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​Le joueur de Ligue 1 VICE Sports du week-end : Jimmy Briand

Jimmy est un joueur honnête dans un club honnête. Il serait peut-être temps de les célébrer.
Reuters

Rangez vos Wissam Ben Yedder, vos Sofiane Boufal, même vos Zlatan Ibrahimovic. Si la Ligue 1 a une âme, c'est grâce à Jimmy Briand. Jimmy la légende. Il aurait pu être Thierry Henry mais il a choisi de rester Jimmy Briand, un bon attaquant du championnat français, encore assez loin de l'excellence, mais qui fera le taf si vous faites appel à lui.

Guingamp l'a bien compris. Comme Mevlut Erding, Briand est une sorte d'attaquant pas forcément transcendant capable de coups de génie une fois de temps en temps. Dimanche, l'EAG affrontait le Stade Rennais au Roazhon Park, dans un derby qui excitait seulement les gens que ça intéresse de différencier crêpes et galettes.

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Comme tous les ans, les Rennais essaient de s'assurer la cinquième place à tout prix. Ils ont donc laissé les Guingampais jouer, pour ne pas non plus finir par se qualifier pour la Ligue des champions. Laisser Guingamp jouer, c'est pas franchement beau à regarder, un peu comme une tête d'affiche des Vieilles Charrues ou un pilier de bar brestois. Le premier but est sûrement l'un des plus laids de la saison. Un enchaînement de têtes en cloche, de frappes manquées et de passes trop lobées pour parvenir à un but de raccroc marqué par Moustapha Diallo et repoussé juste derrière sa ligne par Benoît Costil :

Mais le deuxième est l'œuvre de Jimmy et il est donc forcément exceptionnel. Une passe décisive de Thibaut Giresse dans la surface (il sera passeur décisif sur les trois buts) et Jimmy Briand qui la met au fond d'une talonnade pas fluide, comme son jeu. Mais une inspiration de génie. C'est le geste que je tente - et rate - régulièrement au futsal, mais parce que je suis trop crevé pour essayer de me retourner. Peut-être que Jimmy a fait ça pour les mêmes raisons, il a pas l'air super affûté non plus.

Guingamp gagnera donc 3-0 ce qui lui permet, a priori, de s'assurer le maintien. C'est tant mieux, parce que l'EAG est un club sympathique qu'on aime bien avoir entre la 10e et la 17e place tous les ans. C'est rassurant. Quand on voit qu'il est impossible de prédire qui terminera à quelle place au cours d'une saison de Ligue 1 (qui aurait pu prédire la saison de Caen ? Où sont Angers et le Gazélec qui faisaient apparemment des saisons exceptionnelles ?), on se dit qu'on est content d'avoir Guingamp et sa réconfortante modestie.

Jimmy, c'est un peu pareil. Il a eu ses belles années, c'est sûr, mais elles sont forcément derrière lui. Qu'attendre d'un joueur qui s'est dit qu'un transfert à Hanovre pouvait être une bonne idée pour sa carrière ? On sera forcément jamais déçu en tout cas. C'est sûrement ce que se répète Jimmy depuis les années où il était la petite sensation de l'INF Clairefontaine : pas trop d'ambition donc pas trop de déception. Et voilà quand même un joueur qui aura cumulé cinq sélections en bleu, 62 buts en Ligue 1 et une victoire en Coupe de France. Honnête.

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Le bon joueur de Ligue 1, qui ne célèbre pas quand il marque un but contre son ancien club, qui doit sûrement connaître le prénom de tous les arbitres en poste et qui a certainement eu des posters de Bernard Diomède et Florian Maurice dans sa chambre d'ado. Le genre de joueur qui joue en Ligue 1 pour « raisons familiales ». Arrivé à 31 ans, voilà qu'il est franchise player d'un club éternellement humble, à la réception des caviars de Thibaut Giresse et à essayer de se sauver de la relégation avec Christophe Kerbrat, ce qui doit être une expérience plutôt sympa. Dans deux-trois ans, il s'en ira profiter d'une retraite bien méritée en devenant consultant Coupe de la Ligue pour Canal +, un bon job pas trop ambitieux.

Car qui peut lui jeter la pierre ? Pourquoi tous les joueurs de Ligue 1 devraient-ils forcément avoir l'ambition d'aller jouer dans des clubs pétés de Premier League type West Bromwich Albion ? Jimmy ne l'a pas, ce désir inculqué par les journalistes de L'Equipe, ou ne l'a plus : il l'a vécu son frisson étranger. Il était allemand et il a duré un an, c'était suffisant. C'est pour cela, pour cette ambition mesurée et ces coups de génie intermittents, que Jimmy Briand est le joueur VICE Sports du week-end