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Crime

La RDC dénonce l’incursion de soldats rwandais sur son territoire

Le Rwanda a nié toute incursion et déclaré sur Twitter qu'il s'agissait d'un bobard.
Photo via Flickr

Des soldats rwandais auraient pénétré ce mercredi à l'est de la République démocratique du Congo (RDC). Ils auraient ouvert le feu, blessant un soldat congolais, d'après les autorités congolaises qui ont dénoncé l'incursion dans la soirée de mercredi. Cette incursion, niée par le Rwanda, est en ce moment même l'objet d'une enquête indépendante. En juin dernier, les armées des deux pays s'étaient déjà affrontées à la frontière, faisant un mort du côté congolais.

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Ce jeudi trois agents de la Monusco, la mission de l'ONU dans la région ont été enlevés dans le Nord-Kivu.

Julien Paluku est le gouverneur de la province frontalière du Nord-Kivu, où les soldats rwandais se seraient introduits. Contacté ce jeudi par VICE News, il nous explique que « Des militaires rwandais sont rentrés à l'intérieur du parc national des Virunga, sur la colline Musangoti », à environ un kilomètre à l'intérieur des terres rwandaises. « Les gardes du parc ont alerté l'armée congolaise qui a organisé une battue de reconnaissance. Mais lorsque notre armée s'est approchée, l'armée rwandaise a commencé à tirer sur nos gens, » explique le gouverneur, qui précise avoir demandé à l'armée de RDC de ne pas continuer l'affrontement pour permettre d'envoyer un « mécanisme conjoint de vérification » afin de confirmer ou non cette violation du territoire.

Cette fois-ci, le Rwanda a nié toute incursion, par l'intermédiaire du numéro deux de la représentation permanente du Rwanda à l'ONU, qui a estimé sur Twitter qu'il s'agissait d'un « bobard ». Le gouverneur du Nord-Kivu l'a invité à aller rendre visite au soldat blessé ce mercredi après-midi, déclarant à VICE News, « Nous n'avons aucun intérêt à accuser une autre armée de faire des incursions sur notre sol. »

— Olivier Nduhungirehe (@onduhungirehe)April 22, 2015

Ce « mécanisme conjoint de vérification » existe depuis 2012. Il s'agit d'une mission composée d'experts militaires des différents pays des Grands Lacs, chargés de surveiller les mouvements à la frontière congolo-rwandaise dans une région particulièrement instable, terrain traversé par différentes rébellions violentes. Le Nord-Kivu est une région verdoyante et convoitée, parce que riche en minerais. Elle est aussi une terre d'accueil pour une importante minorité rwandophone.

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À lire : La terreur s'installe dans le Nord-Kivu

La rébellion la plus connue dans la région c'est le Mouvement du 23-mars, appelé M23. Elle a vu le jour en avril 2012. Elle est composée de Congolais rwandophones qui se battent pour prendre le contrôle des richesses de la région, et qui remettent en cause le pouvoir central de la RDC et son président Joseph Kabila. Le Rwanda est accusé de soutenir les M23 qui ont commis de sanglantes exactions, qualifiées de crimes de guerre par certaines ONG. L'armée congolaise était parvenue à en venir à bout en novembre 2013, mais dans la région, on craint une reconstitution des M23.

Julien Paluku explique ainsi à VICE News que « d'anciens M-23 viennent de créer un nouveau groupe, le mouvement chrétien pour la reconstruction du Congo, et c'est ça qui nous inquiète. » L'une des hypothèses avancée par le gouverneur pour expliquer la pénétration de l'armée rwandaise en RDC est celle de la « diversion », le Rwanda pourrait vouloir, selon lui « focaliser l'armée rwandaise sur ces incursions pour favoriser l'infiltration des M23 sur le territoire [congolais]. » Contactée par l'AFP au sujet de cette incursion , l'armée rwandaise a pour le moment refusé de faire le moindre commentaire sur cette affaire.

Par ailleurs, l'armée congolaise est engagée depuis le mois de février2015 contre les rebelles hutus rwandais des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), dont la présence en RDC a justifié par le passé des interventions de l'armée rwandaise à la frontière avec la RDC.

Suivez Mélodie Bouchaud sur Twitter: @meloboucho