Photo via le compte Instagram du Reggae Sun Ska. Toutes les autres photos sont de l’auteur.
Bordeaux est dite la ville des trois M : Montaigne, Montesquieu, et on ne se souvient jamais du troisième. Depuis que le festival Reggae Sun Ska est installé sur le campus (université Michel de Montaigne, d’ailleurs), on peut dire que le troisième M est celui de Marley.
On ne trouve pas encore de statue du grand Bob place des Quinconces mais rien n’est figé concernant l’avenir, et dans le cadre de l’ambitieux dispositif local de commande publique d’art contemporain, Bordeaux dispose déjà d’un lion de huit mètres de longs et six de haut. Ce proche cousin du Lion Conquérant de la Tribu de Juda, curieusement, est bleu.
Et c’est deux correspondances de tramway plus loin, que se trouve le site du festival Reggae Sun Ska, où l’on est accueilli, là aussi, par un fier lion. Celui-ci, en papier mâché, est juché sur une remorque plateau double-essieux.
Pour assister à un festival de reggae music dans des conditions mémorables, on peut éventuellement se rendre à Anguilla, dans les Caraïbes orientales : plages de sable blanc, lagons cristallins, impôt sur les sociétés à 0 %, Jay-Z et Michael Jordan croisés en allant acheter ses noix de coco au Franprix local, Mama Juana fait maison, et festival Moonsplash. C’est vrai. Mais on peut aussi se faufiler juste derrière le cube vert-de-gris géant qui tient lieu de « Maison des Arts » aux étudiants en sciences humaines de l’Université Michel de Montaigne – Bordeaux 3, et passer tout un week-end en cours d’été dans un campus relax où la zone non-fumeur aurait été réduite à la taille d’un paillasson.
CECI N’EST PAS UN TWIX
Bon, pas de sujets tabous entre nous. Même si vous êtes un parent inquiet qui a tapé les mots-clé #haschich #cannabis #festival #reggae #bordeaux #métropole dans un moteur de recherche et qui aurait atterri sur cette page. Affrontons la vérité : y a-t-il des jeunes – ou moins jeunes – qui profitent d’un festival reggae pour fumer des joints, quitte à sacrifier au cliché ? Répondons en toute simplicité : la tête plus ou moins dans les enceintes, tels des insectes pris au piège des lobes de cette herbacée carnivore décrite par Charles Darwin comme « l’une des plantes les plus merveilleuses au monde » que les botanistes appellent la dionée attrape-mouche, on pouvait voir, juchés sur des barrières, des mecs tirant sur des joints longs comme ces frites qui servent pour les leçons d’aquagym dans les piscines ou pour se taper sur la tête dans les circle pits au Hellfest.
Mais enfin, comme l’a chanté Papa Style, « on va pas se prendre la tête pour une histoire de zeb ».