FYI.

This story is over 5 years old.

Crime

L’histoire du mystérieux tueur d’animaux en Ontario

Depuis 2015, plus de 25 animaux tués et mutilés ont étés retrouvés à London, en Ontario
Greg Thorn

Les paisibles villages éparpillés autour de London en Ontario traînent un passé par moments sombre et sinistre.

Des cinq membres d'une famille irlandaise de Lucan, les Black Donnelys, sauvagement assassinés dans les années 1880 aux tueurs en série des années 1970 comme le « Mad Slasher » et le « Bedroom Strangler », cette région n'a pas été épargnée par les crimes violents.

À tel point que l'ancien policier et criminologue Michael Arntfield a écrit un livre sur l'époque où London tenait le titre peu enviable de capitale mondiale des tueurs en série. Et aujourd'hui, il croit qu'un nouveau tueur rôde autour de London.

Publicité

Depuis 2015, près de 25 animaux ont été retrouvés mutilés et tués autour de la ville. Des coyotes, des serpents exotiques, un chat, un lapin et un petit chien. Certains cadavres étaient laissés à la vue de tous, d'autres étaient cachés. Ils présentaient généralement des similitudes. Dans plusieurs cas, on avait du mal à déterminer de quelle espèce il s'agissait : les deux chiens décapités et dépecés retrouvés derrière une épicerie de Trafalgar Street en février 2016 n'étaient pas des chiens, mais des coyotes.

« Je ne pensais pas que ça allait se répéter », nous a expliqué Judy Foster, la directrice de la London Human Society.

Les dix serpents retrouvés en septembre dernier devant une maison avaient la tête écrasée. Le chat avait été éviscéré. Ses intestins avaient été soigneusement disposés dans Springbank Park. Le lapin a été retrouvé dépecé. Le petit chien a été décapité.

Mis à part ces détails, on sait peu de choses. Le Service de police de la Ville de London n'a pas donné aucune autre information et a rejeté toute demande.

Jusqu'ici, il n'y a rien qui permette de relier les cas avec certitude. En fait, ces massacres ont été traités comme des incidents isolés. Mais Michael Arntfield, qui a contribué à rendre publique cette histoire en enchaînant les entrevues, assure qu'il y a une escalade. Des animaux sauvages, on est passé aux animaux domestiques, et on a découvert leurs cadavres dans des endroits de plus en plus achalandés.

Publicité

Selon lui, il s'agit d'un seul et même individu — ce que personne d'autre n'a encore affirmé publiquement.

« Le problème, c'est que, depuis des mois, même depuis un an, personne ne semble reconnaître la gravité de ces actes criminels, estime Michael Arntfield. Ce n'est pas une plaisanterie, c'est bien plus sordide que ça. »

Michael Arntfield, un ancien policier et professeur de criminologie à l'Université de Western Ontario, décrypte dans ses cours les signes précoces de sadisme sexuel. Les sadiques commettent des meurtres pour le plaisir, et il pense que c'est ce à quoi on a affaire à London. « Le responsable commet ces actes à cause de pulsions sexuelles », pense le criminologue.

Son livre, sobrement intitulé Murder City et publié en 2015, évoque les facteurs psychologiques, géographiques et circonstanciels qui ont permis de créer un terreau idéal dans les années 60, 70 et 80 pour que London devienne la capitale du crime. Pendant cette période, jusqu'à six tueurs en série ont été en activité au même moment. En proportion de la population, il s'agit de la plus grande concentration de tueurs en série au monde.

Deux coyotes retrouvés morts près du campus de Western University. Photo: Greg Thorn

En septembre 2016, une habitante de London a trouvé 10 serpents morts devant chez elle.

Peu de temps après la découverte des serpents devant une maison de la banlieue de London, on a découvert — exactement au même endroit — des câbles arrangés de manière à recréer la scène originale avec les serpents. »

Publicité

« J'ai parlé de cette histoire à des collègues et à d'autres experts. Personne n'avait jamais entendu parler d'un truc pareil, dit Michael Arntfield. On ne sait pas ce que ça signifie, mais ce n'est pas de bon augure. »

Michael Arntfield a reçu une photo prise le 16 octobre 2016 de six oiseaux morts disposés d'une façon qui semble intentionnelle. Ils avaient le cou brisé et le bec cassé. C'était sur l'avenue Rogers près de Wilson Street, non loin de l'université et près de l'endroit où les coyotes avaient été trouvés.

En mars 2015, Greg Thorn, un professeur associé de biologie et de géologie à l'Université Western Ontario, a été informé par un étudiant que deux coyotes avaient été retrouvés sur le campus. Thorn s'est rendu là sur place. Il a trouvé les deux coyotes morts allongés l'un à côté de l'autre à quelques mètres d'un sentier pédestre.

Greg Thorn ne savait pas quoi en penser. « Ce qui m'a surpris, c'est que quelqu'un les a transportés morts jusqu'ici », dit-il. Personne n'a réussi à établir la cause de la mort des coyotes.

« C'est ce qui est troublant dans cette histoire. Dans tous les cas, on ne sait pas quand les animaux ont été tués », dit Judy Foster.

Un porte-parole du Service de police de la Ville de London a expliqué à VICE qu'ils avaient été mis au courant de seulement deux cas : les coyotes retrouvés derrière l'épicerie et le chien décapité.

La Humane Society, le ministère des Richesses naturelles de l'Ontario et la police du campus de Western Ontario ont aussi été informés et ont enquêté dans leur juridiction. Mais ils ont refusé de répondre à nos questions, préférant nous renvoyer vers la police municipale.

« Le Service de police de la Ville de London enquête actuellement sur ce sujet », nous a confié Sandasha Bough, la porte-parole. Nous ne pouvons pas divulguer d'information sur une enquête en cours en ce moment. »

Un seul cas a été résolu : celui d'une oie mutilée déposée devant la porte de la Humane Society de London. L'oiseau avait été déposé là par un automobiliste après l'avoir percuté avec son véhicule.

Mais Michael Arntfield reste persuadé des motivations bien plus sinistres dans les autres cas. Cet individu cherche à voir la réaction des gens, selon lui.

« Ils ont été disposés comme dans une vitrine pour attirer le regard des gens », ajoute Foster. Ils ont été laissés dehors […] dans un secteur où beaucoup de gens vont les voir, où ils seront surpris. »