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Music

Insane Clown Posse et Da Mafia 6ix ont formé un supergroupe : The Killjoy Club

À l'occasion de la sortie de leur album, Violent J revient sur l'art du songwriting juggalo.

Photo publiée avec l'autorisation de ICP

« Je vous présente mon pote obèse Violent J, qui essaie de pécho Kreayshawn en susurrant des mièvreries ». C'est comme ça que Shaggy 2 Dope introduit le nouveau clip d'Insane Clown Posse, « The Kreayshawn Song ». « Vas-y Violent J, balance ta merde pour gonzesses. »

La vidéo s'arrête ensuite sur Violent J en costume blanc, accompagné de trois sosies de Marilyn Monroe aux choeurs et d'un groupe de musiciens déguisés en clowns (normal).

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« Crazy, Kreay Kreay », chante Violent J. « Kreayshawn/C'est parti/Je me la jouerai pas/Pour de vrai/Est que je peux me taper cette… douille ? »

La majorité des américains vont trouver cette vidéo ridicule (même si personne ne peut nier qu'elle a quelque chose d'assez intriguant). Pas de bol : l'heure est justement venue de prendre enfin ICP au sérieux. Depuis que Shaggy 2 Dope et Violent J ont commencé à sortir des disques sur leur label Psychopathic Records, ils ont fait de leur style de hip-hop un genre à part entière, et le culte qui en a découlé tient plus de la religion que du simple fanatisme pop. Avant ICP, aucun artiste ne portait du maquillage de clown pour rapper à propos de sa famille et de ses potes. Aujourd'hui, 18 artistes similaires sont distribués par Psychopatic, et des dizaines de milliers de fans extatiques font tous les ans un pèlerinage au Gathering Of Juggalos, leur festival.

DJ Paul et Da Mafia 6ix (anciennement Three Six Mafia) ont validé le talent du groupe depuis leur première collaboration il y a plus de 10 ans, et cet automne, Da Mafia 6ix et ICP se sont retrouvés une nouvelle fois pour former un supergroupe intitulé The Killjoy Club. Début septembre, Psychopatic a sorti leur premier album, Reindeer Games, et cette semaine, le groupe a entamé une tournée à travers les Etats-Unis. Vu que j'avais déjà quelques entrées chez les juggalos et ICP, j'ai appelé Violent J pour qu'il me parle de ce nouvel album, de la composition des morceaux et des points communs entre son groupe et John Cougar Mellencamp.

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Noisey : Comment tu procèdes pour écrire tes morceaux ?
Violent J : On utilise pas mal de producteurs, Mike E Clark est le principal. Quand on fait un album pour la série Joker's Cards, dans lequel on met tout notre coeur, on utilise plusieurs mecs. On a fait la majorité de l'album de Killjoy Club avec des beats de Seven parce qu'il était dispo à cette période - il ne bossait pas avec Tech N9ne. Du coup il nous a envoyé des beats de dingue. Dès qu'on en recevait un, Shaggy et moi on se posait et on réfléchissait au thème du morceau, et on essayait de trouver une première punchline pour tout mettre en marche.

Vous avez bossé pareil avec Da Mafia 6ix ?
Ils sont venus à Détroit, dans mon studio - qui est paumé dans les bois, on l'apelle le Rusty's Boom Boom - et on a passé trois jours à enregistrer. Ils ont posé sur nos morceaux, et on a rajouté des couplets, et inversement. C'était super pro, mec. Je me souviens quand je les ai récupéré à l'aéroport, je leur ai fait écouter les morceaux, ils me disaient lesquels ils kiffaient et ceux sur lesquels ils n'étaient pas trop chauds et on s'y est mis direct en arrivant.

Comment vous vous êtes retrouvés à collaborer ensemble ?
On les connaît depuis super longtemps. Le truc cool, c'est que dans les années 90, ils ont été le premier groupe connu à nous inviter sur un morceau. C'est à peu près les seuls, d'ailleurs. On a des tonnes de demandes de groupes moins connus que nous, mais rien d'un groupe de leur ampleur.

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Pourquoi avoir décidé de former un supergroupe ?
C'est une idée qu'on avait depuis longtemps. On se disait : « Il faut absolument qu'on fasse un truc ensemble ». On le répétait souvent. J'ai commencé à en discuter avec DJ Paul : « Pourquoi on le fait pas pour de vrai ? On produirait la moitié du disque en utilisant nos tracks, comme on fait d'habitude, et vous feriez l'autre moitié ». Et quand on l'a fait, c'était super cool. Quand t'écoutes l'album, tu reconnais la prod ICP sur un morceau et celle de Da Mafia 6ix sur le suivant.

Vous avez plein d'artistes sur votre label. Tu gères deux jobs en même temps, du coup ?
C'est une obsession. C'est notre vie. J'ai l'impression que les énormes groupes à succès comme U2 se disent « Bon, on va se prendre deux ans de congé pour enregistrer le prochain album. » Perso, je ne peux même pas m'imaginer prendre ne serait-ce que deux semaines de congés. Il faut survivre dans le game. Il faut continuer à faire du bruit, à sortir nos merdes sur le net - rester pertinent, sinon les gens nous dégageront vite fait. On bosse chaque putain de jour, sauf le weekend, qu'on passe à la maison avec nos familles. C'est comme une usine : on charge des cartons, on bosse, on décharge des camions. On est là tous les jours et notre staff aussi.

ICP est populaire depuis un bail maintenant. C'est quoi la recette d'une telle réussite ?
Je pense qu'on a offert de la bonne came à ceux qui aiment notre musique. C'est peut-être un peu arrogant comme réponse, mais pour ceux qui kiffent ce genre de sons, nos prods sont vraiment parmi les meilleures. Et pourtant, c'est pas super abordable comme son. On a réussi à pimenter notre style juste assez pour que ça reste intéressant et qu'on puisse continuer à balancer des trucs. Je crois qu'on a un talent pour ça. Mais les gens qui n'aiment pas ce qu'on fait nous voient comme une grosse blague. On travaille très très dur pour pouvoir continuer à sortir des morceaux - et pas que ceux d'ICP. On a un crew, on organise souvent des réunions pour trouver des idées.

Grâce à ICP et Psychopathic Records, vous avez plus ou moins créé un nouveau genre de musique. Qu'est-ce qui fait un bon artiste dans ce genre spécifique ?
Un bon artiste Psychopathic déjà, c'est le personnage - c'est comme un superhéros, il faut avoir une bonne histoire derrière, quelque chose à quoi les gens puissent s'identifier en dehors de la musique. Je pense que les Juggalos sont au-delà de la musique. Par exemple, Anybody Killa est une sorte de guerrier indien. C'est un natif américain et le maquillage qu'il a sur le visage, c'est une peinture de guerre. Il y a toute une histoire derrière. Il a un album qui s'appelle Mudface avec sa propre histoire, comme un personnage de comic ou de film d'horreur. Il faut que ça soit intéressant. Les labels font ça depuis toujours.

Ouais, comme les studios d'Hollywood.
John Cougar Mellencamp par exemple, c'était pas son vrai nom, tu vois ce que je veux dire ? Ils ont rajouté « Cougar » pour le style.

Vous êtez down avec le clown ? Alors chopez le nouvel album de The Killjoy Club.

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