester les sons ; il y a juste internet en gros ?
Le contact direct, c’est comme ça que tu ressens mieux les choses : tu vois les sons qui marchent le mieux quand le public saute dès qu’on démarre une instru. Ça trompe pas. Là c’est une question de stats ; j'ai mes instruments : vues, streams par mois, les graphiques dans mes applis, je vois comment évolue la courbe des écoutes.

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Vous faites des réunions Powerpoint avec JJ ?
(Le live a buggé donc Caballero n’a pas entendu la vanne — qui n’en était pas vraiment une ; donc tant mieux.)

On t’a connu comme rappeur à plein temps, puis t’es devenu animateur culinaire sur CheckFood, puis animateur de jeu sur H&FH. Tu t'es diversifié progressivement ou t'avais déjà cet objectif en vue à tes débuts ?
J'ai toujours été un petit showman ; depuis petit, je fais des absurdités, je crie, je fais des caricatures, j’étais un boute-en-train éloquent et loquace. Donc l'amour pour le rap, c’est différent, mais là j'ai su trouver un équilibre entre les deux et faire en sorte de me concentrer pour faire de la bonne musique d’un côté, et d'être dans l'entertainment de l’autre. Si c’est dans mes cartes, je joue.

Ça a commencé à l’époque de DH1 ? Parce qu’à l'époque de Laisse-moi faire ou de Pont de la Reine , t’avais pas ce côté showman.
Début de la vingtaine, j'étais dans un autre mood ; je voulais faire le truc bien comme il faut, je voulais respecter les règles de l'art du rap, respecter certains piliers du hip hop. J'avais une certaine idée de ce qu’était le bon rap et je voulais aller vers ça. Après, tu grandis, tu voyages, t’ouvres ton esprit, t'essayes d'évoluer et d'offrir aux gens des trucs pas saoulants ; montrer une nouvelle facette de toi et enrichir l'artiste que tu es.

Dans le rap on parle souvent de feat ; on peut dire que t’as vraiment intégré la culture du feat. Il y a eu le projet en famille nombreuse Laisse-nous faire Vol. 1 , le projet en duo avec Lomepal , les quatre avec JeanJass dont cette dernière mixtape…
D'une certaine façon, ouais. J'ai toujours préféré ça. J'étais en solo, je représentais mon monde, mais par la force des choses et par mon caractère, j'ai toujours aimé partagé et pas faire les choses dans mon coin. Mais même hors musique, je suis pas un gars très solitaire et je pense que ça se ressent.

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C'est quoi tes plans à moyen terme ?
Tout est très flou je t'avoue. Pour le moment, je suis plus en mode au jour le jour parce que j'ai l'impression que tout peut bouger très vite, avec des renversements à 180 degrés. Je prends la vie comme elle vient. Je suis quand même dans la création, j'écris des rimes, je vais au stud’, mais j'ai pas envie de mettre beaucoup plus de plans dans le calendrier. On verra quand ce sera plus clair.

En même temps, tu fais partie des rares qui ont une structure tangible ; t’es dans une vraie carrière.
Ouais, on est grave fiers, c'est ce qu'on a voulu. Moi j'ai tout donné : des sacrifices, des heures et heures de travail, de covoit’, plein de rencontres. C'est peut-être un peu niais mais c’est pas des blagues : si tu veux vraiment un truc, tu vas tout faire pour. On peut pas être plus fiers que ça.

Tu vas appeler ton autobiographie : « Du covoiturage au tourbus » ?
C’est clairement ça ! J’ai beaucoup pris cet exemple dans ma vie en plus ! Ça définit vraiment bien notre évolution.

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