Le projet « Urban Goals », du photographe Michael Kirkham, est né dans une rue de Liverpool. « Je passais souvent à côté de ce but à Granby, dans le quartier de Toxteth, près de Jermyn Street. À côté, quelqu’un avait tagué “RIP Chedz” – c’était sans doute un chat du quartier. Ça m’a fait réfléchir à l’environnement dans lequel les gamins du coin jouent au foot, à ces buts urbains de fortune. »
« Urban Goals » a une double signification : l’expression désigne à la fois les buts et les projets d’avenirs de ces enfants dont les balles se heurtent aux murs en briques des centres-villes britanniques. Depuis que ce « RIP Chedz » a attiré son attention, il y a deux ans, Michael a visité certaines des régions les plus défavorisées du pays à la recherche de ces buts bricolés. Couvreur de profession, il n’a jamais été formé à la photographie, mais ces images dégagent une vraie poésie, et figurent un témoignage éloquent du quotidien de la classe ouvrière.
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Ce qui devait être initialement un projet entièrement axé sur Liverpool comprend également des photos prises à Glasgow, Leeds, Stoke-on-Trent, Sheffield, Birmingham, entre autres. Puisqu’il ne conduit pas, Michael s’est déplacé uniquement à pied ou en transports en commun. Afin de déniché ces poteaux improvisés, voire délabrés, il s’est rendu dans les villes qui lui semblaient être une évidence. « Manchester, Londres, Glasgow, Belfast – je viens tout juste de commencer à répertorier ces endroits par écrit. J’ai un carnet avec une liste d’environ 700 spots ; j’y écris le numéro de l’arrêt de bus ou de la gare la plus proche… »
« Urban Goals » est une odyssée en centre-ville, un travail motivé par la passion, mais aussi un hommage aux communautés et aux quartiers qui ont été négligés par le gouvernement du Royaume-Uni. Chaque photo reflète ce besoin d’improvisation et d’ingéniosité face au manque de terrains de foot décents. Un problème auquel les enfants remédient à l’aide de poteaux de but rouillés ou de coups de pinceau sur les murs.
« En prenant ces photos, je me suis rendu compte que le fil conducteur de mon travail est la classe ouvrière et la place qu’elle occupe dans la Grande-Bretagne moderne, déclare Michael. Je voulais montrer ces quartiers qui ont été systématiquement sous-financés, certains depuis des générations. Dans ces endroits-là, on a le sentiment que, souvent, les ambitions et les objectifs de vie sont limités. En tout cas, c’est le sentiment que j’ai eu. »
Les photos de Michael en disent long sur les inégalités sociales telles qu’elles sont subies par les enfants. Pour ces kids qui jouent au foot, ces terrains et buts de fortune sont des lieux précieux, qui témoignent d’une chose irrépressible : des plaisirs simples de l’enfance.