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Music

Un guide express de la Miami Bass

Basses monolithiques, gémissements pornos et kicks de 808.

Lockah est un DJ et producteur originaire d'Aberdeen (soit une ville à l'exact opposé de Miami) qui s'est récemment délocalisé à Brighton. Les disques qu'il a sorti ces deux dernières années sur Mad Decent/Jeffrees, Mishka, Scion AV, Donky Pitch et Activia Benz tapent à la fois dans le hip hop, le funk, l'electro, la techno - un ecléctisme qui nous a fait penser que ce type avait sans doute un tas de truc à nous raconter. Et en effet, ce jeune barbu s'est avéré être, entre autre, un gros nerd de la Miami Bass. On lui a donc demandé de nous présenter ses 9 morceaux favoris du genre.

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MC A.D.E - Bass Rock Express (4 Sight, 1985)

« Bass Rock Express » est clairement LE morceau qui devait figurer au sommet de cette liste. C'est celui qui a mis en branle tout le mouvement Bass. A.D.E. était le fils de Billy Hines, patron d'un magasin de disques à Miami et fondateur de 4 Sight Records. Passionné de sonos bass et de matos de DJ, il faisait raisonner la boucle du « Trans Europe Express » de Kraftwerk partout (la même qui est utilisée sur « Planet Rock », exactement) et a lancé un mouvement dédié à la Toute-Puissance de la basse. Ce disque a été un énorme succès, et a piqué la curiosité d'un jeune promoteur nommé Luke Skywalker. Voyant le potentiel que pouvait représenter un groupe comme 2 Live Crew (dont il ne faisait pas encore partie et qui était alors totalement inconnu), il a délocalisé le projet à Miami et a façonné leur son pour pouvoir l'exploiter sur la scène locale. Après avoir essuyé les refus de plusieurs labels, Luke décide de monter sa structure pour sortir leur 12" – Résultat : 200 000 copies vendues.

ANQUETTE / STEVEN J GREY – Throw The P / Miami (Luke Skywalker, 1986)

La face A de ce disque, « Shake it, Do The 61st » de Anquette, représente à elle seule tout un pan de l'histoire de la Miami Bass. Le morceau notamment acquis sa notoriété en devenant un catalyseur de violence dans les clubs. La face B est signée Steven J Grey, un DJ qui officiait sur l'une des grosses stations de Miami, WEDR 99 Soulstar, mais la paternité du titre revient en réalité à Mr Mixx, le DJ de 2 Live Crew, à qui l'on doit les « Mega Mixx » des des cinq premiers albums de 2 Live Crew, qui valent clairement le détour.


LADI LUV - « Good To The Last Dub » (Joey Boy, 1989)


Good To The Last Drop de Ladi Luv, est un disque que m'a fait découvrir Giles Walker. Le label qui l'a sorti a été fondé par les propriétaires de Caribbean Manufacturing, une entreprise de pressage de disques qui était un passage obligé pour dégoter de la bonne Miami Bass. Le fils du proprio, Joey, était en charge du label, et après avoir vu le nombre de disques pressés et vendus, il a décidé de se spécialiser en Heavy Bass. Le morceau original est dingue, mais la version dub, c'est encore autre chose. « Let The Bass Come Out So Clear » atteint des sommets dans le genre, et j'en suis toujours à me demander comment ils sont parvenus à un tel résultat, en 1989. Ça me rappelle même certaines parties de la mixtape complètement tarée d'Edan, Echo Party.



DYNAMIX II feat. TOO TOUGH TEE ‎– Just Give The D.J. A Break (Bass Station, 1987)

Ce petit bijou est devenu disque d'or en un an à peine, et pas moins de 600 000 exemplaires ont été écoulés à ce jour. On dit que c'est le premier titre à avoir intégré une ligne de basse entièrement constituée de ces fameux kicks très longs qui ont défini le son Bass – introduisant de fait une nouvelle technique de production. Le groupe, qui travaillait dans le studio de l'ingénieur Eddie G, a utilisé un sampler EMU SP-12 pour arriver à ce résultat. Ce type de son est toujours utilisé aujourd'hui, près de 30 ans après.


DJ MATRIX – Feel My Bass (Bad Boy, 1988)

Le terme « Miami Bass » est plutôt mal approprié, vu que le mouvement a été fortement influencé par les classiques de Detroit, New York and L.A. (et Düsseldorf, oui, ok) et s'est développé dans tout le reste de la Floride et dans le Sud des Etats-Unis. Cette précision étant faite, voici Bad Boy Records (Bad Boy, pas Bad Boy), témoignage de la brève incursion de Demetrius Ford, aka DJ Matrix, dans cette scène. Ce qui fait de « Feel My Bass » un truc immanquable, c'est son écho incroyablement moderne, dû au producteur Pretty Tony et à son inséparable vocodeur.


E.V.I.A.N. & THE ATLANTIS POSSE - Techno City (Techno Kut, 1988)


En ce qui concerne la West Coast, il est temps rendre justice au pionnier du genre, Unknown DJ. Voilà une variation sur le sample acid electro de « Planet Rock » signé d'un de ses nombreux alias. Sorti sur le label Techno Kut (une contraction des deux labels Techno Hop et Kru-Cut Records), le line-up d'E.V.I.A.N. comprend Matrix, DPX-1 et E3. Plus étrange encore, MC Eiht (20 ans à l'époque) est également de la partie et délivre des vocaux spatiaux et spéciaux totalement inexpliquables. On retrouve la ligne de basse acide sur un autre morceau, « Techbeat 1 », du mystérieux Spock. Ouais, c'est encore ce putain d'Unknown.


PAMP & DA KNOX – « Butta » (DJ Juanito Miami Bass Mix) (Underground Construction, 1996)

Je n'ai pas beaucpoup d'infos sur celui-ci. De ce que je sais, ces types étaient de Chicago et ont juste sorti trois maxis sur le défunt label Underground Construction, avant de disparaître dans la nature. Et bizarrement, chacun de leurs singles hard-house est doublé d'un remix Miami Bass signé par un mec appelé DJ Juanito. La fausse ligne de basse « Planet Rock », l'usage très libre des cloches de la 808 et les gémissements pornos leur ont valu une place de choix dans mes sets, même s'ils étaient un peu à la traîne et qu'ils habitaient 2500 km trop au nord. Ceci dit, grosse mention pour leur single suivant, Shake, et toujours son infernal « Bass mix ».



JAMIE JUPITOR – « Computer Power » (Egyptian Empire, 1984)

Une des plus grosses influences de la Miami Bass, « Egypt Egypt » de Egyptian Lover, a sa place dans le top ten de n'importe quel fan de techno, d'electro ou de rap. La majorité de sa production est sortie sur son label Egyptian Empire, avec leqiel il a lancé d'autres artistes, parmi lesquels Jamie Jupitor, qui reste clairement un de mes favoris. Beaucoup de gens ont prétendu qu'il ne s'agissait que d'un pseudo du Pharaon Electro – vu qu'il est quand même écrit sur la pochette « PRODUIT, ARRANGÉ ET ÉCRIT PAR THE EGYPTIAN LOVER » – mais leurs récentes tournées en duo ont prouvé qu'il s'agissait bien de deux personnes différentes. Jamie Jupitor existe, mec. Le morceau en lui-même est dingue : electro luxuriante avec un style de prod quasi pop. Difficile de croire que ce truc a déjà 30 ans. Certains puristes préfèrent la version instrumentale sur l'autre face mais les lyrics tarés de Jamie – sur les délices d'un monde futuriste dirigé par les ordinateurs – possèdent un charme inestimable et indémodable.


DJ BATTERY BRAIN – « 808 Volt Mix » (808 Beatapella Mix) (Techno Hop, 1988)

Clin d'oeil final à DJ Unkown -encore lui- mais j'ai mis de côté le côté fun et passéiste du « 8 Volt Mix » pour privilégier le « 808 Volt Mix (808 Beatapella Mix) », ce qui fait quand même 800 volts en plus. Ce qui commence comme un hommage de 5 minutes à sa boite à rythme Roland TR-808 se termine sur un condensé de Funk Carioca. Battery Brain était un dur, et ce cut de batterie est assurément le truc le plus bandant que j'ai entendu.

Lockah est sur Twitter - @lockah