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Playlist imposée : D.K.

À l'occasion de la sortie de son excellent premier album sur Antinote, on a passé le producteur parisien au filtre de la playlist imposée.

Après deux maxis (All Day Everyday sur Get The Curse et un split avec Lumigraph pour Odd Frequencies) alternant invariablement fouet electro-funk et caresses house, à la manière des productions Burrell Brothers de la fin 80, D.K. (moitié du duo Darabi, qu'il formait il y a quelques années avec Low Jack) a sorti le mois dernier sur Antinote son premier album, Drop, qui confirme sa puissance de feu tout en élargissant considérablement son champ d'action. Si les nappes d'ouverture renvoient toujours aussi instantanément aux Burrell Brothers et au 808 State de la période Ninety, Drop grimpe très vite vers des sommets aussi vertigineux qu'inédits, où Dang-Khoa (son vrai prénom) semble enfin lâcher prise et donner libre cours aux percées hystérico-épileptiques entr'aperçues sur ses premiers titres. Tour d'horizon d'un des disques les plus singuliers et personnels du premier semestre 2014 au travers d'une playlist imposée. Noisey : Le premier morceau de Drop d’intitule « Juicy », je vais donc te demander de me donner un morceau ou un album que tu trouves justement « juteux », qui te procure un plaisir immédiat, très intense, et reste toujours aussi rafraîchissant, malgré les années et les écoutes répétées.
D.K. : « Its goin down tonight » de Celly Cel. C'est certainement l'un des morceaux les plus juteux que je connaisse, si je ne compte pas certains DJ Screw. C'est assez facile à comprendre quand tu sais que c'est une version « G » d'un morceau de Keith Sweet sorti en 1987. La face B de mon premier maxi All Day Everyday fait d’ailleurs directement référence à ce titre.

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C'est quasiment impossible de ne pas penser au Ninety de 808 State quand ton album démarre. C'est une référence que tu as ou pas du tout ?

L'album est référencé début 90 mais pas seulement car « Pool Rules » est par exemple un clin d'oeil à la version dub de « Let's Go Swimming » d'Arthur Russell et « All Due Respect » fait référence à « Moment In Love » d'Art of Noise. En ce qui concerne l'influence de 808 State, on retrouve forcément des similitudes, mais pour être honnête , j'ai plus écouté des artistes de la même époque sur Peacefrog ou Network Records, notamment Dan Curtin, Neil Landstrumm ou Insync. Et les productions des Burrell Brothers m'ont également beaucoup inspiré.

Le deuxième morceau s'intitule « We Ride », je vais donc te demander un morceau ou un album qui te fait automatiquement voyager.

« Blindsided » de Torn Hawk aka Luke Wyatt. C'est sûrement l'un de ses morceaux les plus indie. Pas étonnant que ça se soit retrouvé sur le label Californien Not Not Fun. Ça n'est probablement pas le plus original mais c'est tellement beau qu'on aimerait que le voyage dure encore plus longtemps.

Troisième morceau, « Pool Rules ». Je vais cette fois te demander un morceau ou un album que tu apprécies pour sa rigueur, sa discipline.

Pour la rigueur et la discipline, direction le Japon avec « Low Tension » de Manabu Nagayama & Soichi Terada, magnifique track house qui se déroule presque comme une chanson avec son refrain et ses couplets. On a pasle temps de s'ennuyer, l'édition est parfaite. C'est typiquement ce genre de nappes qui m'ont inspirées pour « Keep On (Part I) ».

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Après la longue intro que forment les deux premiers titres, « Pool Rules » est le moment où l'album décolle, et c'est aussi lequel on sent vraiment ton identité propre, tes particularités, avec ces sonorités à la fois très liquides et percussives, sans jamais être vraiment mélodiques. J'ai l'impression que tu as réussi à trouver ta voie assez rapidement, on sentait déjà cette identité dans tes tous premiers trucs.
Même si l'écart entre mon premier Ep et l'album peut paraître court pour certains, j'ai mis beaucoup de temps à trouver ce que je voulais faire. Je n'ai quasiment pas produit pendant plus d'un an, pour me laissé le temps d'écouter beaucoup de musiques et de la digérer. Après, j'ai commencé à tester plein de trucs et ça c'est affiné au fur et à mesure. Je ne sais pas si je peux affirmer avoir trouvé ma voie mais j'espère en tout cas obtenir sur les prochains disques cette cohérence, tout en proposant quelque chose de plus.

Le quatrième morceau, c'est « Safety Games », je vais donc te demander de me donner un morceau ou un album que tu trouves justement assez safe, que tu adores mais qui reste très confortable, sans réelle prise de risque, voire un peu facile.
Rien de mieux que de la Synth/Funk et des lyrics de cœur sensible pour se sentir « safe ». Je dirai donc « You Really Turn Me On » de Prophet. C'est un morceau que j'adore, qui n'est par contre plus très obscur depuis la réédition de l'album « Right on Time » sur le label Beatelectrique en 2013.

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Cinquième morceau « All Due Respect », donc en toute logique il me faudra un titre ou un album d'un artiste que tu respectes à fond, qui est un genre de modèle et d'inspiration pour toi.
Maxmillion Dunbar est l'un des artistes actuels qui m'inspire. Il propose sur chaque sortie quelque chose de différent et est à la fois directement identifiable. Même si son album sur RVNG Intl est discutable, ses deux EP sur L.I.E.S, Everyday et Dolo Percussion m'ont complètement retourné. « Jubilee », extrait de son prochain maxi sur Trilogy Tapes, n'est pas encore disponible mais ce morceau est tellement incroyable que je devais le citer.

Le sixième titre s'appelle « Keep On », là je vais te demander un morceau ou un disque qui te donne justement l'énergie et la motivation pour continuer à faire ce que tu fais.
« Décoration Moléculaire » de Bataille Solaire. Je pense que c'est exactement ce que je voulais écouter au moment où j'ai découvert ce disque. C'est très référencé, on a l'impression de capter facilement les influences mais pour autant on a jamais vraiment entendu ça ailleurs. C'est la démarche que j'essaye d'adopter donc ça me donne forcement envie de continuer. Accessoirement, c'est aussi la dernière sortie d'un excellent label franco-japonais Mind Records.

Le septième morceau, c'est « Losing Ground », donc cette fois ce sera logiquement un disque ou un morceau qui te fait perdre pied, qui te fait quitter la réalité.
« Beautiful Ugly » de Hunting Lodge. J'aime particulièrement ce morceau pour ses moments rythmiques très percussifs et brutaux. Les multiples pauses apportent encore plus de tension et te fond complètement perdre pied. C'est un peu Hierogliphic Being avant l'heure.

Perdre contrôle, justement, c'est un état que tu recherches avec ta musique ou pas du tout ? J'ai souvent l'impression que c'est le cas (notamment sur les titres les plus énergiques du disque), mais certains titres me donnent parfois l'impression contraire, que tu es plutôt discipliné, organisé, structuré.
Je ne dirais pas que je cherche forcément à perdre le contrôle dans ma musique. On va dire que j'ai plutôt deux modes de fonctionnement. Sur des morceaux lents ou mélodiques je vais effectivement avoir tendance à être plus structuré. Je vais me soucier des arrangements et passer beaucoup de temps à savoir comment vont arriver chaque élément, je peux revenir dessus pendant des jours ou des semaines pour être satisfait. Sur les titres plus clubs c'est différent, j'attache plus d'importance aux rythmiques, j'ai une obsession à les rendre les plus vivantes possible. L'édition va être beaucoup plus aléatoire et instinctive de manière à obtenir un rendu plus hybride et moins conventionnel.

Tu as des projets en cours pour la in de l'année ?
Oui, j'ai un EP de mon nouveau projet 45ACP prévu pour Octobre sur Dog In The Night et je prépare tranquillement mon prochain disque pour Antinote.

Drop est disponible depus le mois dernier chez Antinote. Lelo Jimmy Batista est le rédacteur en chef de Noisey France. Il a les moyens de vous imposer tout un tas de trucs. Il est sur Twitter - @lelojbatista