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Music

Celui qui détournera Philippe Laurent de son synthé n'est pas encore né

Le manitou français de l'electro a sorti un nouveau disque, « Cassettes », et le fête ce soir à Paris.

Philippe Laurent dans son fameux sketch « Le 242 à Asnières »

Philippe Laurent est un pionnier de la musique électronique. Parfaitement. Et si vous le connaissez aujourd'hui, c'est sûrement grâce à cette réédition de ses meilleurs travaux, chapeautée par la douce Veronica Vasicka sur son label Minimal Wave, et sortie en 2011. Le style Laurent ? De l'electro-binaire extrêment compacte, pour ne pas dire minimale (le mot est lancé), fidèle à une tradition française d'habillage sonore musclé qui fait chaque jour un peu plus la joie des petits nerds et des grands. Ce mois-ci, le Serendip Lab a sorti un album regroupant, comme son titre l'indique (Cassettes), quelques raretés issus de cassettes enregistrées entre 1980 et 1985. Aérien, syncopé et dansant, ce disque a une nouvelle fois tout d'un grand. Celui qu'on baptise Hot Bip a répondu furtivement à nos questions, sans doute à bord du Trans-Europe-Express, en direction d'un monde au sein duquel le magazine Marie-Claire n'organise pas de « soirées electro ».

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Noisey : Tu as grandi où ? Parle-moi de ton enfance culturelle.
Philippe Laurent : J'ai grandi dans un quartier ouvrier d'une ville de province, Tours. Mon « enfance culturelle » ? C'était l'usine. J'en parle plus longuement ici et d'ailleurs.

En quelle année as tu commencé à faire de la musique ?
Je ne sais plus très bien, 75 ou 76 je crois.

Tu te dis quoi quand tu regardes le chemin parcouru ?
Quelle galère.

J'ai tapé Philippe Laurent dans Google. Voilà ce que ça a donné. Duquel te sens tu le plus proche ?
De tous !

Pourquoi tu ne t'es jamais mis à faire de la house ou de la techno durant les 90's ?

Pour moi, d'une certaine façon, cela aurait été un retour dix ans en arrière. Mon but n'est pas de suivre les tendances mais de faire des choses réellement personnelles.

C'est le label new-yorkais Minimal Wave qui t'a fait redécouvrir au public français. Paradoxal non ?

En fait, c'est comme ça depuis le début. Ma musique a toujours suscité plus d'intérêt à l'étranger et bien souvent, dans le milieu musical, les Français manquent de curiosité.

D'où vient ce surnom, « Hot Bip » ?

Comme aucune étiquette ne correspondait vraiment à ma musique, et que les chroniqueurs ne savait jamais où la classer, j'ai utilisé cette expression. Cela définissait mon genre musical, ma démarche artistique, mes peintures et mes performances, et ça me servait aussi de nom de groupe quand nous étions plusieurs sur scène. En gros : « Ne pas ressembler, chercher la distorsion ».

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Il te reste combien de cassettes qui ne sont jamais sorties ? Combien de versions du morceau « Exposition » !

Je ne sais pas vraiment, il doit en rester quelques-unes… J'ai encore des bandes magnétiques 4 pistes dans mes archives mais je n'ai plus le magnéto pour les lire. Il y a six morceaux « Exposition » en tout. Au départ, ils étaient destinés à accompagner mes travaux d'arts plastiques dans les expos.

La guerre des supports, qu'il soit CD, vinyle, k7, mp3, est t-elle une guerre inutile ?

Oui. Depuis trente ans j'entends des débats stériles au sujet des supports et des instruments utilisés. TOUS les supports peuvent être utiles.

Il représente quoi ce disque que Serendip sort ce mois-ci ?
Une victoire, tout simplement, comme pour chacun de mes disques. J'ai eu tellement de difficultés dans les années 80 et 90 pour trouver des labels qui acceptaient de produire mon boulot que c'est un plaisir de les voir enfin sortir sur vinyle aujourd'hui. La plupart des labels préfèrent trop souvent les musiques stéréotypées. Tu prévois un show spécial ce soir ?
Pour les concerts j'ai choisi une option visuelle minimale, très différente de mes mises-en-scène des 90's. Le matériel le plus petit possible pour le son le plus gros possible. La release party de Philippe Laurent a lieu ce soir en compagnie de Vicnet et Sinead O'Connick Jr. Ca se passe au Treize, 24 rue Moret, dans le 11ème, Paris. Ne vous mélangez pas les pinceaux. Rod Glacial est très furtif sur Twitter.