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Music

Cam'ron est toujours l'enfant chéri de Harlem

On a rencontré Cam'ron sur le toit d'un immeuble pour parler de basket, de business, et de son passage sur CNN.

Les photos sont de Brayden Olson J’avais rendez-vous avec Cam’ron dans une rue résidentielle très calme de Harlem. Il est descendu d’un coupé Bentley en donnant quelques instructions au chauffeur (son manager en fait). À l’arrière, on pouvait voir sa fiancée, Juju. On a marché ensemble jusqu’à l’intersection de Lenox et de la 128ème rue. En quelques minutes à peine, Cam’ron avait une meute de fans accrochée à son denim. Un petit garçon est arrivé et lui a demandé :« Tu connais Marcus ? » Cam’ron lui a répondu « Ouais ». Le garçon a souri et a ajouté fièrement : « C’est mon cousin ». C’est le type d’effet que Cam’ron produit quand il se promène à Harlem, et plus généralement New York, là où il est considéré comme LE rappeur des années 2000 – faisant de l’ombre à la fois à Jay Z et à Nas du point de vue street scred. Réalisant qu’il aurait été impossible d’interviewer Cam’ron dans une rue de Harlem, on est entré dans un immeuble appartenant à un de ses amis d’enfance pour parler un peu de son héritage, du port de la couleur rose et du rôle de Jay Z dans son chemin vers le succès. Voici ce que l’enfant chéri de Harlem a répondu. Noisey : Je suis passé par Rucker Park en venant. C’est là que tu jouais au basket avant, c’est ça ?
Cam'ron : Ouais, le basket est une de mes passions. À un moment, j’étais dans le top 25 de ma génération. C’est pour ça que tu as hésité à te lancer dans la musique ?
Non, ce n’est pas vraiment que j’étais hésitant. Je ne prenais juste pas ça au sérieux. Le basket était ma priorité à l’époque. Alors, qu’est ce qui s’est passé ?
Je me suis blessé lors d’un match de lycée au Texas, dans un bahut qui m’avait repéré. Du coup je suis rentré à New York. C’est là que tu as opté pour la musique.
Quand je suis revenu, Ma$e avait déjà signé chez Bad Boy. J’ai suivi son exemple et je ne suis jamais retourné à l’école. Il m’a présenté à Biggie, et j’ai eu mon premier contrat juste après. Tu avais un flow différent sur ce premier disque, Confessions of Fire, bien plus agressif et direct. Comment s’est faite la transition avec ton « flow punchline » que tout le monde adore maintenant ?
Avec le temps, tout simplement. Les choses ont évolué. Je suis béni d’être ici depuis tout ce temps et d’avoir pu assister à l’évolution du truc. Ma manière de rapper quand j’ai débarqué fonctionnait bien pour l’époque. Mais tu dois te réinventer. Si je faisais encore la même chose aujourd’hui, je serais plutôt chiant. J'essaie toujours de me renouveler. Je me souviens de ce passage de « Wet Wipes » où tu dis « Lemme hit / Sammy Sosa ». Aujourd’hui on dirait que beaucoup de rappeurs ont repris ce style, en particulier ceux de chez Cash Money.
Quand t’es un basketteur de 12 ans qui admire des joueurs comme LeBron James et Kevin Durant, tu sais qu'au moment où ce sera ton tour de briller, tu ne pourras pas t’empêcher de les imiter. Je ne dis pas que les autres rappeurs m’ont tout pris. Ils ont juste ajouté leur touche par dessus. Mais c'est OK, je ne demande de royalties à personne. T’es habitué à voir des gens capitaliser sur ton image ? J’ai vu des chaussettes et des T shirts à ton effigie, et même des fanzines basés sur toi. Merde, j’ai l’impression que même Steve Jobs te doit de l’argent – il a ouvertement plagié le style lunettes + col roulé que tu arbores sur la cover de Horse and Carriage.
Les seules collaborations officielles que j’ai faites avec une marque de vêtement, c'est le T shirt et les chaussettes Alife. Mais j’ai vu tellement de choses… Comme ce t-shirt avec un gros Range Rover dessus, que je n’avais même pas co-signé. D’ici la fin de l’année, une fois que j’aurais réglé toute la paperasse, tout le monde saura ce qui vient de chez moi et ce qui a été bootleggé. La rue n’en peut plus d’attendre une chaussure designée par Cam’ron, que fout Timberland ?
Je devrais m’occuper de ça, ouais. Le fait que tu sois si bankable montre que tu n’es plus seulement un rappeur mais carrément une icône de la pop culture. Tu es même devenu un mème. Pourquoi selon toi ?
C’est probablement parce qu’un jour j’ai demandé à Bill O’ Reilly dans son émission s’il était « maaaad ». C’était pas grand chose. Il essayait de me chauffer et je trouvais ça franchement hilarant, alors j’ai détendu un peu l’atmosphère. Mais ça peut être un tas d'autres trucs. Comme le fait que je ne m’invente pas d'existence bidon. Je mène vraiment ce style de vie et les gens capitalisent financièrement et intellectuellement là-dessus. Rien n’est calculé. Je me réveille juste le matin, et je suis moi-même. C’est quoi cette histoire avec Anderson Cooper sur CNN ?
C’était à l’époque du mouvement « Stop Snitchin’ ». Tout le monde était furieux que je sois passé à 60 Minutes, et bon, je peux comprendre, quelque part. Mais, ce n'est pas tous les jours que tu peux bénéficier d'une pub aussi énorme, tu vois ce que j’veux dire ? Même si tu as un album ou un film en prévision, tu ne peux pas passer sur 60 Minutes comme ça. J’ai saisi l’opportunité, pour dire des trucs qui me tenaient vraiment à cœur. Ce que tu as dit était plutôt OK. Tu vends des albums à des kids qui traînent dans la rue, ça colle avec cette mentalité.
Les gens ont d’abord été hyper choqués de me voir à la télé, mais chacun doit bien comprendre que personne ne peut apparaître dans 60 Minutes s’il n’a pas un truc très grave ou hyper sordide à raconter. Donc je ne regrette pas du tout ce que j’ai dit à l’antenne. Quand as-tu commencé à t’intéresser au cinéma et à la production ?
C’est encore une fois Damon (Dash) qui est venu me chercher. Il m’a fait jouer dans le premier film qu’il a produit en 2002, Paid In Full. En grandissant, j’ai vu d’autres films comme I'm Bout It de Master P ou Streets Is Watching de Damon et Jay Z et j’ai simplement marché dans leurs pas. Ensuite, je suis devenu producteur exécutif, acteur et j’ai écrit Killa Season. Je suis obligé de te demander – pourquoi Jay Z te cite sur « Pound Cake » de Drake ? Quand il se prend pour la reine d’Angleterre et dit qu’il ta inféodé pour un million de dollars… C’est vrai ?
Chacun a sa version de l'histoire, j’en parle sur ma dernière mixtape. Il ne voulait peut-être pas qu’on le comprenne de cette façon mais c’est comme ça que c’est sorti. Par exemple, si tu prends un type comme Lyor (Cohen) – le mec qui lui a fait signer son contrat – c’est sûrement grâce à lui que Jay a fait autant d’argent sur le long terme, mais ce n’est pas non plus comme si Lyor avait été pauvre avant de signer Jay. Parle-moi de tes entreprises commerciales un peu moins connues, comme le parfum Oh Boy ou ton enseigne porno Dipsex.
On a revendu ces deux entreprises. Quand tu fais évoluer un business jusqu’à un certain niveau, et que quelqu’un te fait une offre, c’est logique de vendre. Pour Dipsex – c’est mon partenaire Big Joe qui s’en occupait. J’ai juste co-signé les statuts. Il arrive un moment où tu ne te soucies même plus des biz dont tu t’occupes, du moment que tu fais des affaires. Un truc drôle, par exemple : il n’y a aucun actionnaire de BET qui est noir, et pourtant, c’est la chaîne de divertissement n°1 des noirs. C'est un fait. T’es toujours en contact avec le reste du Dipset ? On dirait que vous êtes tout le temps en beef.
On va tous bien, et on est tous en bons termes. Tout le monde veut entendre un nouvel album du Dipset, mais on ne veut pas arnaquer les gens. On pourrait aller au studio et enregistrer un album en 2/3 jours, mais ça n’aurait rien d’authentique. On n’est pas du genre à tromper les gens comme ça. Tu peux faire un album en trois jours ?
J’ai 2000 morceaux qui ne sont jamais sortis. J’ai un studio à la maison. Si je me réveille en plein milieu de la nuit, hop je peux enregistrer un truc. Le temps n’est pas une contrainte pour moi. Je peux enregistrer tout ce que je veux, quand je veux. En général, je produis 15 chansons par semaine, pas parce que je dois le faire, mais parce que c’est naturel pour moi. C’est comme une seconde nature. Le temps que je retourne à ma Bentley, j’aurai déjà pensé à huit ou neuf nouvelles rimes. Max B. est un de mes rappeurs préférés. Comment tu l’as rencontré ?
Max habitait dans le même immeuble que moi, on a grandi ensemble. Je vivais au 5ème étage et lui au 3ème, et puis il a signé avec Jim (Jones). Max était trop marrant, j’ai jamais pu le prendre au sérieux en tant que rappeur parce que ce mec me faisait tout le temps marrer, mais je me suis aperçu plus tard qu’il avait vraiment du talent. Dans le quartier, on l’appellait Charlie Rambo. Être prolifique est devenue la caractéristique principale des rappeurs de Harlem. Max B. enchaîne les tapes alors qu’il est en prison, toi tu as un catalogue de 2000 morceaux…
Moi et Max, on écrit sur ce qui nous entoure. Mais ça ne fait pas tout, hein. Il faut aussi être malin, avoir de bonnes punchlines, bien placer ses mots, et tout le reste. En fait, je pourrais rester là, dans le quartier, et en même pas deux jours j’aurais assez de matos pour un album. Là, on est sur le toit de cet immeuble, mais si on avait fait cette interview dans la rue, on y serait encore à minuit. J’aime ce quartier, et il me le rend bien. Si je traîne en bas une journée entière, je vais croiser une centaine de personnes avec qui j’ai grandi, et ça fera une centaine d’histoires en plus à écrire. _Suivez Cam’ron sur _Instagram et surveillez l’arrivée de son nouveau projet__ First of the Month— une série de web épisodes et de mixtapes qui sortiront chaque mois en 2014.