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DJ Quik ne dépose toujours pas les armes

La conférence de l'architecte du son West Coast peut être résumée en deux points : il aimerait bien bosser avec Ed Sheeran et « Detox » de Dre ne sortira jamais.

Quand DJ Quik a sorti son premier album, Quik Is The Name, le 15 janvier 1991 sur le label très réputé de l’époque, Profile Records (entre autre maison de Run-DMC), ses ambitions étaient plutôt modestes : « Je voulais simplement en vendre 10 000 copies pour m’acheter une Jetta. »

Face au succès des morceaux « Born And Raised In Compton » et «

Tonight

»,

Quik Is The Name

a été certifié disque de platine en 1995 et le petit gars de Compton est tranquillement devenue une légende. On a participé à la conférence qu’il a donnée à la Red Bull Music Academy, dans une salle pleine à craquer, une rencontre organisée par le producteur de Toronto, Johnny Hockin. À 45 ans, David Blake (de son vrai nom) a toujours une pêche d’enfer, surtout après son set de folie au Belmont de Montréal la veille, accompagné de Mannie Fresh et Shash’U.

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Durant ses 25 ans de carrière, Quik a produit des types comme Eazy E, Jay Z, Nate Dogg, Tupac, Snoop Dogg et bien d’autres. Il a réalisé neuf albums studios (dont The Midnight Life sorti l’an dernier) et travaillé sur la B.O. de plusieurs films, dont Menace II Society et Training Day. Pendant deux heures, DJ Quik a tout passé en revue : de ses débuts à jouer des morceaux soul et funk pour ses grandes sœurs jusqu'à son travail avec les groupes 2nd II None et Penthouse Player Clique, en passant par sa rencontre décisive avec Suge Knight, qui fera de lui l’architecte du son Death Row.

Grâce à ses bons rapports avec Knight, Quik a également travaillé sur All Eyez On Me, le quatrième et dernier album de Tupac, sorti en 1996. « J’ai mixé 14 morceaux en deux jours, je crois que je ne suis même pas rentré chez moi, je devais puer la mort » se souvient Quik. Et c’est également lui qui est crédité sur « Heartz Of Men ».

Il se rappelle : « Tupac est arrivé au studio, a allumé un blunt, a pris de quoi écrire, a croisé les jambes et après trente minutes à gratter, il a dit ‘Ok c’est prêt’. Je me suis dit ‘mais qui écrit aussi vite ?’ Ce mec était un vrai monument, un pilier de cette culture. Mais je pense qu’il n’en était pas conscient. » Quik a un jour pris la décision de se dédier entièrement à la production, il voulait à tout prix partager sa musique avec d’autres artistes (« je voulais être une sorte de Jam Master Jay »). En plus des rappeurs, Quik a travaillé avec des groupes comme Parliament, Funkadelic et le guitariste Rob « Fonsksta » Bacon, un vieil ami et collaborateur.

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Quand on lui demande avec qui il aimerait travailler aujourd’hui, on s’aperçoit vite que la moitié des artistes qu’il cite sont déjà morts (Aaliyah, Biggie, Curtis Mayfield), mais un nom retient notre attention : celui d’Ed Sheeran. « La première fois que je l’ai entendu, je me suis dit ‘putain, ce mec sait vraiment chanter » confirme Quik.

Il reconnaît également le talent de rappeurs comme Kendrick Lamar ou Schoolboy Q, qui ont repris en quelque sorte flambeau de la West Coast. D’ailleurs, le morceau « Get Nekkid » qu’il a produit en 2000 pour Mausberg, un MC de Compton, est samplé dans un des morceaux de l’album que Kendrick doit sortir courant 2015.

Tout le monde s’est arraché le producteur, même Dr. Dre lui a demandé, via une note écrite de sa main, de participer à l’album Detox. « Cet album est vraiment avant-gardiste, il n’a rien à voir avec tout ce qui se fait. Je peux comprendre ce qui l’effraye et d’ailleurs je ne pense pas que ce disque sortira un jour. Non pas parce qu’il s’est suffisamment fait de blé avec ses casques, mais si on y réfléchit, pourquoi abimer le mythe de l’album parfait ? »

Quick déplore l’état actuel de l’industrie musicale. Malgré tout, il n’a toujours pas prévu de prendre sa retraite et les rumeurs qui disent le contraire sont amplement exagérées. Pour lui, les évolutions récentes qui permettent la monétisation des morceaux sur des sites comme YouTube ou Spotify sont des avancées positives, il y voit un ultime moyen de survie pour les artistes. DJ Quik veut laisser une trace et être sûr que son héritage soit assuré une fois parti.

« J’ai commencé à écrire ma biographie quand j’étais en prison (il fait référence à sa peine de cinq mois écopée en 2006 après avoir agressé sa sœur). J’avais écrit 15-20 pages mais c’était tellement triste que j’en pleurais » nous raconte-t-il, sourire aux lèvres, avant d’ajouter « mais je vais quand même essayer d’en faire un film ». Max Merten est sur Twitter.