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Basketball

La triste histoire du basket professionnel à Montréal

Le Matrix s'est éteint à la fin de la saison 2007-08 après s'être battu pour exister pendant deux ans dans une ligue dysfonctionnelle, faute d'investisseurs.

En 2015, l'ancien ministre conservateur Michael Fortier

affirmait vouloir établir une concession de la NBA à Montréal

. À ce moment, la ville était encore fébrile après le spectacle donné par les Raptors de Toronto et les Wizards de Washington, qui venaient de disputer un match endiablé au Centre Bell devant Eugénie Bouchard, Didier Drogba et 20 070 autres fans de sports. Ç'a été la première et la dernière fois que le projet a été mentionné. L'an passé, la tournée canadienne présaison ne s'est même pas arrêtée en ville.

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Avoir une équipe de la NBA à Montréal, ça se peut-tu? L'histoire nous suggère que non. Nous avons discuté avec une des figures de proue du basketball au Québec des 25 dernières années, l'entraîneur Pascal Jobin. Aujourd'hui entraîneur au secondaire, il a été lié avec plusieurs franchises dont nous parlerons ici, notamment comme entraîneur-chef et directeur général. C'est grâce à lui que le basketball professionnel a pu vivre au Québec. Ensemble, nous avons retracé l'histoire un peu triste du basket professionnel dans métropole québécoise. Il y a eu plusieurs équipes, mais concentrons-nous ici sur trois cas récents : les Dragons, le Matrix et le Jazz.

Les Dragons de Montréal (1993-94)

Les Dragons, c'était une maudite bonne équipe de basket. Le problème n'était certainement pas sur le terrain. L'alignement comptait des joueurs tels que les vétérans de la NBA Alfredrick Hughes et Corey Gaines, ainsi que Dwight Walton, un membre de l'équipe olympique canadienne. Les Dragons, qui évoluaient à l'auditorium de Verdun, avaient une impressionnante fiche de 21-6 avant de déclarer faillite avec 20 parties à jouer à leur première saison régulière.

Que s'est-il passé? L'histoire n'est pas claire à ce sujet. La version officieuse veut que les mystérieux propriétaires des Dragons aient pris peur à l'annonce de l'arrivée des Raptors de Toronto et des Grizzlies de Vancouver en NBA, et ont décidé de plier bagage, anticipant des pertes financières. « C'est un mythe, dit Pascal Jobin. C'est ce que les gens en ont déduit parce que les dates concordent. Personne ne sait vraiment ce qui s'est passé. »

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La National Basketball League, au sein de laquelle évoluaient les Dragons, a déclaré faillite et cessé ses activités la saison suivante.

Le Matrix de Montréal (2005-08)

Le Matrix, c'est l'équipe à laquelle on pense lorsqu'on parle de basketball professionnel à Montréal, et avec raison. La troupe dirigée par Pascal Jobin s'est taillé une place en série dès sa première saison en American Basketball Association (ABA). La saison suivante, l'équipe (qui se nommait alors le Royal) a atteint les quarts de finale avant de s'incliner en prolongation face aux Millrats de Manchester.

Que s'est-il passé avec notre Matrix? « L'ABA, c'est une ligue senior de luxe », affirme Jobin. Croyez-le ou non, il existe plus de 350 équipes dans cette ligue et seulement une quarantaine sont actives. Comment est-ce possible? « Les frais d'expansion ne sont qu'à 10 000 $, mais il en coûte beaucoup plus pour rouler une équipe de sport professionnel. Les joueurs doivent être payés, logés et leur transport doit être pris en charge lors des parties à l'étranger. L'ABA est toujours en affaires, car elle laisse croire à beaucoup de gens qu'ils peuvent devenir propriétaires d'une équipe de sport professionnel en échange d'une modique somme d'argent », explique-t-il.

Le Matrix s'est éteint à la fin de la saison 2007-08 après s'être battu pour exister pendant deux ans dans une ligue dysfonctionnelle, faute d'investisseurs et d'implication de l'ABA dans la qualité de leur propre produit. En gros, c'était le rêve d'un seul homme : Pascal Jobin. Il y a travaillé à contre-courant pendant plusieurs années, mais c'était une question de temps avant que la réalité futile de l'ABA rattrape le club.

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Le Jazz de Montréal (2012-13)

La dernière équipe de basketball professionnel à exister à Montréal a laissé un goût amer aux fans. Le Jazz n'a joué qu'une saison dans la Ligue nationale de basketball du Canada (LNB) et a terminé avec un triste dossier de 2 victoires et 38 défaites, menant à la suspension des activités du club par la ligue. Du moins, c'est la version officielle des événements.

« Les dirigeants de la ligue m'ont contacté afin de boucher un trou de 40 parties au calendrier, continue Jobin. Les Kebs de Laval ont cessé leurs activités alors qu'ils étaient supposés se joindre à la ligue. J'ai fait de mon mieux. On n'a pas eu beaucoup de succès, mais on a joué du basketball compétitif pendant 40 matchs », raconte-t-il.

Le Jazz était un projet condamné dès le départ. Une solution hâtive vouée à régler un problème logistique. L'équipe aurait-elle pu survivre si elle avait connu du succès? Qui sait. La réalité des ligues mineures du sport professionnel, c'est qu'on doit improviser et faire avec les moyens du bord. Si une équipe connaît du succès et réussit à s'implanter, tant mieux! Sinon, on passe à un autre appel. On procède par essai-erreur jusqu'à ce que ça fonctionne.

La NBA pourrait-elle s'installer à Montréal un jour? Probablement pas. Le coût moyen d'une équipe est de 1,36 milliard de dollars et le milieu des affaires montréalais n'ayant pas montré assez de sérieux pour garder une franchise des ligues mineures en ville, il est difficile de voir comment le commissaire de la NBA Adam Silver pourrait prendre un projet d'expansion à Montréal au sérieux.

On joue du bon basket en ville, cependant. La culture du sport se développe et le niveau de jeu des jeunes Québécois monte en flèche, comme le témoigne le succès des Samuel Dalembert, Joel Anthony, Khem Birch, Olivier Hanlan et plus récemment Chris Boucher et Jérôme Desrosiers, qui cognent à la porte des grandes ligues. La NBA? Peut-être pas, mais une équipe de sport professionnel stable? On peut se permettre d'en rêver!