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Crime

Les Sioux remportent une bataille contre un oléoduc américain

Le gouvernement américain a demandé l’arrêt temporaire du projet d’oléoduc Dakota Access, qui doit passer sous la rivière Missouri, en plein territoire sioux. Ceux-ci annoncent continuer leurs manifestations pour réclamer un abandon définitif du projet.
Des manifestants non loin de la réserve de Standing Rock . (Photo par Andrew Cullen/Reuters)

LaDonna « Taureau courageux » Allard était sur le chemin de Bismarck, capitale du Dakota du nord, avec un groupe d'adolescents de la tribu amérindienne sioux de la ville de Standing Rock lorsqu'elle a appris la mauvaise nouvelle.

Un juge s'était d'abord prononcé contre la tribu et sa demande d'arrêt du projet d'oléoduc Dakota Access, qui doit faire passer du pétrole sous la rivière Missouri. Le peuple Sioux craint la pollution de l'eau de la rivière et la destruction de ses cimetières sacrés.

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« J'étais assez dévastée, bouleversée », raconte Taureau courageux Allard. Selon elle, la tribu avait prévu de prier. « C'est tout ce qu'on peut faire ».

Mais ce bouleversement s'est métamorphosé en joie, grâce à une déclaration surprise du gouvernement américain, annonçant que, jusqu'à nouvel ordre, il n'autoriserait pas la construction de l'oléoduc du Dakota Access.

Le gouvernement a demandé à l'entreprise chargée de la construction du projet, la texane Energy Transfer Partners, d'arrêter toute construction dans un rayon de 64 kilomètres autour du lac Oahe, sous lequel le projet doit passer.

À Bismarck, il y a beaucoup de gens contre le projet, explique Taureau courageux Allard, à la tête d'une communauté dont la terre a servi de base pour des manifestants toujours plus nombreux. « Ils dansent et chantent sous la pluie », en célébrant l'arrêt des travaux.

Parmi eux, se trouvent des adolescents : Biranna Cabotte et Jordin San. Pendant l'été, ils ont quitté leurs foyers à Standing Rock et ont couru environ 3 219 kilomètres jusqu'à la capitale, Washington. Arrivés début août, ils voulaient attirer l'attention sur le mouvement anti-oléoduc. Vendredi 9 septembre, de retour dans le Dakota du nord, ils sont allés à Bismarck pour une manifestation.

« Je veux juste qu'ils arrêtent le projet […] Ils devraient penser au futur », dit Jordin, qui a 13 ans. « Une fois qu'ils auront empoisonné notre eau, où ira-t-on boire ? »

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Brianna, 15 ans, ajoute : « On fait de notre mieux pour que tout le monde nous entende, surtout le gouvernement. Je suis certaine qu'ils nous écoutent. »

Selon « Taureau courageux » Allard, personne ne quittera le campement de Sacred Stone, qui a attiré des milliers de personnes d'origine amérindienne, venues du Canada et des États-Unis, solidaires de leur cause.

« On se prépare pour l'hiver », a-t-elle dit. « Nous ne partirons pas, tant que chaque oléoduc est encore sous la terre, nous n'arrêterons pas de prier tant que la terre n'est pas réparée, nous ne cesserons pas tant que toute l'eau n'est pas propre. »

Des questions en suspens

Face à une contestation grandissante, les autorités américaines ont donc demandé l'arrêt temporaire de la construction de l'oléoduc controversé Dakota Access.

Dans un communiqué publié ce vendredi, conjointement par les départements américains de la Justice, de l'Armée et de l'Intérieur, l'armée a déclaré ne pas autoriser la construction. Les autorités veulent savoir si une réévaluation des précédentes décisions juridiques est nécessaire, notamment en considérant la Loi nationale sur l'environnement.

« Par conséquent, la construction de l'oléoduc dans le territoire limitrophe du Corps de l'armée ou sous le lac Oahe ne sera actuellement pas poursuivie », annonce le communiqué. « Provisoirement, nous avons demandé que l'entreprise arrête toute construction dans un rayon de 64 kilomètres [autour] du lac Oahe », annonce le gouvernement, avançant que des « questions importantes » concernant le projet et la jurisprudence autour des oléoducs demeuraient, relevées par la tribu de Standing Rock et par d'autres groupes.

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Le projet doit passer notamment sous la réserve de Standing Rock et la rivière Missouri, soulevant des craintes de pollution de l'eau et de destruction des cimetières sacrés du peuple Sioux.

« Cette cour ne tolère aucune atteinte aux territoires ayant une signification pour les Sioux de Standing Rock. Consciente des outrages commis envers la tribu pendant les derniers siècles, la Cour analyse le processus de permission de manière particulièrement attentive », écrit le juge. « Ceci étant dit, la cour doit néanmoins conclure que la tribu n'a pas démontré qu'une injonction était nécessaire. »

Selon l'agence Associated Press, le juge ordonne que les parties se présentent à une réunion le 16 septembre.


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Geraldine Malone a participé à la rédaction de cet article.

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