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Pourquoi le cancer du cœur n’existe pas ?

Tous les organes sont susceptibles d’être rongés par de vilaines métastases, sauf un.

Parce que le corps humain est une machine imparfaite, il existe un cancer pour tout ou presque : cancer du cerveau, cancer du foie, cancer du sein, cancer du pancréas, leucémie, cancer de la peau… il y en a pour tous les goûts. Mais un cancer du cœur ? Ça, non.

Vous n'en avez certainement jamais entendu parler, pourtant le cancer du cœur, aussi appelé rhabdomyosarcome, existe bel et bien. Et par « existe, » on entend qu'il y a déjà eu un cas de cancer de ce type. Mais pas davantage. En ce sens, on peut bien dire qu'il n'existe pas. La Mayo Clinic, par exemple, estime qu'il y a environ cas de cancer du cœur primaire par an, non diagnostiqué. Ces cas extrêmement rares résultent généralement d'un cancer généralisé. Par exemple, un cancer des poumons particulièrement virulent peut se répandre jusqu'au cœur après avoir atteint le péricarde.

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Mais cela reste extrêmement improbable.

Le cancer et les maladies cardiaques sont les deux grands assassins de notre époque, mais ils semblent avoir négocié un arrangement afin de ne jamais se combiner. Mais pourquoi le cœur a-t-il une telle immunité au cancer ?

La réponse réside dans les myocytes cardiaques, le type de cellules cardiaques le plus abondant. Les myocytes sont, en gros, des cellules musculaires. Cela distingue le cœur des autres organes : ce n'est qu'un gros tas de muscles.

Les myocytes cardiaques sont en phase terminale de différenciation. C'est leur principale caractéristique. Cela signifie qu'elles interrompent leur cycle cellulaire très tôt dans la vie de l'individu, et arrêtent de se diviser. Ensuite, la croissance du cœur se poursuivra par l'expansion de la taille des cellules, et non par division cellulaire. En cela, elles diffèrent des cellules épithéliales qui tapissent la plupart des autres organes ; ces dernières se divisent activement en réponse à certains stimuli, et augmentent leur nombre quand cela s'avère nécessaire.

Le principe même du cancer est celui d'une prolifération cellulaire non contrôlée. Les mutations génétiques s'accumulent dans les cellules avec le temps, ce qui conduit à une division cellulaire chaotique, non régulée par le corps. Il s'ensuit la formation d'une tumeur, qui devient maligne et se métastase, se répandant progressivement dans d'autres tissus, d'autres organes.

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Mais les cellules cardiaques, ne sont pas intéressées par la division cellulaire. Ou plutôt, elles perdent très tôt leur capacité à synthétiser l'ADN, et donc à créer de nouvelles copies d'elles-mêmes. Cela vaut pour les cellules cardiaques saines, mais également pour les cellules cardiaques malades : le cancer ne peut pas proliférer.

Cela nous ramène à un constat cruel. Le cancer est la première cause de mortalité en France, suivie de près par les maladies cardio-vasculaires. C'est aussi parce que les cellules cardiaques ne peuvent pas se renouveler que les cardiopathies font tant de dégâts.

La maladie cardiaque typique commence par une crise cardiaque au cours de laquelle le sang stagne suffisamment longtemps dans une partie du cœur pour qu'elle meure. Au lieu de remplacer ce tissu avec un nouveau muscle cardiaque, le corps produit un tissu cicatriciel. Le cœur doit alors travailler davantage pour compenser ce déficit de masse musculaire, et bientôt, une autre crise cardiaque se produit. Plus de nouveau, la formation de tissu cicatriciel. Etc., etc. Finalement, le cœur est réduit à un ensemble fragile de tissus à peine fonctionnel, puis c'est la fin.

Pour résumer, c'est le mécanisme qui provoque les maladies cardiaques qui nous protège contre le cancer du cœur. La vie est un immense paradoxe. (C'est pour cette raison que de nombreux chercheurs tentent de trouver un moyen de provoquer la division cellulaire des myocytes cardiaques sur demande).

Il faut préciser que le cancer du cerveau est bien plus courant que le cancer du cœur, même si les neurones, eux aussi, sont incapables de se multiplier. Cela s'explique par le fait que le cerveau est constitué pour moitié de neurones, et pour moitié de cellules gliales, qui servent de nombreuses fonctions mais n'interviennent pas dans le traitement de l'information opéré par le cerveau. Les cellules gliales se divisent tranquillement tout au long du développement de l'individu, ce qui les rend éligibles à ce bon vieux cancer. Les cellules cardiaques, elles, sont seules face à l'adversité.