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Music

Cet Irlandais a vu plus de concerts que vous

Jim McDemott compte passer la barre des 1000 concerts début 2017. Si vous souffrez des mêmes symptômes, contactez-nous.

Vous avez déjà rencontré quelqu'un qui aime un objet à tel point qu'il ou elle a décidé de s'y accrocher pour la vie ? Il y a Erika Eiffel, une Américaine qui a épousé la tour Eiffel. Ou Francine “Penny” Patterson, qui a consacré sa vie à enseigner le langage des signes à un gorille. Et puis il y a Jim McDemott, un Britannique qui aime tellement aller voir des concerts qu'il en est presque rendu à son millième.

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Je vous l'accorde, l'acte d'aller à des concerts n'est plus ce qu'il était. On peut d'ailleurs se demander pourquoi des gens pratiquent toujours cette étrange coutume. Des paquets de baskets salopées, des torticolis, des acouphènes, des dizaines de premières parties foireuses, des centaines de gens relous et des heures et des heures passées à fixer l'écran de son smartphone. Rien de super excitant, n'est ce pas ? Mais ne vous y trompez pas : une vie à courir après les concerts est aussi une vie passée dans l'atmosphère immédiate des rockstars, des pop stars et des célébrités. Au cours de ces 28 dernières années, Jim est monté sur scène avec un légendaire boys band anglais, a accosté un célèbre Irlandais dans la rue, et est entré en contact (peu importe la distance et la manière) avec une grande majorité des musiciens qu'on peut trouver dans ces grosses encyclopédies du rock vendues dans les stations services. Quoique vous puissiez penser, tout ce qu'a vécu Jim en matière de concert live dépasse largement la fois où vous avez vu Justice pieds nus à Solidays.

Mais pourquoi est-ce que Jim fait tout ça ? Pourquoi passe t-il tout son temps à arpenter les rues en quête de concerts, plutôt que de peindre des maquettes d'avion ou de vendre des sneakers collectors sur eBay ? Tout a commencé en 1988 quand Jim, alors âgé de 18 ans, est tombé sur un live d'Erasure. Depuis ce jour, il a décidé de consacrer sa vie à suivre des groupes en tournée à travers le monde. Un genre de Superman, mais où la kryptonite serait remplacée par une connaissance ultime de l'indie rock écossais. Quand Jim arrive à un concert, il se poste au premier rang, traîne à la fin du show pour rencontrer le groupe, et achète un CD au stand de merch – ce qui fait de lui un type d'une espèce rare, à l'heure de l'hystérie autour des fuites avant les sorties d'albums. Plus que ça, sa maison contient carrément une pièce dédiée à ses CD's (pas une chambre d'amis, un salon ou une salle de jeu, non non : UNE PIECE À CD ! ) qui abrite sa collection d'à peu près 2000 disques.

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Comment avons-nous dégoté cet oiseau rare? Sous la pression de ses amis, Jim s'est fait un compte Twitter qui relaye son compte-à-rebours vers la grande étape des 1000 concerts. Jim McDemott est un homme qui respecte les règles : il n'est pas pressé et ça ne l'intéresse aucunement de tricher, mais annonce qu'il passera la barre au début 2017. Avant que le grand moment n'arrive, que les cieux s'ouvrent et laissent pleuvoir des milliers de kudos sur son front béni, j'ai décidé de rencontrer Jim pour en savoir plus sur son obsession des lives.

Une collections de tickets de concerts, avant l'ère tragique du digitick

Noisey : Salut Jim ! Comment ça se fait que tu n'en aies pas encore marre ? Perso, j'ai déjà mal au dos après trois concerts d'affilée.

Jim : J'aime m'imprégner de ce qui m'entoure. Vu le nombre de concerts auxquels je vais, ce n'est pas toujours bière et compagnie hein. J'y vais avant tout pour la musique, l'expérience, l'atmosphère, le groupe… Quand j'étais plus jeune, on buvait plus, mais je vais être honnête avec toi, si c'était encore le cas, je ne verrais pas plus de 10 concerts par an, à cause des dépenses et de la fatigue. Je ne serais pas capable de le faire.

Même sans picoler, ça a dû te couter un paquet de fric de voir tous ces concerts…

Bon, vois le sous cet angle : Neil Young a joué récemment, ça coûtait presque 80€ la place. Jamais je pourrais aller voir 50 ou 60 concerts par an s'ils coûtaient tous autant. Ma moyenne tourne autour de 30€ par billet, parce que je vais voir des trucs très différents. C'est ça qui permet de conserver la fraîcheur des débuts pour moi.

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Quel groupe as-tu vu le plus de fois ?

Depeche Mode. Je les ai vus 23 fois, dont une aventure de 2 semaines à travers l'Europe, sac sur le dos, en suivant leur tournée Tour of the Universe. J'ai vu 9 concerts dans 9 villes différentes, en 16 jours.

Est-ce que tu as rencontré certains de tes héros ?

J'ai rencontré Andy Bell d'Erasure, une fois, et je lui ai vendu des boots. Il les a portées sur le plateau de Top of the Pops. Je bossais dans le centre ville de Dublin dans un magasin de chaussures qui s'appelait Black Boots.

Il s'est passé quoi ?
Je suis allé le voir et je lui ai dit « Hey Andy, je suis un gros fan. » Et puis j'ai dû lui dire un truc du style « T'aimes les boots ? Tu veux entrer et essayer ? » Donc il est rentré dans le magasin et je l'ai eu pour moi tout seul pendant 20 ou 30 minutes, pendant qu'il essayait plein de paires de boots différentes. Cool. Est-ce que tu as déjà été déçu par un de tes héros ?
Oh que oui. 90 % du temps ça se passe très bien, mais cette fois-là, j'étais à Amsterdam avec mon frère et un pote, pour voir Noel Gallagher and the High Flying Birds. On traînait devant la salle après les balances, et on a attendu 40 minutes ; il y avait une vingtaine de personnes qui attendait pour le rencontrer. On lui a demandé un autographe, et les autres gens ont fait pareil. Et puis mon frère a demandé « Est-ce que je peux prendre une photo avec toi, s'te plaît ? » et il a instantanément balancé « Et allez, ça commence ! », et puis un autre lui en a demandé une, il a crié « Ça suffit ! », levé les bras en l'air et est parti vers sa voiture… Quelle diva.
Je ne dis pas que c'est facile, mais bon, c'est pas non plus comme se lever tous les matins pour aller au taf et se taper les 35 heures.

Tout à fait. Bon, et quel a été ton meilleur concert ?
David Bowie à Glastonbury. Je ne vais pas faire semblant d'être le fan ultime de Bowie – nous n'étions d'ailleurs pas à cette édition pour Bowie en particulier – mais ce soir-là, il n'a joué que les hits. Il a enchaîné tube sur tube sur tube pendant 2 heures. « Absolute Beginners » est une de mes chansons préférées et il l'a faite ce soir-là – c'était magique. J'avais l'impression qu'il prenait vraiment du plaisir sur scène, aurait dit que c'était une occasion spéciale pour lui. Il avait un sourire rayonnant toute la soirée ! Un autre ? Allez, je sais que tu as vu des trucs vraiment fous.
Les Stones Roses au Pairc Ui Chaoimh à Cork, en 1995, ça a changé quelque chose en moi. J'aimais les groupes de rock avant, hein, mais à partir de cette soirée avec les Stones Roses, j'étais carrément à fond sur les groupes de rock. C'était comment ?
Le stade était à peu près à moitié plein toute la journée, mais environ 30 minutes avant qu'ils entrent en scène, l'endroit s'est rempli à ras bord. Les gens ont dû arriver d'autres fêtes, d'entrepôts, de boites de nuits, de raves, et ils venaient tous voir ce groupe. 30 % du public portait des bobs, 60 % avait une chemise blanche difforme. Le groupe avait une demi-heure de retard, ce qui a encore ajouté à l'ambiance, et puis ils sont arrivés et ont commencé à jouer leurs hymnes, avec toute la foule qui reprennaient les paroles en choeur, comme si c'étaient eux qui avaient écrit les chansons. Ça m'a fait réaliser la profondeur d'un vrai groupe de rock. Ca va bien au-delà d'un refrain accrocheur. Je voyais ces gens chanter les paroles avec tellement de passion, de colère et d'angoisse, c'était fantastique.

Il y avait beaucoup de drogue ?
Oh oui. Et je dirais que ça explique pourquoi la moitié du public n'était pas là pendant la journée, parce qu'ils devaient être quelque part, à l'écart, dans un champ. On a littéralement pu sentir l'ambiance monter une demi-heure avant leur entrée en scène. Ils étaient réputés pour ne pas aimer leurs propres lives, mais depuis, ils ont sorti un EP 4 titres de celui-là, donc ils devaient en être contents. Il s'appelle Crimson Tonight. Est-ce que tu as déjà joué, ou es déjà monté sur scène ?
Alors oui… Take That devait jouer à Dublin il y a quelques années, et ils ont écrit à chaque ville de leur tournée pour trouver des volontaires dans les chorales locales afin de les rejoindre sur scène et de faire une petite chorégraphie. Mon frère chante un peu dans la chorale de Gospel de Dublin, mais il ne pouvait pas, alors il m'a demandé à moi et ma copine, et on y est allés. Donc tu as été membre temporaire de Take That ?
Ouais. On avait des ponchos, des faux violons, des parapluies.
Incroyable ! Vous pouvez retrouver Jak Hutchcraft sur Twitter.