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FRANCE

Une vidéo de l’EI met en scène des terroristes du 13 novembre : réaction de François Hollande

Depuis l’Inde, François Hollande a réagi à cette vidéo nouvelle vidéo, indiquant qu’aucune menace « ne fera douter la France » et a justifié dans le même mouvement l’idée d’un prolongement de l’état d’urgence pour trois nouveaux mois.
Pierre Longeray
Paris, FR
Le président François Hollande à Paris le 14 juillet 2013 (© Marie-Lan Nguyen / Wikimedia Commons)

Depuis l'Inde où il participe à une visite d'État, le président français François Hollande a réagi ce lundi matin à la diffusion d'une vidéo de l'organisation terroriste État islamique (EI) , qui présente neuf des assaillants ayant participé aux attaques contre Paris, le 13 novembre dernier. Certains y exécutent des prisonniers.

« Rien ne nous effraiera, aucune menace ne fera douter la France sur ce qu'elle a à faire dans le combat contre le terrorisme, » a déclaré le président — lors d'un aparté avec des journalistes — au cours d'une cérémonie organisée au palais présidentiel à New Delhi. « Ces images ne font que disqualifier les auteurs de ces crimes » a insisté, l'air grave, le président en référence à la vidéo de l'EI diffusée ce dimanche soir.

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Comme semblait l'annoncer la semaine dernière un photomontage énigmatique dans le dernier numéro de Dabiq (le magazine de propagande de l'EI), une vidéo de plusieurs assaillants de Paris a bien été publiée, près de trois mois après les attaques, qui ont fait 130 morts.

À lire : Un montage photo de l'EI met en scène neuf des membres des attaques de Paris

Intitulée « Et tuez-les où que vous les rencontriez », la vidéo dure 17 minutes et porte le logo d'Al-Hayat, la branche médiatique de l'EI. Elle donne la parole aux neuf individus identifiés comme ayant participé aux attaques contre les terrasses parisiennes, le Bataclan et les environs du Stade de France.

Brahim Abdeslam est-il passé par la Syrie ?

Peu de nouvelles informations dans ce spot de propagande reprenant les codes habituels du groupe. On retrouve dans cette vidéo, Ali Al-Iraqi et Ukashah Al-Iraqi — les deux ressortissants irakiens que l'EI identifiait la semaine dernière dans le photomontage publié dans Dabiq comme les deux derniers assaillants du 13 novembre non-identifiés. Ces deux hommes se seraient fait exploser près du Stade de France. Les autorités françaises n'ont pas commenté cette annonce du groupe terroriste.

Les deux Irakiens s'expriment en arabe peut-être depuis la Syrie, habillés en treillis militaire, avant de tuer de leurs mains des prisonniers qui portent une tenue orange. Les autres assaillants du 13 novembre — sauf Brahim Abdeslam et Abdelhamid Abaaoud — se trouvent dans un paysage semblable et dans la même tenue que les deux Irakiens. Ils livrent en français la rhétorique habituelle de l'EI, justifiant les attaques contre la France, avant d'executer face caméra d'autres prisonniers.

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L'un des prisonniers décapités par les assaillants a été identifié comme Hamouda Alqasab, un humanitaire syrien, selon un collectif de militants de Rakka (la capitale de facto de l'EI), « Raqqa is Being Slaughtered Silently », dans un message publié sur son compte Twitter.

Brahim Abdeslam est lui filmé en train de s'entraîner au tir contre un mur sur lequel sont dessinées des cibles. D'après le collectif d'activistes de Rakka, Brahim Abdeslam s'entraîne à la kalachnikov dans la Division 17, une ancienne base militaire située dans la proche banlieue de Rakka. On ne lui connaissait pourtant pas de voyage en Syrie. Il aurait été interrogé par les autorités belges après avoir apparemment échoué à se rendre en Syrie — son périple s'étant achevé en Turquie.

Le Royaume-Uni désigné comme prochaine cible

Abdelhamid Abaaoud est le seul à délivrer son message dans une pièce. Assis devant un drapeau de l'EI, celui que l'on a présenté comme le planificateur des attaques de Paris semble s'être filmé tout seul — la qualité de l'image et du son est nettement moins bonne que celle des interventions des autres hommes.

A.Abaaoud (Abu Omar) apparaît dans une video non localisée — David Thomson (@_DavidThomson)January 24, 2016

Les autorités peinent toujours à comprendre le trajet d'Abaaoud, qui avait quitté la Syrie une première fois pour revenir en Belgique à l'hiver 2014, avant d'annoncer dans Dabiq être retourné en Syrie plus tard, se moquant des autorités en déclarant faire des allers-retours entre l'Europe et la Syrie sans être inquiété.

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Salah Abdeslam, toujours recherché par toutes les polices d'Europe, n'est pas présent dans la vidéo. Comme l'expliquait la semaine dernière à VICE News, Wassim Nasr, journaliste de France 24 et spécialiste des mouvements djihadistes, le montage photo annonciateur de la vidéo rendait uniquement hommage aux assaillants morts lors de l'opération, la même logique pourrait être observée ici.

La vidéo s'achève sur des images de Londres et du Premier ministre britannique, David Cameron, semblant indiquer que la prochaine cible de l'EI pourrait bien être le Royaume-Uni. En conclusion, l'écran passe au noir et montre ce qui ressemble à un email crypté. Sur son compte Twitter, Edward Snowden, ancien ingénieur de la NSA et lanceur d'alerte, assure que cet email est faux et en profite pour se moquer de l'incapacité de l'EI à « falsifier correctement » un message crypté.

Journos: The — Edward Snowden (@Snowden)24 Janvier 2016

Prolongation de l'état d'urgence

La diffusion de cette vidéo par l'EI intervient alors que l'Élysée a annoncé vendredi dernier une possible prolongation de l'état d'urgence pour trois mois. Pour François Hollande, cette vidéo rappelle la menace permanente dans laquelle vit la France.

« Si j'ai pris des mesures pour prolonger l'état d'urgence, c'est bien parce que je sais que cette menace est là et que nous ne céderons en rien, ni sur les moyens de défendre notre pays ni sur les libertés, » a déclaré le président ce lundi depuis New Delhi, interrogé sur la diffusion de la vidéo de l'EI.

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La prolongation de l'état d'urgence sera présentée en conseil des ministres le mercredi 3 février, au même moment que le projet de réforme constitutionnelle, qui prévoit l'élargissement de la déchéance de nationalité aux binationaux nés Français — une mesure largement discutée des deux côtes de l'échiquier politique français.

Invité de l'émission C/Politique sur France 5 ce dimanche soir — avant la publication de la vidéo de l'EI — Bernard Cazeneuve, le ministre de l'Intérieur français, a annoncé que « L'état d'urgence est un outil parmi d'autres [et doit] demeurer exceptionnel. Et ce n'est pas parce que nous le prolongeons qu'il a vocation à se prolonger pour l'éternité. »

Cazeneuve précisait là les propos de Manuel Valls de vendredi dernier. Interviewé par la BBC, le Premier ministre français avait déclaré que l'état d'urgence pourrait être maintenu jusqu'à la défaite de l'EI. « Ce qu'a dit Manuel Valls, c'est qu'aussi longtemps que la menace terroriste serait là, nous utiliserions tous les moyens qui sont ceux que nous donne le droit pour le combattre, » a indiqué le ministre de l'Intérieur.


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Le président François Hollande à Paris le 14 juillet 2013 (© Marie-Lan Nguyen / Wikimedia Commons)

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