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Music

« Top Gun » et sa bande-son défoncent toujours autant après 30 ans

Harold Faltermeyer, Kenny Logins, Berlin, Tom Cruise à son meilleur, la scène de volley et tout le reste.

Top Gun est typiquement un de ces films dont je n'arrive pas à me rappeler si je l'ai déjà vu, ou s'il a tellement infusé la pop culture que j'ai juste l'impression de l'avoir déjà vu. Vous voyez ? Et après l'avoir rematé en entier exactement 30 ans après sa sortie (le 16 mai 1986), il s'avère qu'il est encore meilleur que dans mon souvenir, ou tout du moins dans ce que je croyais être un souvenir.

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Les combinaisons, les lunettes Aviator, la fulgurance de cette musique 80's—qui à l'époque n'était que de la musique tout court —tout est génial. Quand le premier morceau—« Top Gun Anthem » de Harold Faltermeyer, qui a réalisé l'ensemble de la B.O.—monte doucement le long du générique, on nous fait comprendre ce qu'on va voir : l'histoire d'un programme d'études destiné aux meilleurs pilotes d'avions de chasse de la Navy, les 1 %, également baptisés « Top Gun ». Au rythme où les crédits s'affichent, on aperçoit des silhouettes s'affairant sur un porte-avions, sous un ciel écarlate. Puis un jet démarre et décolle sur un morceau de choix : « Danger Zone » de Kenny Loggins. En tant que spectateur, l'excitation (en termes non-sexuels) est à son apogée. Et vous vous sentez tout chose ; pas de panique, quelques minutes plus tard lors d'une scène de classe, une recrue chuchotera dans l'oreille de son voisin que voir ce jet décoller « lui file une érection ». Tout va bien.

Tom Cruise dans le rôle de Maverick est sans doute la personnalité la plus charistmatique jamais incarnée à l'écran. J'aurais mis plusieurs billets sur ce type si j'avais vu ça à l'époque. Cruise avait déjà joué dans le classique Risky Business trois ans plus tôt, mais dans Top Gun , il atteint vraiment son stade de mutation final en MEGA-STAR INTEMPORELLE. Même s'il y a peu de scènes en vol - et celles qui sont dans le film sont un peu dures à suivre et probablement déconnectées de la réalité - ils arrivent vraiment bien à nous faire comprendre à quel point Maverick est un as. Diablement bon. Maverick, comme son pseudo l'indique [« Maverick » signifie littéralement « non-conformiste »] se créé toujours un tas de problèmes en ne respectant pas les règles imposées et en agissant en totale insouciance, mais il peut bien faire ce qu'il veut, quand il veut, parce que c'est un pilote du feu de Dieu. Top Gun ne s'embarasse jamais de subtitilés. Et sa bande-son le souligne avec une totale flamboyance.

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La musique est essentielle au film. Le scénario, relativement bancal, est régulièrement sauvé par la force et le timing de la sélection musicale. Exemple : au début du film, Maverick et Goose (Anthony Edwards) se comportent globalement comme d'horribles machos, mais quand, plus tard, Maverick déclarera sa flamme à Charlie (Kelly McGillis) dans cette célèbre scène accompagnée du « You’ve Lost that Loving Feeling » des Righteous Brothers, on oubliera tout de ses travers les plus discutables. Et on pardonnera aussi toutes les maladresses de cette scène parce qu'elle met en avant ce que Wikipedia considère comme « une des meilleures chansons jamais composées » et, j'en suis absolument certain, un titre qui était aussil beau en 1964 qu'il le sera en 2064.

Et puis il y a l'autre scène, celle de la partie de volley : pas aussi bien huilée que dans les souvenirs du spectateur lambda, mais un moment de bravoure malgré tout. Très bro-voquant, si vous voyez ce que je veux dire. L'homo-érotisme de cette scène a été raillé un nombre abusé de fois, mais habituellement, la critique met la musique de côté, qui, comme cette scène où un commandant s'écrie qu'il « veut des culs », traduit assez bien le sérieux inhérent aux années 80. La chanson qu'on entend durant ce passage est « Playing with the Boys » (une nouvelle fois signée Kenny Logins) dans laquelle on peut lire cet incroyable passage :

Bodies working overtime, it's man against man
And all that ever matters
Is baby who's ahead in the game
Funny but it's always the same

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Playing, playing with the boys
Staying, playing with the boys
After chasing sunsets
One of life's simple joys
Is playing with the boys

Alors quoi ? Alors rien.

L'intrigue centrale, qui progresse au rythme de la bande-son, est la romance qui naît entre Maverick et Charlie. On ne décèle strictement aucun atôme crochu entre ces deux personnages et il est important de noter que, lors de leur première rencontre, Maverick la suit dans les toilettes des filles. OK, on était en 1986, mais personne ne fait ça, sérieux. Ne suivez jamais une fille dans les toilettes. Evidemment, à la fin *spoil* Maverick et Charlie finissent ensemble, et à chaque fois qu'ils sont l'un à côté de l'autre, une version différente du tube de Berlin, « Take My Breath Away », retentit ! Comment deux personnes peuvent résister aux pulsions mises en branle par ce monument romanticoquin ? Après le 5 ou le 7ème instrumental (je ne sais plus exactement), les deux protagonoistes finissent enfin par faire l'amour, alors que Terri Nunn chante :

Watching every motion in my foolish lover's game
On this endless ocean finally lovers know no shame
Turning and returning to some secret place inside
Watching in slow motion as you turn around and say
Take my breath away
Take my breath away

Bordel, la simple lecture de ces paroles pourrait rendre n'importe qui enceinte.

La B.O. du film est donc bien rôdée, mais une bande originale ne peut pas porter tout un film à elle seule (n'est ce-pas Nicolas Winding Refn ?). Top Gun est aussi et surtout un putain de bon film. Rappelons que c'est un film d'action réalisé à l'ère John Hughes. On y trouve donc une histoire d'amour, un environnement compétitif type école et un élève rival, Iceman (joué par Val Kilmer), qui fait tourner son crayon comme tous les types qu'on détestait au lycée. Parce que ces types ont vu Top Gun et ont décidé qu'Iceman était leur personnage préféré, il ont donc appris à faire tourner leur stylo comme lui, voilà pourquoi ! Quels tocards. Et plus important que tous ces éléments, il y a l'amitié entre Maverick et Goose, qui a depuis franchi les barrières de la pop culture.

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« Tu es la seule famille que j'ai » lance Maverick à Goose, et quand *spoil 2* Goose meurt, le film est encore plus viscréal, violent et déchirant, malgré tout ce que vous pouviez imaginer en 30 ans de rediffusions. J'aimerais rire de cette mort macho, très mort d'homme, une mort qui te fait pleurer de la sauce barbecue et du déodorant Axe, mais j'ai juste chialé parce que je ne m'y attendais pas du tout. Comme si quelqu'un m'avait annoncé la mort de mon chien en me foutant un pain dans la foulée.

« Quand on vole depuis longtemps, des choses comme ça peuvent arriver » annonce le commandant Metcalf, conférant à ce moment solennel un vibe mortifère et résignée assez étrange, évoquant le poids des années et les conneries que chacun fait. Perso, ça m'a rappelé toutes les fois où j'étais trop bourré et où j'ai eu du mal à rentrer chez moi, ou toutes ces fois où je me suis rendu en cours bourré aussi. « C'est le genre de choses qui arrivent quand tu vis depuis longtemps. »

Plus loin, Maverick expose son dilemme au commandant Metcalf : avoir son diplôme et devenir un Top Gun ou bien tout arrêter. Metclaf lui répond en le boostant et termine en évoquant la disparition de son père. Le sentiment de résignation s'est effacé. LES BATTERIES SONT PLEINES. Prêt à faire plein de grosses conneries ! Allez ! C'est notre boulot !

Maverick *spoil 3* obtient évidemment son diplôme et les 20 dernières minutes du film soulignent la rédemption dont il n'avait pas réellement besoin, et nous non plus. C'est un héros, un badass, on le savait. Il a gagné le respect de son ennemi, Iceman, même s'il n'en avait pas besoin. Il prouve que même s'il n'a pas terminé au top de sa classe, il reste le meilleur d'entre tous, et même ça, on le savait de toute façon. La leçon qu'il faut retenir c'est que la vie lui en a fait royalement baver et il n'a pas abandonné, même si personne ne l'aurait montré du doigt s'il avait décidé de jeter l'éponge. Maverick retourne dans les airs. C'est simple et cliché à défaut de funky, mais c'est ce que t'apprend la vie en vieillissant : il faut savoir se relever. Une leçon qui prend encore plus son sens passé 30 ans. On devrait tous avoir la chance de vieillir ausi bien que Top Gun. Yung Costanza est sur Twitter.