Quelles conséquences suite à la rixe entre Kurdes et gros bras d’Erdogan à Washington ?

La visite à la Maison blanche du président turc Recep Tayyip Erdogan de ce mardi a été émaillée d’incidents violents entre ses gardes du corps et des Kurdes venus manifester devant l’ambassade turque des États-Unis à Washington.

Selon des témoins, la bagarre se serait déclenchée, lorsque des membres de la sécurité d’Erdogan auraient attaqué des manifestants devant la résidence. Ceux-ci agitaient le drapeau du parti kurdo-syrien PYD, que la Turquie considère comme un groupe terroriste, affilié aux séparatistes kurdes chassés du pays. Les médias locaux ont rapporté qu’Erdogan était à l’intérieur du bâtiment à ce moment-là.

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Une vidéo de la violente altercation montre un homme en costume-cravate savater un manifestant en plein visage, et un autre donner des coups de pied à une femme à terre, avant d’être repoussé par un policier de Washington, visiblement débordé par la mêlée. Des manifestants pro-Turquie étaient également présents.

Le porte-parole de la police Dustin Sternbeck a annoncé l’arrestation de deux personnes, dont un coupable d’avoir frappé un policier. Neuf personnes ont été blessées. On ne sait pas vraiment si les membres de l’entourage de Erdogan ont été arrêtés. Selon un porte-parole des pompiers de Washington, deux victimes souffrent de graves blessures.

Le clash est vite apparu dans les tendances de Twitter, les internautes soulignant l’abus de pouvoir de l’entourage d’un chef d’état étranger en pleine visite.

« C’est incroyablement culotté, de la part de ces voyous et des Turcs qui les soutiennent, de penser qu’ils vont s’en sortir comme ça dans la capitale des États-Unis », a tweeté Jim Sciutto, le correspondant en chef de la sécurité nationale pour CNN.

Ce n’est pas la première fois que la sécurité d’Erdogan est impliquée dans des violences à Washington. En mars dernier, pendant que le président turc livrait un discours à la Brookings Institution, les journalistes turcs ont accusé ses gardes du corps de les attaquer, alors qu’ils essayaient d’entrer dans le bâtiment.

Le clash a eu lieu quelques heures après la rencontre entre Trump et Erdogan à la Maison blanche, dans un contexte de vive tension entre les alliés de l’OTAN, partenaires dans la lutte contre l’État islamique. Erdogan est furieux contre la décision américaine d’armer des milices kurdes en Syrie.

« Connaissant son homologue à Washington, je doute que cet incident ait des répercussions majeures »

Washington voit le YPG, bras armé du PYD, comme un allié essentiel dans la reconquête de Rakka, la capitale du califat autoproclamé de l’EI. De son côté, Ankara le voit comme un groupe terroriste, appui du Parti des Travailleurs Kurdes, le PKK, qui lutte depuis des années pour obtenir un État indépendant pour les Kurdes au sud-est de la Turquie.

« Aucune organisation terroriste ne sera tolérée dans notre région, le YPG et PYD ne doivent jamais être pris en considération, et cela va à l’encontre d’un accord que nous nous sommes fixés », a déclaré Erdogan à la presse aux côtés de Trump, juste après leur rencontre.

Fadi Hakura, membre du think thank Chatham House et spécialiste de la Turquie, a expliqué à VICE News que l’incident de mardi n’aurait probablement aucune conséquence sur la relation États-Unis-Turquie.

« Je ne pense pas que cela intéresse vraiment Erdogan. Il peut être légèrement perturbé, mais à la fin de la journée, il va négocier avec Trump, l’un des premiers leaders à le féliciter pour sa victoire controversée au référendum », a-t-il poursuivi, faisant référence au vote d’avril en Turquie, qui a eu pour effet d’étendre les pouvoirs du leader autoritaire.

« Connaissant son homologue à Washington, je doute que cet incident ait des répercussions majeures. »


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