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Drogue

Les dealeurs vont de plus en plus vers leurs clients

Avant, les consommateurs venaient jusqu'au produit. Aujourd'hui, c'est le contraire. Les dealeurs développent donc de véritables stratégies de marketing direct, comme les relances par SMS ou les promos.
Image d'illustration (via Cannabis Pictures / Flickr)

Les dealeurs de drogue vont de plus en plus vers leurs clients en développant de véritables stratégies de marketing direct, comme les relances par SMS ou les promos, indique le dernier rapport de l'OFDT publié ce mardi.

Les auteurs du rapport pointent un changement de dynamique dans la relation dealeurs - consommateurs. Ce sont désormais les produits qui vont vers les clients, plutôt que les clients qui vont vers les produits. Pour expliquer cette tendance, les chercheurs indiquent que les consommateurs de drogue français sont de plus en plus réticents à se rendre sur les zones de trafic.

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En effet, on note dans un premier temps une intensification de la violence autour des trafics, ce qui décourage certains à s'aventurer sur un point de vente. De plus, certains usagers — notamment ceux qui sont les plus insérés socialement — craignent de se faire interpeller par les forces de l'ordre, dont la présence a augmenté ces dernières années dans les zones de sécurité prioritaires (ZPS). Enfin, l'état d'urgence a « amplifié » cette situation.

Ainsi, on assiste à une « désorganisation des trafics de cité et de rue », pointe le rapport. La solution choisie par les trafiquants est donc d'aller vers leurs clients, en utilisant notamment le téléphone portable comme « outil de trafic ».

Dans la région de Paris, cette tendance a pris la forme des « Cocaine Call Centers », où « les commandes s'effectuent par SMS et sont honorées par des livreurs à domicile ». Cette technique permet de cloisonner le trafic, puisque le client contacte un commanditaire qui charge ensuite des livreurs — qui changent régulièrement — de la livraison. Cette technique ne concerne pas seulement la cocaïne, mais aussi la MDMA, le cannabis et le crack.

À Paris et dans d'autres grandes villes françaises (Bordeaux, Lille, Rennes ou encore Toulouse), on assiste aussi à la création de « Drive », comme dans les fast-foods. Dans ces drives, souvent adossés à une cité, les clients peuvent acheter de la drogue sans quitter leur véhicule. « La transaction semble plus sécurisée aux yeux des usagers et cette organisation permet aux trafiquants de cités de garder leur clientèle, » indique le rapport.

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« 1 gramme acheté, 0,2 offert »

Dans certaines villes, comme Toulouse, les dealeurs vont à la rencontre de clients directement dans le centre-ville, notamment aux sorties de métro. « Cette distribution en lien direct avec les importations de grandes quantités de résine et d'herbe indique que les organisations des "quartiers" ne se contentent plus d'importer le cannabis ou de le revendre au détail au sein de leurs "cités", mais s'impliquent sur d'autres territoires de la métropole, » décrypte-t-on du côté de l'OFDT.

Du fait de la forte concurrence de ce marché, les trafiquants se tournent de plus en plus vers des stratégies marketing — et ce depuis plusieurs années. Le rapport évoque des SMS de relance, mais aussi des textos promotionnels dont plusieurs exemples sont cités : « Jusqu'à minuit, 1 gramme blanc acheté, 0,2 offert ; 1 gramme brun acheté, 0,5 offert » ou « 60 € le gramme et 70 € les 2 grammes ».

Outre cette redéfinition de la dynamique client - dealeur, le rapport de l'OFDT pointe d'autres tendances observées cette année, comme l'utilisation plus fréquente du dark web pour se procurer des substances psychoactives. Le principal problème des acheteurs sur le dark web est d'avoir une adresse de livraison qui ne les mettra pas en danger, alors que de plus en plus de transits de drogues se font effectivement par voies postales publiques ou privées.

Livraison depuis l'outre-mer

À propos des envois postaux, l'OFDT note aussi l'augmentation des envois par la poste de petites quantités de cocaïne depuis des départements d'outre-mer français (Martinique, Guadeloupe et Guyane). Ces départements sont effectivement proches des lieux de productions de cocaïne et permettent ensuite d'alimenter de petits trafics en province. « Si le gros du trafic [de cocaïne] passe par la voie maritime, le nombre croissant de ces micro-exportations par voie postale est un facteur qui contribue à la forte disponibilité de la substance, notamment dans les villes moyennes du territoire métropolitain, » précise le rapport.

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Les chercheurs de l'OFDT notent également l'émergence des produits dérivés du cannabis comme l'huile, la résine ou encore le miel. Les usagers s'intéressent apparemment à l'auto-fabrication suivant le phénomène du « do it yourself ». Plusieurs sites français exposent plusieurs types de fabrication de haschisch, comme le Pollinator (la fabrication de haschisch à partir des feuilles et des petites têtes) ou l'Ice-o-Lator (extraction de haschisch à l'aide d'eau et de glace).

Alors que la MDMA et l'ecstasy continuent d'être de plus en plus disponibles sur le territoire français, et d'être expérimentés par des usagers aux profils de moins en moins spécifiques, d'autres drogues sont plus difficiles à trouver — comme l'héroïne qui est introuvable à Paris. Pour le crack, on n'en trouve plus au même endroit en région parisienne : suite à la fermeture d'un gros point de vente dans une cité du XIXe arrondissement de Paris, il s'en vend aujourd'hui dans les couloirs et les rames de certaines lignes de métro (4, 9, 12 et 14).


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