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Music

Comment le réalisateur Derek Jarman a transformé l'image des Pet Shop Boys

Harems masculins, inquisition homophobe, club gay au milieu de Wembley.

Durant sa carrière, qui s'étale sur pas moins de quatre décennies, le réalisateur anglais Derek Jarman a fait pas mal de trucs : il a donné son premier rôle à Tilda Swinton, il a permis à Brian Eno de composer sa première B.O. de film, il a mélangé Judi Dench, Shakespeare et musique industrielle, il a téléporté la Reine Elizabeth au cœur de la scène punk de 1977, et il a aussi fait un film qui consiste en un simple fond bleu sur lequel viennent se greffer textes, citations et musique, et qui s'appelle, assez logiquement, Blue. Tous ces exploits seront célébrées cette année, à l'occasion du vingtième anniversaire de sa mort -des suites du sida, en 1994- au travers d'expositions en Norvège, et de projections à Londres. Mais l'un de ses travaux les plus fascinants y sera paradoxalement à peine évoqué : sa collaboration de sept ans avec les Pet Shop Boys. À la recherche de fonds pour financer ses films et projets artistiques à la fin des années 70, Jarman a commencé à proposer ses services en tant que clippeur. Son travail a été, pour cela, souvent associé à la musique indie et expérimentale, en raison de ses réalisations pour des groupes tels que Throbbing Gistle, Marc Almond, Suede, ou les Smiths durant la période Queen is Dead.

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Le duo formé par Neil Tennant et Chris Lowe était déjà un poids lourd de la pop quand ils ont été approchés par Derek Jarman, et ils étaient également le seul groupe électronique avec lequel le réalisateur acceptait de travailler. Avec le recul, leur collaboration semble aussi évidente qu'inévitable, tant elle anticipe la façon dont la musique électronique allait infiltrer le mainstream tout en restant théâtrale, socialement engagée, et ouvertement sexuée. C’est après avoir vu

Caravaggio

sur Channel 4 -un film réalisé par Jarman en 86- que Neil Tennant s’est décidé à le contacter.

Caravaggio

, biopic largement romancé de la vie du peintre baroque, n'était pas le film le plus représentatif de Jarman, mais il a toutefois rencontré un énorme succès critique, s'inscrivant dans la continuité de l'oeuvre de Jarman, qui s’approprie l’Histoire pour l’adapter aux réalités homosexuelles (le réalisateur trouvait le terme « gay » trop rigide, et lui préférait « homosexuel », qui lui semblait plus fluide). Le jeune Caravaggio y est décrit comme un homme aux moeurs légères, qui couche avec tous les modèles de ses peintures, quelque soit leur sexe. La première – et probablement la plus importante – des collaborations entre Jarman et les Pet Shop Boys fut le clip de « It's a Sin », en 1987. Un single longtemps numéro 1 en Grande-Bretagne qui permit à Jarman de se former une énorme fanbase.