Depuis 2008, Rise Of The Northstar (ROTNS) choisit méticuleusement ses sapes, tourne des clips hyper énergiques et propose un cocktail unique en France de rap-core-metal ultra-influencé par la culture japonaise. Ce qui explique sans doute pourquoi ils se sont d’abord fait les semelles là-bas avant de revenir, maîtres de leur destin, avec à un premier album, Welcame, distribué par Nuclear Blast. L’Europe va être forcée de regarder vers l’Est. N’est-ce pas ? Leur release party du 23 janvier au Divan du Monde affichait complet, ils ont été coup de coeur de OuiFM (eh ouais), leur tout dernier clip (que vous pouvez voir juste en dessous) est magistral et ils seront cette année à l’affiche du Hellfest. Autant de raisons d’aller les rencontrer pour leur demander une fois pour toutes ce qu’était le Furyo Style, pourquoi les Français commençaient tout juste à capter leur délire et conclure évidemment par un questionnaire manga. Sa-sa-sa-sa-sa !
Noisey : Ça a commencé comment, Rise Of The North Star ?
Vithia : « Northstar » attaché s’il te plaît, tu commences bien, j’ai déjà envie d’arrêter [Rires]. Je pourrais te dire que ça a commencé aux alentours de 2008 mais ça ne serait pas totalement vrai… Ce groupe est né en moi alors que je n’étais qu’un adolescent.
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D’où vous est venue cette idée de mélanger beatdown (en gros : plutôt un truc physique) et culture japonaise (en gros : plutôt un truc de nerds) ?
C’est un processus qui s’est fait naturellement. J’ai toujours adoré les mangas et la musique heavy, les réunir autour d’un seul et même projet était une évidence pour moi. J’ai créé le groupe que je rêvais de voir sur scène plus jeune. Et je pige pas trop pourquoi on a été catégorisé en tant que « groupe beatdown », j’ai l’impression que les gens ne savent plus trop écouter la musique. De Tokyo Assault à Demonstrating My Saiya Style, il y a toujours eu plus de rap, de NYHC ou de metal que de beatdown dans nos morceaux. Et j’te parle même pas de Welcame qui élargit encore plus notre spectre musical.
C’est quoi le concept du « Furyo style » ?
Les Furyos sont de jeunes délinquants juvéniles japonais, ils sont en marge de la société et choisissent où ils mettent les pieds dans un système extrêmement normé. C’est ce que l’on fait avec le groupe : on fait ce que l’on veut. Et d’une manière générale, c’est ça que l’on définit comme le Furyo Style : un mélange d’authenticité, d’insolence et de recherche de soi.
Est-ce qu’on peut dire que ROTNS vit le Japan Dream ? Vu d’ici on a l’impression que le groupe est mieux perçu là-bas qu’en France, non ? C’est dû à quoi à ton avis ?
On commence à avoir une grosse fanbase ici tu sais, c’est juste la magie du kilomètre qui te donne cette impression. Les fans japonais ont aussi cette approche très fanatique qui te fout sur un piédestal. Pendant notre première tournée là-bas, on recevait constamment des cadeaux avant de monter sur scène, des lettres, de la bouffe… Ils sont très attentionnés. Et aussi très touchés qu’un groupe occidental connaisse si bien leur culture et des codes qui sont liés à l’underground. Mais clairement, le Japon et plus généralement l’Asie, c’est un but. Plein de groupes veulent percer aux Etats-Unis… Mais ce sont tous des clones, l’Oncle Sam a bien fait le taf [Rires]. Les Cainris, je préfère leur piquer des trucs ici et là et tenter de créer quelque chose d’unique. Depuis le début, j’ai le regard tourné vers le Japon.
Tu penses que ça va évoluer avec cet album ? Vous êtes maintenant distribués par Nuclear Blast et le disque est particulièrement efficace, pas forcément plus accessible que le précédent, mais plus impressionnant en tout cas.
On est programmés au Hellfest cette année et c’est une belle opportunité pour nous. Généralement, on fait un ou deux fests dans un pays et s’ensuit une, voire plusieurs tournées nationales, parce que les bookers se réveillent. Même en étant programmés sur les plus petites scènes des festivals on blinde l’endroit à mort… Souvent, il n’y a même pas assez de place pour accueillir tout le monde. C’est comme ça que ça c’est passé en Espagne et en Allemagne en tout cas. Et puis effectivement, grâce à la force de frappe de Nuclear Blast, les choses s’accélèrent un peu, c’est bien. Comme les médias n’écoutent plus la musique, c’est généralement avec le live qu’on fait mouche. C’est comme ça qu’on a signé notre contrat de licence par exemple. Après, dans la musique extrême, il n’y a pas vraiment de miracle, l’ascension se veut lente et laborieuse [Rires].
Vous faites votre première vraie tournée au Japon l’été prochain, c’est ça ? Vous appréhendez ?
T’as tout faux, notre première tournée au Japon c’était en août 2012 [Rires], le clip Demonstrating My Saiya Style, t’as cru qu’on l’avait tourné dans notre salon ou quoi ? On y est retourné en janvier 2014 pour trois dates et pour le clip « Welcame [FSOM] ».
Il y a quoi comme bons groupes hardcore au Japon actuellement ?
Les Jap’ ont une scène hardcore insoupçonnée et remplie de bon groupes. Edge Of Spirit, Loyal To The Grave, Doogy Hood, Creepout, Fight It Out… Y’en a plein. Sur scène ils sont très efficaces, ce sont des musiciens très précis.
Vous avez déjà joué en Amérique ou ça ne vous botte pas plus que ça ?
On n’y a jamais joué. Disons que l’on ira aux US quand on aura de bonnes propositions de concerts. Mais on ne rampera pas pour s’y produire.
Sur Welcame, vous reprenez « Simon Says » de Pharoahe Monch. Et étonnamment, il y a des passages qui rappellent Cypress Hill ou même Sefyu. Vous écoutez du rap depuis toujours ? C’est quoi vos disques de chevet dans le genre ?
Perso j’en consomme beaucoup. Sefyu m’a réconcilié avec le rap français en 2006. J’ai découpé son premier album. Nos disques de références sont ceux avec lesquels on a grandi comme Bacdafucup d’Onyx, le premier Wu-Tang, Paris sous les bombes de NTM ou la B.O. de La Haine… J’ai aussi pas mal écouté Enta Da Stage de Black Moon pendant la composition de l’album.
Parle-moi de Repression Records. ROTNS c’est toujours DIY en fait ?
Y’a pas grand chose à dire, RR je l’ai créé parce que j’ai un cerveau et que je veux garder une emprise artistique et financière totale sur mon groupe, personne n’y est le bienvenu, c’est juste pour nous.
Vous avec des jobs à côté du groupe ?
C’est pas tes oignons, mec.
Vous répondez quoi aux gens qui tiquent sur votre accent anglais ? Et aux haters en général ?
C’est généralement les Français qui ouvrent le plus leur bouches, les Cainri’ ou les Anglais captent qu’on est Français donc ils s’en branlent un peu de l’accent, et quand un Anglo-saxon la ramène trop, je lui renvoie à son propre niveau de Français.
Les haters font partie du jeu, ils sont une formidable matière première pour écrire, ils m’inspirent beaucoup. C’est difficile d’être tout le temps positif dans tes lyrics, c’est beaucoup plus simple d’être dans la destruction : un titre comme « Authentic » sur notre premier album a été écrit en quelques jours à peine par exemple [Rires].
Votre style et votre esthétique sont carrément originaux, d’après vous, quels sont les groupes les mieux sapés ou avec l’esthétique la plus réussie ?
Perso, je me sape dans mes clips comme je me sape dans la vie de tous les jours, mais en France, pour être crédible, t’as l’impression qu’il faut ressembler à un clodo. D’une manière générale, je trouve que tous les newcomers se ressemblent et ils m’ennuient prodigieusement. D’un côté, il y a les Américains qui tournent en rond parce que les USA, ça fait moins rêver qu’avant. Alors quand le mec clippe sa rue, bah c’est juste un mec dans la rue, et de l’autre, t’as tout les Européens qui rêveraient d’être Amerlocs et qui font exactement pareil avec un métro de retard, moins de pognon et moins d’attitude… Au final, j’y trouve plus d’intérêt.
Je n’écoute pas trop la musique de démon mais visuellement, Behemoth c’est des chauds. Les mecs ont du goût et ne font pas les choses à moitié. En France, y’a Stupeflip, le mec a un vrai univers, c’est rafraîchissant.
C’est quoi l’endroit le plus bizarre où vous ayez joué ?
Une ferme en Tchéquie.
Avouez, vous avez déjà fait du cosplay ?
Jamais, « The Furyo Style is in my blood ».
Votre manga/anime préféré ?
Très dur de n’en choisir qu’un mais mon premier amour reste Saint Seiya. Après, la plupart du temps je ne suis pas archi-fan des animés, leur préférant le format papier. Genre Dragon Ball ou Naruto, ce sont des oeuvres très riches, mais quand tu mates les animées tu as l’impression que ça s’adresse à des golmons. Akira m’a beaucoup marqué aussi, mais j’ai appris à en comprendre la substance en grandissant, gamin seul sa violence m’interpellait.
Vos spots préférés au Japon ?
Je commence à avoir pas mal voyagé au Japon, mais Tokyo reste ma ville favorite. J’ai bien aimé zoner à Fujisawa aussi, tu as l’impression d’être dans GTO ou Slam Dunk parfois. Surtout en te dirigeant vers l’île d’Enoshima avec son petit train.
Vous avez compris la fin d’Evangelion vous ?
C’est une question pour mon gratteux Evangelion-B ça !
C’est qui votre Jojo préféré dans Jojo’s Bizarre Adventure ?
… Et ça pour mon batteur [Rires]. C’est une série trop longue Jojo’s, ça m’emmerde de la commencer.
Merci !
You’re welcAme !
Leurs dates en 2015 :
22/02 – Secret Place (Montpellier) avec Madball et Strife
28/03 – Fuzz’Yon (La Roche/Yon)
29/03 – Heretic Club (Bordeaux)
01/04 – Le Saint des Seins (Toulouse)
02/04 – L’Usine (Istres)
04/04 – Rock In Hell Festival (Colmar) avec Behemoth, Madball, Crucified Barbara, etc.
10/01 – BetizFest (Cambrai) avec Madball, Billy Ze Kick, etc.
20/06 – Hellfest (Clisson)
17/07 – Xtreme Fest (Albi)
25/07 – Panic Fest (Saint-Félix)
15/08 – Motocultor Fest (Vannes)
05/09 – M Fest (Tours) avec Anal Nathrakh, Orphaned Land, etc.
Welcame est disponible ici.
Sylla est disponible sur Twitter.