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Et c’est à ce moment que le livre prend un tournant assez inattendu, mais nécessaire, qui déplaira clairement aux boutonneux insupportables sapés en Goëland de la tête aux pieds. Les noms changent : de Arthur Brown, on passe à Jay-Z ou Damon Albarn. Soit des mecs qui donnent clairement l’impression d’avoir vendu leur âme au Diable contre la gloire et l’argent. Très justement, Bebergal en profite pour se foutre de la gueule de ceux qui collectionnent les vidéos intitulées « preuve de l’existence des reptiliens » sur leur compte YouTube, et autres membres de forums conspirationnistes qui osent élever la voix pour poser les questions importantes, telles que : « Le camel toe de Madonna cache-t-il des symboles occultes ? ». Mais il retrace aussi l’histoire du synthétiseur Moog, qui changea de manière surréaliste la face de la musique (pour le meilleur et pour le pire).
Même si il laisse un peu de place au rêve quand il décrit (remarquablement bien) ces moments passés à s’assécher les yeux en fixant les pochettes d’albums pour y déceler les références cachées, Peter Bebergal ne cède pas à la tentation de fantasmer cette relation entre la musique et l’occulte, et évoque clairement la récupération inévitable d’une sous-culture entière par les médias et les péquenots de tout acabit, qui la réduisent à des bouffonneries et à des termes vagues du genre « gothique » ou « sataniste ».
Il n’oublie pas non plus son côté intrinsèquement débile : les gourous veulent niquer tout ce qui bouge, les mecs déguisés en Baphomet sur scène doivent aussi aller faire leurs courses au Franprix du coin à un moment ou à un autre. Il rétablit la vérité à propos du talent légèrement surestimé de H.P Lovecraft, que les gens n’assument toujours pas de lire en 2014 – le genre d’affaires qui est à la source du torrent de commentaires qu’on peut lire sous les statuts facebook de Jean-Pierre Dionnet et qui donnent tour à tour envie de ricaner et de cracher par terre.
Ultra documenté (je salue l’effort d’avoir mangé une bibliographie aussi grande que Tony Iommi sur ses bottes compensées), ce livre est un délice absolu. Toujours délivré sur un ton informatif, mais jamais chiant, je parie l’intégralité de mon salaire du mois prochain que c’est un futur classique.
Season of the Witch: How The Occult Saved Rock and Roll (Tarcher/Penguin) sera disponible le 16 Octobre, mais vous pouvez le pré-commander sur Powell’s, Amazon, and Barnes & Noble.
Donnie Ka vient chaque matin au bureau vêtu d’un chasuble de soie noire. Il est sur Twitter – @shjjjtlizard